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Décès de l’infatigable ex-secrétaire financier - Ashok et Shyam, les frères de Dev Manraj : «Son dernier souhait est que son parcours exceptionnel soit un exemple pour la jeune génération...»

24 juin 2024

Ashok et Shyam Manraj décrivent leur frère comme un homme exemplaire et inspirant.

Il laisse définitivement son empreinte dans le secteur des finances de Maurice. Dev Manraj, l’ancien secrétaire financier qui compte une longue et riche carrière dans la fonction publique, a servi sous plusieurs gouvernements du pays, a été un professionnel hors pair à plusieurs niveaux et a, récemment, apporté son expertise à l’élaboration du Budget 2024-2025. D’ailleurs, il était présent dans l’hémicycle pour la lecture dudit Budget le vendredi 7 juin. Il est décédé ce lundi 17 juin à l’âge de 75 ans.

 

Durant la semaine écoulée, de nombreuses personnalités du monde politique, du secteur privé et de la sphère sociale, lui ont rendu un vibrant hommage, notamment lors de ses funérailles le mercredi 19 juin. Tous saluent la mémoire d’un grand compatriote qui avait le sens du travail. Si beaucoup ont souligné, ces derniers jours, le beau parcours professionnel de l’homme des finances, ses proches parlent également d’un homme droit, très discipliné et qui aimait beaucoup la famille. Ses frères, les docteurs Ashok et Shyam Manraj, racontent ainsi un homme exemplaire et inspirant.

 

«Dev laisse derrière lui son épouse Renu, son fils Yashin, qui vit aux États-Unis et travaille dans le domaine informatique, et sa fille Sharona, qui travaille dans le secteur bancaire», nous confient Ashok et Shyam, en nous parlant de leur frère qui s’est éteint des suites d’une maladie : «À la maison, on l'appelait Tito, surnom donné par notre père en hommage au maréchal Tito, dans les années 50. Il est issu d'une famille nombreuse de neuf enfants – cinq sœurs et quatre frères – et occupait le septième rang. Il a fait ses études secondaires au collège du St-Joseph et avait comme camarades, le vice-président de la République, Eddy Boissézon, ainsi que l’ancien chef juge, Bernard Sik Yuen. Il avait été fortement imprégné des valeurs des frères irlandais qui dirigeaient le collège à cette époque», poursuivent les deux frères en revenant sur des moments douloureux, comme la perte de leurs parents et d'un membre de leur fratrie, qui ont marqué Dev Manraj. «Ayant perdu ses deux parents, ainsi que son frère aîné à un jeune âge, il fut amené à remplir le rôle de patriarche de la famille, notamment lors des événements familiaux. Ainsi, à ce titre, il réunissait toute la famille chaque 2 janvier pour célébrer le Nouvel An chez lui, à Vacoas. Les membres de la famille gardent un excellent souvenir de ces moments de partage et de joie. Dev avait un profond respect pour ses parents décédés. Il se recueillait chaque matin devant leur photographie, avant de se rendre au travail. Nous pensons que c’est de là qu’il a puisé toute sa force et son énergie.»

 

Dans son entourage, beaucoup considéraient Dev Manraj comme un modèle. «Il croyait beaucoup à l'éducation des filles et à l'émancipation des femmes. Sous ses conseils, ses nièces ont poursuivi de brillantes études et occupent aujourd’hui des postes de haute responsabilité», poursuit Ashok en nous révélant quelques passe-temps de son défunt frère : «Dev adorait la musique, en particulier les vieilles chansons indiennes. Il était aussi un fervent fan de Manchester Utd et a eu le plaisir de voir son équipe remporter la FA Cup le mois dernier contre Man City.»

 

Dev Manraj laisse ainsi beaucoup de souvenirs et de nombreux enseignements à ses proches comme le soulignent Ashok et Shyam : «Son dernier souhait est que son parcours exceptionnel soit un exemple pour la jeune génération de professionnels, dans les secteurs émergents de l'économie, notamment dans le domaine de la bio-technologie et de l’intelligence artificielle...»

 


 

À la mémoire d'un grand professionnel

 

Les hommages et les témoignages pleuvent depuis l’annonce du décès de Dev Manraj. Ceux qui l’ont côtoyé pendant plusieurs années, tout comme ses plus proches collaborateurs, disent avoir été marqué par sa personnalité. Shanmuga Allagapen, conseiller du ministre des Infrastructures nationales  Bobby Hureeram, se dit chanceux d’avoir connu l’ex-secrétaire financier. «J’ai fait la connaissance de Dev Manraj à mes débuts dans la presse il y a une dizaine d’année. C’était lors d’une fonction aux affaires étrangères. Le secrétaire financier était là, assis à côté d’un gringalet comme moi, et on parlait de tout sauf du travail. C’est comme cela qu’on est devenu ami. Depuis, on s’échangeait des WhatsApp sans arrêt. Moi, bien sûr, je cherchais des informations et lui, il les détenait toutes, mais bien évidemment, ce n’était pas facile de lui tirer les vers du nez. Si j’y arrivais, c’était un scoop, et pour moi, jeune journaliste, son soutien a été déterminant dans ma carrière», confie Shanmuga Allagapen qui considérait Dev Manraj comme une source d’inspiration.

 

«C’était une personne très intelligente et j’ai beaucoup appris de lui sur la machinerie gouvernementale et la gestion d’un pays. Quand il y avait un problème d’intérêt national, tel qu’un conflit industriel où les discussions piétinaient, en guise de blague, je lui disais que ça allait lui tomber dessus. Et la plupart du temps, j’avais raison ! Je lui avais dit que si un jour, quelqu’un écrivait un livre sur lui, le titre serait The Statesman. Manraj, c’était celui qui trouvait les solutions là où tout le monde avait échoué. Peu importe l’imbroglio, quand Manraj se pointait à cette réunion, tout le monde dans la salle savait qu’on allait en sortir avec une solution. C’était notre Henry Kissinger à nous», souligne Shanmuga Allagapen.

 

Les politiques ont aussi salué la mémoire de celui qui a travaillé avec tous les gouvernements pendant sa carrière. «C’est un monument qui nous a quittés. Il a grandement contribué à l’économie du pays depuis 1974. Il était un fin intellectuel, avec une vision économique moderne. Il croyait en l’innovation», a souligné le Premier ministre Pravind Jugnauth sur sa page Facebook. «Nous perdons un grand homme d’État, grand par sa stature et par son action. Il a donné sa vie à la République», a témoigné, pour sa part, le ministre des Finances Renganaden Padayachy. Le leader de l’opposition Arvin Boolell n’a pas manqué, lui non plus, de rendre hommage à l’ex-secrétaire financier : «C’était un homme remarquable et bienveillant, reconnu pour ses actions concrètes et son engagement sans faille.»

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