Publicité

Charge provisoire rayée par le DPP après qu’il a été «piégé par la police»

Vimen Sabapati raconte ses 155 jours de détention et réclame Rs 500 millions de dommages

13 octobre 2025

«On m’a humilié, stigmatisé, et ma famille a payé le prix de cette injustice», confie Vimen Sabapati (photo), le regard sombre, en revenant sur les cinq mois qu’il a passés derrière les barreaux. L’habitant de La Caverne, Vacoas, poursuit aujourd’hui l’État et 21 policiers, dont l’ex-commissaire Anil Kumar Dip, pour arrestation arbitraire, détention illégale et manipulation de preuves, réclamant Rs 500 millions de dommages et intérêts.

Tout commence le 3 mai 2023. Alors qu’il attend son chauffeur dans son 4x4 à Port-Louis, il est encerclé par des policiers de l’ex-Special Striking Team (SST). «Aucun mandat, aucun avertissement. Juste eux, et la certitude qu’ils vont me briser», se souvient-il. Le lendemain, il est arrêté pour trafic de drogue et blanchiment d’argent, et transféré au centre de détention d’Alcatraz.

Selon ses dires, les policiers auraient placé de la drogue dans son sac de sport et prélevé son ADN à son insu, utilisant une bouteille d’eau comme outil de manipulation. Durant les 155 jours de détention qui suivent, il vit l’enfer. «L’humiliation publique, les regards accusateurs, les moqueries de mes enfants à l’école. C’est quelque chose que l’on n’oublie jamais», confie-t-il. Libéré sous caution en octobre 2023, il dénonce une médiatisation injuste à son égard, surtout durant les semaines précédant les dernières législatives où, dit-il, l’ancien Premier ministre «inn fer kanpagn zet labou» avant de recevoir une claque magistrale avec un cinglant 60-0.

Mais son combat ne s’est pas arrêté à sa libération. La charge provisoire retenu contre lui a été rayée il y a quelques jours par le Directeur des poursuites publiques, et des preuves accablantes viennent renforcer sa version : le rapport de l’IT Unit de la police sur le téléphone de l’ex-WPC Goomany confirme qu’aucune manipulation de vidéo n’a eu lieu. Et les images des caméras Safe City, sécurisées par l’ADSU, ne montrent jamais la moindre drogue dans son véhicule à la rue La Poudrière.

Vimen Sabapati dénonce aussi des falsifications : «Le PC Salabee a menti dans le Diary Book de l’ex-SST en prétendant que j’avais été informé de mes droits lors de mon arrestation à la rue La Poudrière. Totalement faux. Les vidéos montrent qu’il n’était jamais présent à cet endroit lors de mon interpellation dans mon 4x4. Dans une autre vidéo, je ris dans le bureau de la SST alors qu’on prétend avoir trouvé de la drogue dans mon sac. Et le FSL confirme : aucune empreinte, aucun ADN, rien  !»

L’Independent Police Complaints Commission a reconnu l’existence d’un «prima facie case» contre plusieurs membres de l’ex-SST. Cette instance avait aussi exigé une objection to departure contre les policiers concernés pour trois délits graves : conspiracy, possession dangerous drug et tampering with evidence. Toutefois, souligne l’habitant de La Caverne, «jusqu’à présent, personne n’a été arrêté malgré les preuves».

Aujourd’hui, Vimen Sabapati est plus que jamais déterminé : «Je ne réclame pas seulement justice pour moi, mais pour toutes les victimes d’abus de pouvoir. La vérité doit éclater.» Il y croit : «La foi, c’est faire le premier pas même si on ne voit pas tout l’escalier.» Cette fameuse citation de Martin Luther King montre le véritable sens de la foi, dit-il. Elle nous dit de faire confiance et de prendre des risques, même lorsque nous ne sommes pas sûrs de ce qui nous attend. Sa plainte devant la Cour suprême sera appelée bientôt.

Fin de toutes les poursuites contre Bruneau Laurette

En l’espace de dix jours, Bruneau Laurette a remporté deux victoires judiciaires majeures : toutes les accusations de trafic de drogue et de possession d’armes à feu retenues contre lui ont été rayées. Lors de l’audience du 8 octobre au tribunal de Moka, le bureau du DPP n’a pas objecté au retrait du chef d’accusation lié à une arme et des munitions, après que la défense a prouvé que ces dernières avaient été retrouvées en décembre 2024 dans les locaux de la brigade antidrogue de Rose-Hill, loin du domicile de l’activiste. Bruneau Laurette dénonce, depuis, un complot ourdi contre lui par d’ex-membres de la SST, accusés de «planting». Aujourd’hui soulagé, il réclame que toute la vérité soit faite sur cette affaire.

Publicité