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8 novembre 2025 17:27
Des événements ont mis en avant notre zoli lalang ces derniers temps. Mais au-delà de la passion et de l’engagement des uns et des autres pour que le Kreol Morisien soit reconnu à sa juste valeur, notamment à travers l’éducation et la transmission de la graphie officielle, il y a aussi des craintes qui s’expriment…
Ces dernières semaines, on a beaucoup entendu parler de notre belle langue. Celle qui unit toutes les composantes de notre nation arc-en-ciel et dont nous sommes si fiers. Bien sûr, tous les Mauriciens koz Kreol, mais pas beaucoup maîtrisent sa lecture et encore moins son écriture selon la graphie officielle en vigueur depuis quelque temps maintenant. Notre langue a son propre dictionnaire, ses propres règles et a fait son entrée au primaire, au secondaire (bientôt, espérons-le, au niveau du HSC) et à l’Université de Maurice à l’université à travers le module Creole Studies (avec carrément un cours BA Creole Studies qui sera lancé à la prochaine rentrée), mais aussi le Kour Lir ek Ekrir Kreol Morisien, destiné aux adultes de tous bords qui souhaitent maîtriser ces aspects de la langue.
Et cette année, ce cours mené par des chargés de cours passionnés et passionnant, avec un volet technique et une autre sur l’histoire et la construction du Kreol Morisien (KM), de l’ère coloniale à ce jour, en était à son quatrième batch, avec plus d’une cinquantaine de participants d’ici et d’ailleurs (dont des Mauriciens de la diaspora et même une Française mariée à un Mauricien). Des participants qui ont reçu leur.s certificat.s – pour les Kour Fondasion, Gran Piblik, Media ek Kominikasion, Administrasion – le 25 octobre lors d’une jolie cérémonie à l’Université de Maurice.
Par contre, bien que rencontrant beaucoup de succès et faisant bien des heureux, une crainte persiste quant à l’avenir de ce cours proposé grâce à une collaboration entre quatre institutions : l’Université de Maurice, la Creole Speaking Union (CSU), l’Akademi Kreol Repiblik Moris (AKRM) et le Mauritius Institute of Education (MIE). Lors de son discours, le Professeur Arnaud Carpooran, doyen de la faculté de Sciences sociales de l’Université de Maurice et président de la Creole Speaking Union, a bien fait ressortir cette inquiétude : «Le board de l’université de Maurice n’a pas été reconstitué, mais l’université continue de fonctionner. Le board de l’AKRM non plus, et là, c’est pire. Sans board, celle-ci est dans le flou. On ne sait pas si elle existe encore.»
Et si elle n’existe plus, les cours de KM risquent d’être compromis, voire même de ne plus exister. D’où l’urgence, dit-il, de constituer ce board afin que les cours puissent se poursuivre, et toujours au prix de Rs 3 000 par module comme c’est le cas actuellement, car une bonne partie des frais universitaires est sponsorisée par l’AKRM. «Sinon ces frais vont doubler, voire tripler, et nous ne sommes pas sûrs d’avoir autant d’étudiants et que les cours pourront continuer», a déclaré le Prof Carpooran. Donc, l’appel est lancé aux autorités.
Des craintes et un appel urgent d’autant plus pertinents que trois jours plus tard, soit le 28 octobre, était observée la Journée internationale de la langue et de la culture créoles. Une journée célébrée à Maurice lors d’un événement à la municipalité de Beau-Bassin–Rose-Hill, le 29 octobre, organisé par la Creole Speaking Union, la mairie, l’Université de Maurice et l’Institut Cardinal Jean Margéot.
La célébration du Kreol Morisien était à l’honneur à travers la littérature, la musique, le théâtre, le lancement du second Rapor Lortograf Kreol Repiblik Moris, les institutions et militants pour l’avancement et la reconnaissance de notre langue, dont ces étudiants de l’Université qui suivent les cours de KM presque clandestinement tout en oeuvrant farouchement en sa faveur...
Il était, évidemment, aussi question des défis qui guettent l'avenir du lir ek ekrir KM. Mais il était surtout question de la passion et de l’engagement des jeunes et moins jeunes attachés à notre culture créole, à notre langue et à sa transmission. Leur objectif : que tout un peuple puisse, un jour, s’unir non seulement autour du Kreol Morisien parlé mais également autour du lir ek ekrir korekteman nou zoli lalang nasional.
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