Publicité
2 août 2014 18:52
Pour le meilleur et pour la rime, il a choisi d’être slameur. Damien Edouard est une voix qui fait vivre des mots. Une fois lancé, il les faits sonner, danser, virevolter. Et emporté par le mouvement, il s’exprime, partage son humeur avec style et pertinence, humour et bonheur. Voilà comment il s’est fait connaître.
C’était le 20 octobre 2012, lorsqu’il est devenu le grand gagnant de la compétition nationale de slam. Sous le pseudo L’Amant poétique, son nom de scène, le jeune homme, alors âgé de 19 ans, a ainsi pris son envol, ponctué de mots qu’il ne se lasse pas de faire résonner ou de coucher sur papier. Jamais. Et ses prestations dans de nombreux concours – Île était une fois et KFC So Talented, entre autres – en témoignent.
Deux ans plus tard, Damien continue de jouer avec les mots. Mais c’est installé en France qu’il cultive sa passion. Lorsqu’on lui demande ce qui a changé entre le Damien qu’il était à l’époque et celui qu’il est devenu aujourd’hui, la réponse fuse tout de go : «Le Damien de l’époque avait pris la grosse tête et je n’ai pas honte de l’avouer.» C’est une fois en France, afin de participer à la Coupe du monde de slam, où il a atteint la demi-finale, qu’il a décidé de se remettre en question : «J’ai pris une année après la Coupe du monde et je n’ai pas écrit. Durant ce temps, j’ai acquis une certaine humilité, une simplicité et une maturité qui me manquaient beaucoup à l’époque. Du coup, tout cela se reflète dans mon écriture.»
C’est toute sa vie que Damien construit autour de cette forme d’art qui l’a carrément transformé : «Le slam, je l’ai découvert via Grand corps malade, comme la plupart des gens, et j’en ai appris un peu plus au collège Saint Joseph, où j’étudiais alors et auquel je dois beaucoup.» Depuis, c’est devenu son oxygène, son moteur et bien plus encore : «C’est ma façon de véhiculer des messages. À la base, je faisais des rimes riches, juste pour épater la galerie. Mais depuis, j’ai eu du vécu et les différentes personnes que j’ai côtoyées au fil du temps m’ont permis de m’améliorer dans mon écriture. Je pense surtout à mon mentor Skizofan le Balafré, l’actuel champion de Maurice de slam, qui m’a permis de comprendre que le slam pouvait véhiculer des messages. Du coup, le genre de slam ou de spoken word que je fais, s’apparente plus à du ‘‘slam conscient’’, un peu à la sauce Kery James, Youssoupha ou encore Médine. Je sensibilise à travers mes rimes et je veux que les gens s’identifient à mes mots lorsqu’ils les entendent, et se disent : Il m’a touché le gars”.»
D’aventure en aventure, d’expérience en expérience, Damien n’a eu de cesse de vivre de belles choses. Et même s’il n’a pas gagné la finale de la Coupe du monde, il se dit gagnant sur tous les plans : «C’est à la fois une de mes plus grandes fiertés et une de mes plus grandes déceptions. Je suis heureux d’être le premier Mauricien à être arrivé en demi-finale de cette Coupe du monde et surtout d’être parmi les plus jeunes à avoir atteint ce stade de la compétition. Aujourd’hui, avec du recul, je me dis que je devais passer par cette étape pour être ce que je suis aujourd’hui.»
C’est ainsi que le nouveau Damien explore désormais d’autres horizons : «Je fais des études en psychologie et, en septembre, si tout se passe bien avec le renouvellement de mon titre de séjour, j’entamerai ma deuxième année à l’Université Paris X. En France, j’ai connu des moments extrêmement difficiles, mais je cultive la philosophie suivante : “C’est loin de la zone de confort que la magie opère.’’ Je me dis que ces difficultés ne sont que des étapes à franchir pour devenir un homme meilleur et, qui sait, peut-être réaliser mon rêve de devenir un vrai poète, reconnu de tous.»
Créolitude
Il ne cache pas néanmoins souffrir d’un manque de Maurice : «C’est dur, je craque car mon île me manque plus que tout, surtout ma famille et mes potes. Je suis actuellement à la recherche d’un job à temps partiel et j’espère trouver cela au plus vite, histoire d’alléger les dépenses de ma famille.»
En ce moment, Damien s’accroche à son nouveau projet : Créolitude. Et depuis quelques jours, il se raconte sur YouTube : «Le texte Créolitude a été écrit, à la base, pour un concours auquel je devais participer. Il parle vraiment de ma fierté d’être créole. Par créole, je ne veux pas dire créole en tant que caste à Maurice. C’est vraiment quelque chose d’identitaire. Et je voulais faire savoir à cette France qui m’accueille que je suis issu de cette identité. Le texte est donc de moi et l’arrangement musical a été fait par Olivier Modo Dabs, mon cousin, qui m’a donné un bon son, comme je les aime. On l’a enregistré et la vidéo audio a été montée et mise en ligne par Thierry Duval.»
La suite se raconte en nombre de vues, ce qui est pour lui une source d’encouragement : «L’accueil du public m’a vraiment surpris car je ne m’attendais vraiment pas à ce que ça tourne autant… Enfin, ce n’est que 800 vues…» N’empêche, pour lui, encore une fois, c’est une nouvelle page qu’il a écrite et dans laquelle son slam se dévoile pour le meilleur et pour la rime !
Publicité
Publicité
Publicité