Publicité
Par Michaëlla Seblin
21 septembre 2025 03:55
Ni l’un, ni l’autre ! Après Sanspeur, c’est Sithanen qui sera contraint de démissionner de son fauteuil de Gouverneur de la Banque de Maurice sur ordre de Ramgoolam ! Face aux querelles internes, aux allégations et règlements de comptes, le Premier ministre a tranché, demandant à son «ami» de «step down». En agissant fermement dès son retour de l’Inde, le chef du gouvernement envoie un signal clair : la stabilité d’une institution aussi sérieuse que la Banque de Maurice ne sera pas sacrifiée sur l’autel des égos des uns et des autres.
Au-delà de ces départs forcés, cette crise, qui n’a que trop duré, met en lumière une arrogance persistante de ceux se frottant au pouvoir. Est-ce que les conversations qui ont circulé à la vitesse grand V (Adam, Boolell), et dont la troisième voix a été attribuée au fils de Sithanen (qui nie), ont également influencé le Premier ministre dans sa prise de décision ?
Est-ce que cette guerre entre anciens alliés qui brisent aujourd’hui leur amitié conjoncturelle après avoir, d’un côté, profité du copinage politique afin d’obtenir certaines faveurs et, de l’autre, qui ont fait leur le slogan «gouvernma (aster) dan nou lame» pour proférer des menaces, contribue aujourd’hui à la fin prématurée de Sithanen à la tête de la Banque de Maurice ?
Cet épisode n’est pas sans rappeler la diffusion des «Moustass Leaks» – à quelques jours des dernières législatives – ou des propos choquants illustraient de manière concrète l’arrogance du pouvoir de ceux qui se croyaient propriétaires du pays et au-dessus de tout. C’est à cette même suffisance montant à la tête de certains dès qu’ils fréquentent les allées du pouvoir que ces nouvelles bandes sonores nous renvoient. Sithanen aura beau dire qu’il n’avait pas encore été nommé quand ces conversations ont eu lieu, sa bonne foi (même s'il n'est pas responsable des propos d'autrui) n’empêche pas le doute dans l’opinion publique.
C’est dans cette même logique d’arrogance qu’est survenue l’interpellation condamnable d’un journaliste (Narain Jasodanand), surpris de voir débarquer une armée de policiers à son domicile, avant d’être traîné aux Casernes centrales et de voir son ordinateur être saisi. Après les réactions de l’Attorney General, qui avait qualifié cette affaire de «très grave», et celle de Bérenger, qui avait demandé un rapport du commissaire de police, c’est le Premier ministre qui montre sa détermination à agir : «Nou pa kapav sanz rezim pou gagn mem sistem, nou pou pran aksion kot bizin pran…»
Si l’Alliance du Changement ne veut pas commettre les mêmes erreurs que le précédent gouvernement, il devrait instituer une plateforme où le citoyen serait informé de décisions ou d’éventuelles sanctions qui doivent être prises envers des policiers qui utilisent toujours des méthodes contestables. Combien de plaintes pour abus ont sombré dans l’oubli sous l’ancien régime ? Combien de transferts ont eu lieu uniquement pour la galerie ? Le public a le droit de savoir si la police a fait preuve d’excès de zèle – dans le cas de l’interpellation du journaliste Jasodanand – parce que la plainte viendrait du fils du Gouverneur de la Banque de Maurice !
Alors que certains tentent d’intimider les travailleurs des médias, la récente décision de la Cour suprême – annulant l’obligation faite au journaliste Axcel Chenney de remettre à la police les données contenues dans ses téléphones et sa clé USB saisis – prend tout son sens. Elle réaffirme la garantie des droits constitutionnels des détenteurs de la carte de presse, protège les outils des journalistes et rappelle aux forces de l’ordre qu’elles ne sont pas au-dessus des lois.
D’où l’importance de punitions envers ceux qui déshonorent leur fonction. Sinon quelle différence y aurait-il entre ce gouvernement et le précédent ? L’arrogance, elle, cherche son chemin au-delà des alternances et finit toujours par précipiter des chutes !
Publicité
Publicité
Publicité