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Il risque l’amputation après un accident dans l’exercice de ses fonctions : l’émouvant appel à l’aide du policier Yudhishteer Bhujun

Le père du policier a pris une retraite anticipée quelque temps après son accident pour pouvoir prendre soin de lui.

Sportif dans l’âme, Yudhishteer Bhujun avait rejoint la force policière il y a 12 ans, un domaine lui permettant aussi bien de vivre sa passion que de servir la nation. Un malheureux accident dans l’exercice de ses fonctions en février 2023 a, cependant, fait basculer sa vie tant sur le plan professionnel que personnel. Sans compter qu’une opération en Inde sous l’Overseas Treatment Scheme a entraîné une dégradation de son état de santé. Incapable de se déplacer sans béquilles depuis, tandis que son infection continue de se propager, il prévoit un traitement non sans risque en France pour lui donner une nouvelle chance dans la vie. Pour cela, il a besoin de fonds et lance un appel aux Mauriciens pour l’aider dans sa démarche. Il nous raconte son calvaire. 

Certains médecins lui avaient fait comprendre qu’il n’y avait plus rien à faire pour lui sauver la jambe droite. D’autres pensaient qu’il n’en avait plus pour très longtemps puisque les traitements agressifs censés prévenir la propagation de son infection le consumaient à petit feu. C’est grâce au soutien inconditionnel des membres de sa famille et à la détermination d’un médecin du privé que Yudhishteer Bhujun continue de s’accrocher à l’espoir d’aller mieux un jour malgré les épreuves. C’est le 27 février 2023, au cours d’une opération antidrogue périlleuse, que la vie de ce policier âgé de 33 ans a basculé. Grièvement  blessé à  la jambe, il s’est envolé pour l’Inde pour une bone grafting sous l’Overseas Treatment Scheme en avril 2023, mais il a contracté une infection pendant l’intervention. Celle-ci n’a fait qu’aggraver son état de santé déjà fragile, le clouant même au lit pendant plusieurs mois. Jusqu’ici, il a subi 11 interventions chirurgicales ayant coûté à sa famille pas moins de Rs 1,6 million, mais il n’est toujours pas tiré d’affaire. Après des consultations avec plusieurs établissements de santé à l’étranger, seule une institution en France a su lui redonner du courage. «Tous ont jugé mon cas beaucoup trop complexe. Cet établissement a été le seul à vouloir prendre mon cas comme un challenge», explique-t-il. Ce jeudi 12 décembre, Yudhishteer Bhujun est censé prendre l’avion pour se rendre en France. Ce qui le préoccupe aujourd’hui, c’est qu’il ne sait pas s’il sera en mesure de récolter les fonds nécessaires pour ses traitements, qui s’élèvent à près de Rs 6 millions. Il lance un émouvant appel à l’aide aux Mauriciens pour l’aider dans sa démarche. Ceux souhaitant le soutenir peuvent le contacter sur le 5759 2886.

 

Un autre tournant

 

Avant ce grave accident de travail, Yudhishteer Bhujun avait une vie on ne peut plus normale et des projets plein la tête. Douze ans plus tôt, après ses études, il avait intégré la force policière, réalisant ainsi le rêve de son père. «Il a toujours souhaité que j’intègre les forces de l’ordre. Kan monn koumans travay, mwa ousi monn santi mwa bien dan sa milie-la. Monn santi ki sete enn domenn kot mo pou kapav amenn boukou sanzman. Monn kontan pou travay pou mo pei.» Sportif dans l’âme, il se réjouissait de pouvoir allier passion et gagne-pain, tout en servant la nation. En l’espace de quelques années, il a fait le tour des unités spécialisées de la force jusqu’à ce qu’il intègre la brigade antidrogue. «Cela m’a permis de voir qu’il y avait énormément de jeunes pris au piège par ce fléau. Cela me faisait plaisir de pouvoir apporter mon aide et ma contribution en tant que serviteur du peuple.» C’est, cependant, au cours de l’une de ses opérations que sa vie a pris un autre tournant. Victime d’un accident de moto au cours d’une intervention policière, survenue seulement trois mois après son mariage, il collectionne les déboires depuis.

 

Après plusieurs semaines d’hospitalisation, le policier s’est envolé pour l’Inde pour une délicate intervention chirurgicale sous l’Overseas Treatment Scheme. Puisqu’il avait subi une fracture lui ayant fait perdre environ neuf centimètres d’os, il devait avoir recours à un bone grafting. Il est rentré dans l’île un mois après son opération, même si les douleurs étaient toujours très intenses. Quelques jours à peine après avoir posé ses valises, il a dû se rendre à l’hôpital à nouveau à cause de douleurs persistantes. «Mes plaies s’étaient rouvertes et saignaient. J’ai su que j’avais contracté une infection après mon opération et j’ai été hospitalisé pendant deux mois de plus», relate Yudhisteer Bhujun. Traité avec des antibiotiques très puissants, il a vu son état de santé se détériorer jour après jour. Il a perdu du poids, a perdu ses cheveux tandis que l’infection continuait de se propager. Selon lui, le personnel n’a pas suivi le protocole prévu pour traiter ce genre de cas. «Mon état nécessitait toujours beaucoup d’attention lorsque les médecins m’ont renvoyé à la maison», dit-il. Qui plus est, «ils avaient demandé à mon père à signer le formulaire de Discharge Against Medical Advice sans même lui dire de quel document il s’agissait». S’il a fini par opter pour des soins dans le privé, c’est parce que «zour monn kit lopital, mo papa inn demann mo dokter ki pou ariv mwa, si mo pou rest dan sa leta-la toultan. Le médecin lui a répondu que mes blessures ne guériraient pas, qu’il n’avait pas d’autres alternatives. Se la ki mo fami finn desid pou konsilte bann lezot dokter».

 

À la clinique, les médecins lui ont fait part que son état de santé était critique. «L’un d’eux pensait même que je ne survivrais que quelques jours de plus vu que l’infection s’était propagée, sans compter que les antibiotiques m’avaient beaucoup affaibli.» Il a, fort heureusement, pu compter sur leur détermination à le guérir. Après quatre délicates interventions chirurgicales, ils ont été en mesure de contenir temporairement  l’infection ; des soins qui se sont élevés à Rs 1,6 million. C’est ainsi qu’il a pu recommencer à se déplacer, bien que contraint d’utiliser des béquilles, après avoir passé plusieurs mois alité. Malheureusement, au bout d’un certain temps, l’infection a recommencé à se propager, ne lui laissant pas d’autre choix que de se tourner vers d’autres établissements de santé à l’étranger. «Sept pays ont refusé de me traiter, jugeant ma condition trop complexe, mais la France a fini par accepter de relever ce défi. Ils ne m’ont pas donné la garantie de pouvoir sauver ma jambe. Une amputation n’est pas non plus à écarter. Mais ces médecins m’ont assuré que je pourrai marcher à nouveau sans aide, quitte à ce que ce soit avec une prothèse bionique. Mon plus grand souhait est de retrouver mon indépendance, de pouvoir recommencer à travailler, de réaliser les projets sur lesquels j’ai dû faire une croix après mon accident», relate le trentenaire, plein d’espoir. Il espère pouvoir compter sur le public pour l’aider à réaliser ce rêve précieux.

 

Ce qui lui a permis de tenir bon jusqu’ici, c’est d’avoir pu compter sur le soutien inconditionnel de sa famille et de ses amis dans les moments difficiles ; des épreuves qu’il a traversées non sans mal. Il relate avec émotion les sacrifices qu’a dû faire son père, Ved, après son accident. «Il s’est retrouvé dans l’obligation de prendre une retraite anticipée pour s’occuper de moi. Lorsque j’étais cloué au lit, c’est lui qui me tenait compagnie, me donnait à manger, me donnait le bain et qui me conduit encore à mes rendez-vous chez le médecin.» D’une voix brisée par l’émotion, son père raconte : «Nou finn fer tou seki nou kapav pou ed li. Mwa, mo madam ek mo lot garson pe kontign soutenir li. Se gras a bondie ki li ankor la zordi. Mem kan lopital inn dir ki pa pou kapav tret li, nou pa finn bess lebra.» Pour ne rien arranger à la situation du jeune homme, il y a trois mois, il a arrêté de percevoir son salaire de policier. «J’ai des dettes à payer, mais je me suis retrouvé dans l’obligation de vivre aux dépens de ma mère et de mon frère, qui sont les seuls à travailler. Étant l’aîné de ma famille, j’ai toujours pensé pouvoir être un pilier pour mes proches. Je ne m’étais jamais imaginé me retrouver dans une situation pareille. J’étais pourtant quelqu’un de débrouillard, avec beaucoup de responsabilités. J’étais membre de plusieurs clubs sportifs ; je faisais de la moto, de la natation et j’étais passionné d’automobile», lâche le trentenaire avec regret. Sans compter qu’il est actuellement en instance de divorce, sa condition ayant également eu des répercussions sur sa vie personnelle. Croulant déjà sous les dettes à quelques jours de son départ pour son traitement en France, il a dû vendre ses biens pour pouvoir financer une partie de ses soins, à l’instar de la maison qu’il avait fait construire et dans laquelle il n’a jamais pu emménager. Comme lui, son père, Ved, espère de tout cœur voir son état de santé s’améliorer. «Nou zis anvi trouv li gagn so guerizon. Mo garson ti toultan aktif. Mo anvi li retrouv so lotonomi, ki li retrouv so lavi normal kouma avan.»

 

Aide financière

 

À quelques jours de son départ pour l’étranger, il s’est tourné vers les médias pour l’aider à obtenir une aide financière de l’État. Ce jeudi 5 décembre, après son intervention dans l’émission Explik ou Ka, sur Radio Plus, une rencontre a été organisée dès le lendemain avec des préposés du ministère de la Santé. Yudhishteer Bhujun explique : «On m’a proposé de financer mon traitement si j’ai recours à mon intervention en Inde, avec lequel Maurice a déjà un accord, mais j’ai été obligé de refuser vu que c’est cette première opération dans ce pays qui a entraîné une dégradation de mon état de santé. Mes rapports médicaux démontrent que j’ai contracté cette grave infection seulement quatre jours après mon intervention dans leur hôpital et je ne veux pas courir ce risque à nouveau.» Une autre rencontre avec le ministère est prévue ce mardi 10 décembre, soit seulement deux jours avant son départ. «Je suis toujours dans le flou. Je ne sais pas si, et encore moins dans quelle mesure, le gouvernement m’apportera son aide. C’est la raison pour laquelle je sollicite l’aide de la population.» Par ailleurs, il est aussi prévu qu’il rencontre incessamment le commissaire de police afin de trouver une solution pour qu’il puisse, à nouveau, toucher son salaire de policier, mais aussi pour savoir s’il pourra recevoir une aide financière quelconque vu qu’il s’est retrouvé dans cette condition à la suite d’un accident dans l’exercice de ses fonctions.

 

Bien qu’il ne sache pas encore ce que lui réserve l’avenir, Yudhishteer Bhujun souhaite remercier tous les membres de la population qui continuent de lui apporter leur aide, aussi bien financière que morale. Il souhaite exprimer sa gratitude envers sa famille, ses collègues de la force policière et ses médecins, sans oublier le député Kaviraj Sukon, qui l’a soutenu dans sa bataille avant même d’être élu. Conscient du handicap qui l’accompagnera toute sa vie même s’il a recours à cette opération, le trentenaire dit espérer retrouver suffisamment de force physique un jour pour continuer à vivre sa passion pour le sport. «Je veux démontrer aux autres que rien n’est impossible.»