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À l’extérieur des stades : dan lanbians …ou pa

21 juillet 2019

Selfies, vuvuzelas, danseuses, musiciens…c’était hot !

Relax. Le supporter mauricien l’est. Assis dans le bus qui roule vers Curepipe, avec son t-shirt «Ale Moris», il ne tape pas encore de la ravann. Non, il garde ses forces, pronostique ce premier match pour l’équipe de football locale, le Maurice-Seychelles tant attendu, et tente de ne pas porter soy au Club M. L’embouteillage monstre lui permet de rassembler son matériel (vuvuzela, pour ne citer que cet indispensable instrument), d’enfiler sa veste et son bonnet parce qu’il pleut sur la Ville-lumière. De se préparer à crier, à rant dan lanbians. Malgré le froid, malgré l’attente. Ce jeudi 18 juillet, c’est la fête aux abords du stade George V : la bonne humeur, les dialogues qu’on se lance à tue-tête, la décontraction surtout sont de rigeur. Un feel-good factor, un partage. Des familles, des groupes d’amis, des solitaires, tous souriants. Malgré les indications approximatives des policiers un peu dépassés par les événements (pour se garer, c’est du sport).

 

14h15, une heure avant le début du match. Le brouhaha des conversations fait oublier la pluie et les températures curepipiennes. L’ambiance est chaleureuse. Des danseuses de sega, des joueurs de ravann attirent les regards. Des hurlements de vuvuzela captent les oreilles. Des pinpon des marchands ambulants qui ont fleuré la bonne affaire saupoudrent le tout d’un rien de folklorique. On vend quadricolores, perruques, bandeaux, machins à faire du bruit, poutou, samousa, dipin foure dans un joyeux désordre. Jaga Carpen est venu tôt. Pour s’assurer une place de choix. Lui vend delo koko et jus de canne. Pour étancher les soifs façon kouler lokal pour ces supporters qui ont donné de la voix. À midi, il était là, mais la police ne lui a pas donné la permission de s’installer. Mais quand il a vu les «gros» venir sans problème, il s’est faufilé et a eu un emplacement assez sympathique.

 

Face au stade, il profite de l’ambiance qu’il trouve «mari serye». Participer à sa façon aux JIOI, ce coconut seller y a pensé, un mois avant. Pour l’instant, celui qui habite Glen-Park pense se déplacer uniquement pour les matches de foot. Si ça marche pour lui, il s’organisera mieux, ira plus loin… Amir Soogum, lui, est un peu déçu. Ses poutou, poudinn may et roti n’ont pas trop la cote. «C’est un fiasco», lance-t-il, dépité. Lui qui a l’habitude de traîner son petit baz manze près de la cour de Curepipe ou encore du fitness centre de la ville, s’est rapproché du stade en comprenant qu’il y aurait un match de foot. Retraité, il prépare, avec son épouse, ses manze lokal qu’il vend pour «gagn enn lavi». Si les appétits ne sont pas tout à fait aiguisés, c’est vrai qu’Amir a opté pour un petit coin où il n’est pas forcément visible au premier coup d’œil…

 

Contrairement à Ashraf Bhrantoo ki touzour li pe la. Avec son vuvuzela qu’il fait chanter non-stop (quel souffle !), sa super dégaine, il est difficile de passer à côté de lui. Normalement, explique le marchand ambulant, il bosse à Port-Louis, mais pour les JIOI, il a décidé de bouz-bouze. Pour y arriver, il a fallu s’organiser depuis un mois, faire le plein de goodies et s’assurer d’être visible (parce que la concurrence est rude !). Ashraf, lui, enjoy ce moment. «Mari souper. Defonse net. Aleeeee Moriiiss», lance-t-il entre deux coup de vuvuzela, avant de continuer son périple coloré au milieu de la foule qui ne cesse de grossir.

 

Le lendemain, pour les épreuves de natation, direction Côte-d’Or pour découvrir le nouveau stade super-extra moderne. Là-bas, pas vraiment d’ambiance. Que de courants d’airs qui balaient la structure qui n’est pas totalement achevée. Des policiers et un chien errant un peu famélique à l’accueil. Mais aussi une brouette abandonnée là (tout comme des débris de construction, un peu plus loin). Pas d’Ashraf. Ni de Jaga. Pas d’ambiance colorée mais des coups de sifflets. Et des nageurs un peu excédés. Nous comprenons vite que les lunch boxes de la délégation malgache ne sont pas encore arrivées. Sur les lieux depuis 7h45, en attente des finales, il faut que les sportifs se nourrissent. Mais il y aura du retard. Les nageurs se tiennent chaud, comme ils peuvent, en attendant les prochaines épreuves alors que des distributeurs de Pepsi sont sur le point d’être installés…

 

Le gris du ciel et du bâtiment colore le mood. Pas si relax que ça en fin de compte…

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