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9 juin 2014 15:22
Trois années se sont écoulées depuis que nous l’avons rencontrée pour la première fois. Et elle n’a pas du tout changé. Comme ce fut le cas lors de notre première rencontre, Uma Sooben-Arnauld n’a qu’un prénom en bouche : Roy. Depuis sa naissance il y a 11 ans, ce petit bonhomme, né au sixième mois de sa grossesse, est le centre de sa vie. Handicapé doté de la santé mentale d’un enfant de 2 ans, ce petit être est devenu sa seule raison de vivre. C’est autour de lui qu’elle a décidé d’organiser toute sa vie.
Si trois ans de cela, Uma racontait son rêve d’ouvrir un centre de thérapie pour des enfants qui ont la même réalité que son fils, si à l’époque, elle montait son spectacle Joy pour recueillir des fonds pour la concrétisation de son projet, aujourd’hui elle savoure, dit-elle, le bonheur de voir le centre Joie de Vivre Universelle progresser jour après jour. Et cela, confie-t-elle, malgré les contraintes financières.
Mercredi, lorsque nous avons rencontré Uma à l’avenue Hirondelle, à Sodnac, Quatre-Bornes, force était de constater qu’elle est toujours la même, constamment au four et au moulin, à courir à droite et à gauche, à donner des directives ici et là, entre deux coups de téléphone. Car, après son centre de thérapie pour les autrement capables, pour ces enfants qui, comme son «bébé», vivent avec un retard considérable et ont besoin d’une attention, de soins et d’une éducation particulière, la jeune femme s’est lancée dans un autre projet : ouvrir une école et mettre toutes les chances du côté de ces enfants pour qu’ils apprennent à être autonomes et qu’ils puissent se débrouiller seuls en toutes circonstances.
«C’est pour moi la suite logique de mon centre qui se trouve à Beau-Bassin. Si la première institution propose une approche plus médicale avec la contribution de professionnels comme des ergothérapeutes (qui utilisent une méthode de rééducation et de réadaptation sociale par l’activité physique) ou des psychologues, entre autres, avec des suivis individuels, l’école se changera d’encadrer ces petits pour qu’ils puissent apprendre à se débrouiller ; à beurrer une tartine, à aller aux toilettes ou encore à se brosser les dents.»
Son moteur dans la vie, sa force, sa source d’inspiration, comme elle le dit si bien, c’est Roy, celui qui, au fil des années, est devenu en quelque sorte son cobaye et qui, à force de progrès, lui donne raison pour le combat dans lequel elle s’est engagée : «J’ai toujours refusé de le laisser tomber. Je lui ai donné la vie, maintenant je vais tout faire pour lui permettre de grandir, d’évoluer.» En voyant chaque petit pas accompli par son fils, Uma est galvanisée et trouve toujours du courage pour déplacer des montagnes.
Ces deux centres sont ainsi, dit-elle, sa «petite contribution» pour tendre une main aux enfants qui souffrent d’un handicap moteur, mais aussi afin d’être au chevet de leurs parents qui, trop souvent, explique-t-elle, ne savent pas quel chemin emprunter, à quelle porte frapper pour avoir du soutien. «Je suis passée par là et je sais très bien comment cela se passe quand on ne sait pas comment faire, où aller, pour que notre enfant différent puisse bénéficier d’un encadrement adéquat», confie une Uma qui dédie aujourd’hui toute sa vie à cette cause.
Même si elle avoue passer sa vie à courir pour mener à bien ses projets – aller à la recherche de sponsors, solliciter des fonds CSR et autres sources de financement –, Uma sait qu’elle a la chance d’être entourée d’un personnel dévoué. Au fil du temps, les membres sont devenus des amis et ont même formé une seule et grande famille : «Ces enfants ont, certes, eu un mauvais départ dans la vie étant nés différents. Mais il n’y a aucune raison qui nous empêche de tout faire pour leur permettre de se développer. Grâce aux thérapeutes à Beau-Bassin, une douzaine d’enfants (des autistes, trisomiques et des petits qui souffrent de troubles de comportements) sont suivis, reçoivent des soins et progressent.»
Avec sa Medico-educational special needs school, inaugurée jeudi dernier, Uma espère, grâce à ses auxiliaires, apporter un plus à ces enfants : «Nous avons établi un programme de niveau un et de niveau deux où, comme dans une école, nous apprenons à nos élèves à identifier des mots, à communiquer, à se socialiser, à s’adonner à des exercices qui reprennent des scènes de la vie de tous les jours. Nous leur donnons même des cours en informatique, entre autres.»
Dans son établissement, les équipements et autres aménagements lui permettent d’accueillir et d’accompagner les élèves dans un environnement sain, dans un lieu sécurisé où tout est fait pour que les enfants se sentent bien.
Et ce n’est pas Roy qui dira le contraire… Lui, une source d’inspiration au quotidien pour celle qui, dans tout ce qu’elle fait, écoute son cœur de maman !
Pour ses deux institutions, elle a le soutien de plusieurs partenaires notamment de la part des élèves de l’association des étudiants Aiesec et de son staff.
Lors de l’inauguration de l’école.
Et la Medico-educational special needs school fut ! C’est jeudi dernier, à l’avenue Hirondelle, à Sodnac, Quatre-Bornes, qu’Uma Sooben Arnauld a lancé son deuxième projet, après son centre de thérapie à Beau-Bassin, inauguré il y a trois ans. C’est en présence de Mireille Martin, ministre de l’Égalité des Genres, du Développement de l’Enfant et du Bien-être de la Famille, de Nita Deerpalsing, députée travailliste, de Danen Beemadoo, maire de Quatre-Bornes, et de Robert Pallamy, vice-président du National Productivity & Competitiveness Council, entre autres personnalités, qu’a eu lieu l’événement.
C’est à tous ses enfants, ses élèves, ses petits protégés qu’Uma a dédié cette cérémonie empreinte d’émotion et durant laquelle elle n’a pu retenir ses larmes en racontant tout le chemin qu’elle a parcouru pour réaliser ce rêve. «C’est grâce à tous mes sponsors, à ces gens de bonne volonté, que tout cela se concrétise», a-t-elle déclaré. Les parents des enfants sont aussi très satisfaits de ce projet. «Depuis que notre fils Zayn a rejoint l’école, nous voyons qu’il se développe très vite, et tous les après-midi, il rentre avec un sourire», déclare Zohra Ellyebaccus qui, avec son époux Reaz, soutient Uma à 100 %.
Zohra et Reaz Ellyebaccus et leur fils Zayn, des parents qui sont redevables envers Uma et son école.
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