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Success story - Karis Teetan : itinéraire d’un serial winner

6 mai 2020

La famille Teetan lors d’une visite à Hong Kong. De g. à dr : Mervyn, le frère cadet et les parents de Karis, Rita et Pravin.

D’élève en échec scolaire à «star jockey» au Hong Kong Jockey Club, voilà le parcours «teetanesque» qu’a réalisé notre Karis national, qui a vu le jour dans la région de Flacq. Le fait d’être recalé aux examens du Certificate Of Primary Education (CPE) aurait été pour certains un obstacle insurmontable mais avec l’aide d’une tutrice, le petit Karis redouble avec succès sa sixième. «To bizin aprann pou bannla pa embet twa», lui avait dit son père Pravin à l’époque pour le convaincre de ne pas négliger le côté académique dans la poursuite de son rêve de devenir jockey, une ambition qu’il nourrit depuis ses 6 ans.

 

Car pour la famille Teetan, il faut dire que les courses de chevaux relèvent d’une véritable passion. Par le biais d’un ami de famille qui possédait un centre privé, Karis approfondit sa connaissance de la race équine. «Tous les week-ends, il prenait son vélo et il s’y rendait. Li ti p fer box ek laba mem li finn aprann mont seval lor laplaz», se souvient encore Pravin Teetan. Connaissant la passion de son fils pour les chevaux, le paternel multiplie les démarches pour que son fils intègre le Club Hippique de Maurice dans les années 2004-2005.

 

«Karis pa p vinn perdi so letan»

 

Or, Karis doit se plier au programme de formation, qui commence avec… les poneys. S’il s’est prêté au jeu au départ, son père sentait que les choses n’évoluaient pas aussi vite qu’il l’aurait souhaité. «Karis pa p vinn perdi so letan isi», avait dit Pravin à la monitrice de Karis à l’époque. D’où la démarche de le laisser faire un essai sur la grande piste du centre Guy Desmarais après les séances d’entraînement pour montrer ce dont Karis était capable. Un an après avoir rejoint la formation des apprentis du Mauritius Turf Club (MTC), la petite histoire veut que les noms de Karis Teetan et Roby Bheekary soient retenus pour intégrer la South African Jockey Academy (SAJA).

 

Cette chance, Karis l’a saisie à deux mains, comme le confirme Thomas Labuschagne, son Riding Master à la SAJA dans l’entretien ci-joint. On retiendra, ainsi, que le premier gagnant que Karis Teetan a piloté en carrière portait le nom (prémonitoire ?) de Step With Style pour le compte de Paul Lafferty en 2007. Quand il troqua Durban pour Cape Town, l’entraîneur Glen Kotzen fut le premier à faire confiance à notre compatriote avant qu’il ne se fasse remarquer par Brett Crawford, avec lequel il connut une bonne dose de succès avec le triomphe de Jackson dans le Cape Derby (G1) notamment.

 

Tenter de se faire une place au soleil sud-africain aurait sans doute séduit bon nombre de cavaliers mauriciens. Mais pas Karis Teetan car le «Mauritian Magician» sentait que la vérité était ailleurs. Quand il apprit que le Hong Kong Jockey Club (HKJC) était à la recherche de nouveaux lightweight jockeys, il ne se fit pas prier pour y envoyer son CV et décrocher le précieux sésame pour monter à Sha Tin et Happy Valley, les mythiques hippodromes de Hong Kong.

 

Top 3 à Hong Kong

 

Et comme un symbole, c’est le bien nommé Amazing Always du yard de David Ferraris qui mit la carrière de Karis Teetan sur orbite lors de sa toute première monte en terre hongkongaise en 2013 ! Qu’on se le dise, notre compatriote n’est pas arrivé là où il est aujourd’hui sans une bonne dose de travail et une discipline de fer, des ingrédients essentiels pour se mesurer à la légende brésilienne qu’est Joao Moreira et l’Australien Zac Purton, le champion 2019.

 

A ce titre, il faut dire que la saison 2019 a été en tout point remarquable pour notre fils du sol, qui a bouclé l’exercice avec 84 victoires pour plus de $110 millions de gains. Parmi les hauts faits du Mauritian Magician l’année dernière, retenons son fameux coup de cinq à Sha Tin en septembre 2019 mais la cerise sur le gâteau demeure bien évidemment le Hong Kong Challenge, remporté au nez et à la barbe des fines cravaches que sont Joao Moreira, Ryan Moore et le fantasque Frankie Dettori.

 

A bientôt 30 ans, Karis Teetan est-il enfin prêt à franchir un nouveau palier ? Son père en est en tout cas convaincu. «Cela fait six ans que Karis est à Hong Kong. Grâce à son talent et son travail, il s’est fait une bonne place là-bas, mais je pense que quelque chose de meilleur l’attend. Est-ce un premier titre de jockey champion à Hong Kong ? Une offre d’emploi à Dubayy ? Seul l’avenir nous le dira. Mais je ne me fais pas de soucis pour Karis. Nous avons toujours cru en lui et nous savons qu’il saura prendre les bonnes décisions comme il l’a toujours fait jusqu’ici.»
 

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