Publicité

Marche à Rose-Hill contre les accidents de la route

Familles de victimes, travailleurs sociaux et citoyens unis pour rendre hommage, dénoncer et réclamer justice

23 novembre 2025

📷 Stephanie Domingue

Sous un soleil de plomb, c’est avec le même objectif et une détermination inébranlable qu’ils ont marché ce samedi 22 novembre. Ils ne s’étaient pas seulement réunis pour pleurer les morts, mais aussi pour s’assurer qu’aucun autre nom ne s’ajoute à la liste macabre des victimes de la route. Eux, ce sont des citoyens excédés, des travailleurs sociaux déterminés à faire changer les choses, mais surtout des familles endeuillées qui réclament d’une seule et unique voix que nos lois durcissent.

Tous ont transformé leur douleur privée en une revendication publique puissante. Munis de pancartes et de banderoles, jeunes et moins jeunes ont répondu à l’invitation lancée par le Mouvement pour la Sécurité et la Justice Routière – un mouvement constitué notamment des proches de quatre victimes d’accidents de la route, à savoir Kelyan Alfred (3 ans), Laeticia Ramkalawon (25 ans), Amrita Luchmun (69 ans) et Muzzamil Hossenbocus (30 ans). Le rendez-vous était donné à 10h30, dans l’enceinte du Plaza, à Rose-Hill. Elles étaient plusieurs centaines de personnes à s’être déplacées, décidées à faire pression sur le gouvernement pour que les lois sur la sécurité routière soient enfin à la hauteur du drame qu’elles sont censées prévenir. Sur les pancartes, les slogans percutaient : «To droge, to sou, to kondir, to touye ! Involonter ?», «Inosan ki viktim, bann iresponsab lor volan», «Zordi nou fami, dime pou twa. Ase indiferans lor ladrog ek road safety», ou encore «Lalwa tro mou! Bizin dirsisman!». Dans les mains des marcheurs, qui ont convergé jusqu’à la Place Margéot, des cadres photos – des portraits souriants de ceux partis trop tôt – ont transformé la rue en une galerie d’absences.

D’une voix rauque mais unie, les manifestants ont scandé : «Lalwa bizin pli dir !», «Baron ladrog nou pale !» et «Sofer sou, droge ek ki roul san lisans nou pale !» ; des cris de colère, qui, espèrent-ils, auront un impact déterminant.

Aux alentours de la mi-journée, la marche s’est achevée à la gare de Rose-Hill, où les porte-paroles du mouvement ont pris la parole. «Azordi, nou pa finn get kominote, landrwa, nou pa finn get ris ou pov. Nou finn zwenn, nou'nn marse pou nou solider avek bann fami ki prezan (…) Pli gro problem dan nou pei se ladrog. Li pe ronz nou sosiete. Nou, bann travayer social, nou viv sa toulezour. Nou al dormi avek nouvel enn nouvo zenes pe droge dan nou pei. Sintetik partou. Domaz kolateral ladrog, nou pe trouv li parmi nou zordi parski nou sistem inn fel. Si nou pa pou reget nou sistem lao ziska anba, nou pou bizin revinn lor koltar, refer lamars, pou ki bann dimounn dan sa popilason-la gagn zot lazistis», a déclaré le travailleur social Ishfaq Caunhye.

Il a lancé un appel au Premier ministre, lui demandant de venir à la rencontre de toutes ces familles endeuillées. «Tann zot soufrans. Gete ki ou kapav fer pou soulaz zot.» Il s’est adressé à la ministre de l’Égalité des Genres et du Bien-être de la Famille pour réclamer une aide psychologique pour les proches de toutes ces personnes arrachées à la vie tragiquement. Du ministre de la Sécurité Sociale, il espère «une initiative pour réparer les cellules familiales. Sa madam-la (NdlR. l’épouse de Muzammil Hossenbocus) pena misie zordi. Kisana asir lavenir so zenfan ?». Il espère que le gouvernement «fer so devwar kouma bizin. Ou bizin kapav vinn avek enn inisiativ pou soulaz tou bann dimounn ki'nn perdi enn manb zot fami dan bann sirkonstans trazik». Il a également eu une pensée spéciale pour les victimes Alina Steiner – la ressortissante allemande décédée dans le même accident qui a coûté la vie à Laeticia Ramkalawon – et Feroz Mowlabocus, qui a succombé à ses blessures ce jeudi 20 novembre, soit 15 jours après avoir été fauché par un conducteur sous l’influence de la drogue, en même temps que le petit Kelyan Alfred.

Parmi la foule, une proche de Muzammil Hossenbocus, a partagé son combat : «Tan ki pa pou ena lazistis dan sa bann case-la, tan ki pou ena lamor trazik par bann baron ladrog, bann kriminel, zot pou tann nou.» Sachinatand, le frère d’Amrita Lutchmun, qui a été renversée mortellement par un conducteur déjà fiché pour un délit similaire, s’insurge : «Lotorite finn fane ! Sa sofer-la ti deza lor kosion pou enn lot aksidan fatal, kouma linn regagn kosion ankor ?» Sa présence à la marche était pour «reklam lazistis pou mo ser». Idem pour la mère du petit Kelyan qui souhaite «bann lalwa pli sever pou ki lezot fami pa pas par mem zafer ki nou». Comme eux, bon nombre de familles endeuillées, ayant perdu un proche dans des circonstances similaires, avaient fait le déplacement pour demander que justice soit faite.

Étaient également présents bon nombre de politiciens et de personnalités venus soutenir la cause, à l’instar de Deven Nagalingum et Sydney Pierre, députés de la circonscription no19, Annabelle Savabaddy, Ehsan Juman, Farhad Aumeer, Patrick Belcourt, les activistes Bruneau Laurette, Percy Yip Tong et Raouf Khodabaccus, parmi tant d’autres.

«Hit and run» fatal à Camp-Levieux : le suspect reconduit en cellule policière après une reconstitution des faits

Nigel Décidé, 19 ans, a participé à une reconstitution des faits à Camp-Levieux cette semaine sous forte escorte policière. Il est le conducteur impliqué dans l’accident qui a coûté la vie à Muzzamil Hossenbocus, 30 ans, le 7 novembre dernier. Celui-ci circulait à moto lorsqu’il a été percuté par une voiture de location conduite par le jeune homme, qui ne détient pas de permis et se trouvait sous l’influence de la drogue à ce moment-là, à en croire le drug test auquel il a été soumis. Le jeune conducteur et son passager avaient pris la fuite après l’accident, abandonnant la victime grièvement blessée sur place.

La reconstitution, initialement prévue la semaine dernière, avait été annulée en raison de la forte présence des proches du défunt sur place, exprimant leur détresse et leur colère. L'exercice a finalement pu se tenir au début de la semaine écoulée dans un climat strictement contrôlé. Parallèlement, dans la matinée du lundi 17 novembre, Nigel Décidé a été escorté au tribunal de Rose-Hill, toujours sous surveillance renforcée impliquant plusieurs unités de la Western Division. Plusieurs accusations provisoires ont été logées contre lui, en plus de celle d’homicide involontaire, soit culpable omission, driving under the influence of drugs et driving without a valid driving licence.

L’enquêteur principal a précisé qu’une première charge d’homicide involontaire avait déjà été logée le 10 novembre, pour laquelle l’accusé avait obtenu la liberté conditionnelle après avoir fourni deux cautions totalisant Rs 400 000, avec l’obligation de se présenter quotidiennement au poste de Rivière-Noire. Les trois autres charges sont considérées comme indépendantes des conditions initiales de la mise en liberté. Après sa comparution en cour, le jeune homme a été reconduit en cellule policière. Il reste en détention jusqu’au 24 novembre 2025, date de sa prochaine comparution.

Publicité