Les filles et le foot. C’est un cliché révolu de croire que le sexe faible ne peut s’allier au sport roi. En effet, cette discipline fait le bonheur des filles qui la pratiquent à un haut niveau telle Marie-Joëlle Sadien.
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle a le football dans le sang. Quand on a un père footballeur, c’est normal qu’on s’attache à cette discipline depuis le jeune âge. Harold Sadien jouait pour la Fire Brigade à une époque où nos stades étaient pleins comme un œuf. La petite Marie-Joëlle, accompagnait son père au stade George V pour suivre les matches des Rouge et Noir.
«J’avais alors 5 ans et c’est là que cet amour pour le football est né. Je voulais être comme mon père, capable de jongler avec un ballon, dribler des adversaires et marquer des buts. C’est ainsi que je m’entraînais avec lui les dimanches matins sur le terrain de foot de Cap Malheureux. Lorsqu’il a pris en main l’équipe de l’AS Rivière-du-Rempart, je m’entraînais avec des garçons», se remémore la jeune femme, âgée aujourd’hui de 33 et qui réside en Allemagne.
Les dimanches après-midis, alors que certains vont se prélasser à la plage, la jeune Marie-Joëlle jouait au football avec les garçons du quartier tout près de l’église de Cap Malheureux, son quartier d’origine. C’est au collège que les choses devraient prendre une tournure, plus sérieuse pour elle, mais en… athlétisme.
«J’ai fait partie du premier batch du CNFA et je m’entraînais trois fois par semaine au stade Maryse Justin. Mais cela ne pouvait m’empêcher de jouer au football les dimanches avec les garçons du village. Lorsque j’ai terminé mes études secondaires et j’ai pris de l’emploi, il m’était difficile de continuer à m’entraîner chaque semaine pour l’athlétisme», raconte-t-elle.
De ce fait, Marie-Joëlle Sadien, avec des amis, décidèrent de mettre sur pied une équipe féminine de football dans la région. C’est sous les couleurs de l’AS Rivière-du-Rempart que cette bande de filles évoluait dans des compétitions nationales.
L’aventure mauricienne de la jeune femme pour le football devrait prendre fin en 1999.
Haut niveau
Par choix professionnel, elle met le cap sur l’Allemagne. Un pays où le football est plus vivant et plus structuré tant pour les garçons que pour les filles. Boulot oui pour Marie-Joëlle, mais sans pour autant négliger le ballon. Voilà la petite Mauricienne se lançant dans une carrière de footballeuse au pays du nouveau champion du monde.
C’est ainsi qu’elle joue pendant huit ans au sein du FFC Frankfurt, puis passe trois ans chez le Germania-Pfung-stadt, une saison avec le club de SG Bornheim avant de rejoindre l’Eintracht Frankfurt.
Une expérience qui lui a permis de mesurer le fossé qui sépare le football féminin en Allemagne de celui de Maurice.
«Le foot féminin est beaucoup plus avancé. Ici, il y a un championnat bien défini avec des matches aller et retour. En plus, c’est disputé. Le niveau n’a rien à envier à celui des garçons», souligne-t-elle, tout en précisant que ce n’est pas difficile pour des filles d’embrasser une carrière de footballeuse en Allemagne.
Un pays où elle se plaît beaucoup et où elle a eu le privilège de vivre intensément le sacre de la Mannschaff à la Coupe du monde de football. «Depuis le début du tournoi, c’était la fête dans le pays surtout lorsque l’Allemagne est en action. Il y avait des grands écrans partout pour permettre aux gens de suivre les matches et même les trains étaient équipés de télévision», raconte celle qui évolue principalement en milieu de terrain et des fois en attaque.
Elle ajoute : «On avait aussi la possibilité de suivre les matches dans les stades du pays sur écran géant. L’ambiance était extraordinaire, comme-ci on était réellement présent au stade. L’euphorie a gagné les gens lorsqu’on a battu le Brésil sur ce lourd score de 7-1. La cerise sur le gâteau a été le sacre en finale contre l’Argentine. C’était l’explosion de joie.»
Bref, elle a accompli un petit bout de chemin avec ses amies germaniques.
La Mauricienne n’oublie pas pour autant la sélection nationale. Celle-ci devrait en principe participer aux prochains Jeux des îles de l’océan Indien, prévus en 2015 à l’île de la Réunion. La footballeuse espère bien y apporter son expertise.