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Suite au décès d’un garçonnet de 6 ans

Les parents en conflit ouvert à coups de plaintes et d’accusations mutuelles

22 septembre 2025

C’est la guerre entre eux depuis la mort de leur enfant. Depuis environ deux semaines, Khatijah et Shaad, dont le fils de 6 ans est décédé le 6 septembre dernier, se sont engagés dans une série d’accusations et de plaintes réciproques. Une situation ayant engendré des tensions au sein de leur famille respective. En l’espace de quelques jours, mari et femme ont consigné pas moins de cinq plaintes dans divers postes de police, notamment pour soupçons de meurtre, séquestration, agression et violence domestique. La tragédie a pris une tournure inattendue, avec les deux familles s’accusant aussi mutuellement sur les réseaux sociaux ; une situation qui ne fait qu’ajouter à leur douleur. Ils s’expliquent.

C’est le 1er septembre dernier que le petit Israfil, âgé de 6 ans, est brusquement tombé malade. Son père Shaad relate qu’il était environ 6h45 lorsque sa fille de 8 ans est venue le retrouver dans la chambre à coucher, l’air paniquée, et lui a lancé : «Papa papa, vinn gete kinn ariv Israfil.» Le petit garçon était alors en compagnie de sa mère dans une autre pièce de la maison. Il se tenait debout et semblait être en état de choc : il avait les yeux grands ouverts, ne réagissait pas, et souffrait d’une soudaine montée de fièvre. Conduit à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, par ses parents, il y a été admis. Les heures suivantes, l’état de santé du petit garçon a semblé s’améliorer, mais le lendemain, il a, à nouveau, été pris de crises similaires et a fini par sombrer dans le coma. Il est resté sous respiration artificielle pendant plusieurs jours avant de pousser son dernier soupir le 6 septembre.

Les parents s’étant opposés à une autopsie – une décision motivée par leurs croyances –, le médecin légiste de la police, le Dr Maxwell Monvoisin, a attribué la cause probable du décès du garçonnet à une encéphalite virale. Cependant, trois jours après les rites funéraires, Shaad dit avoir visionné les images des caméras de surveillance se trouvant chez lui, que lui avait remises son frère, où on peut entendre sa fille hurler à sa mère : «Kifer tonn bat li koumsa mama ? Monn dir twa pa bat li !». Des événements survenus un peu avant que le petit Israfil ne soit conduit à l’hôpital. Depuis, il a des doutes sur les circonstances de sa mort et a consigné une déposition au poste de police de Plaine-Magnien pour soupçons de meurtre. Il estime que des coups infligés à l’enfant par sa mère pourraient être la cause de son décès. La séquence a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, Khatijah, la mère du petit garçon, nie toutes les accusations portées contre elle. Selon elle, son époux aurait agi par vengeance parce qu’elle a pris la décision de quitter le toit conjugal. «Quelques jours après le décès de mon fils, mes cousins m’ont ajoutée dans un groupe WhatsApp pour discuter avec moi, me remonter le moral. Lorsque Shaad l’a appris, il est entré dans une colère noire et m’a rouée de coups alors que j’étais enceinte de deux mois et demi. Mon corps ne l’a pas supporté ; j’ai fait une fausse couche. J’ai perdu deux enfants en l’espace de seulement quelques jours.»

C’est ce qui l’aurait amenée à mettre un terme à leur relation. «Ce n’était pas la première fois qu’il levait la main sur moi. Pendant une dizaine d’années, je lui ai toujours pardonné ses accès de colère. Cette fois, le vase a débordé. Je n’ai pas accepté qu’il s’en prenne à moi alors que j’étais déjà au plus mal après la perte de notre fils. Cela m’a fait réaliser que rien ne le ferait changer.» Elle a quitté le toit conjugal le même jour et a séjourné chez un proche de son époux avec sa fille pendant deux jours. Le vendredi 12 septembre, elle a alerté les autorités. Elle a porté plainte pour violence domestique et réclamé une assistance policière pour récupérer ses affaires chez son compagnon. «C’est durant cette même période qu’il a commencé à m’accuser du meurtre de notre enfant», dit-elle.

Violence domestique

Et les ennuis ne se sont pas arrêtés là. Lorsque Shaad a été informé par la police de l’intention de son épouse de venir récupérer ses effets personnels, sa présence sur les lieux a été exigée. Il relate : «J’étais à Rivière-des-Anguilles pour le travail lorsque la police m’a appelé pour me demander de rentrer à la maison. J’étais arrivée à hauteur du rond-point de Savannah lorsqu’un véhicule m’a barré la route. Il y avait quatre personnes à bord, tous des proches de Khatijah. Ils m’ont obligé à monter dans leur voiture et m’ont roué de coups jusqu’à ce que nous arrivions chez moi à Plaine-Magnien.» Une cinquantaine de personnes l’attendaient sur les lieux, avance-t-il. «L’un d’eux était armé d’un sabre et a voulu m’agresser. J’ai pu le lui arracher des mains. J’ai utilisé l’arme pour endommager leurs véhicules afin de les contraindre à se disperser. Bannla finn rod tap mwa pou obliz mwa remet zot mo DVR.»

Des faits que son épouse dément entièrement. «Mes proches l’ont bel et bien retrouvé à Savannah en voiture, mais c’est parce qu’ils avaient appris qu’il avait des pensées suicidaires et voulaient discuter avec lui. Ils l’ont sorti de sa voiture simplement pour lui éviter de prendre le volant car il n’avait pas les idées claires et l’ont ramené chez lui. Kan li’nn ariv kot li, li’nn koumans vinn violan. Li’nn pran sab li’nn kraz zot transpor. Comment peut-il prétendre qu’ils l’ont kidnappé puisqu’ils l’ont ramené chez lui ?» Lorsque la police est arrivée sur place, Shaad a été appréhendé pour violence domestique et a passé la nuit en détention. Après sa comparution devant le tribunal, le lendemain, il a été libéré et a, à son tour, porté plainte pour agression préméditée ; une déposition ayant entraîné l’arrestation des proches de sa femme.

Malgré la série de plaintes enregistrées jusqu’ici, Shaad avance que sa priorité est encore et toujours de faire la lumière sur les circonstances du décès de son fils. «Mo demann lapolis fer enn lanket lor la, ki li fer enn lotopsi pou ki mo kone kouma mo zanfan finn mor. Ma fille l’a vu se faire agresser. Elle est l’unique témoin dans cette affaire, et pourtant, elle est actuellement avec mon épouse. Si zot pa pran aksion pou tir li avek so mama, li pou rod mont so latet», insiste-t-il. Il lance ainsi un appel aux autorités pour qu’elles la prennent sous leur responsabilité le temps pour elles de résoudre cette affaire. Quant à Khatijah, elle se dit également ouverte à l’idée que la police ait recours à une autopsie. «Je veux simplement qu’elle tire cette affaire au clair une fois pour toute. Dès qu’elle aura conclu que je n’ai rien à voir avec la mort de mon enfant, je porterai plainte contre mon époux pour diffamation.»

Questionnée sur les propos tenus par sa fille dans ladite vidéo, elle s’explique: «J’habillais mon fils pour l’école au moment où il été pris de convulsions. Zame mo ti trouv mo zanfan koumsa avan. Mo’nn panike, mo’nn bizin donn li de-trwa kalot lor so lazou pou fer li reazir me mo tifi pa’nn konpran kifer mo ti pe fer sa. À l’hôpital, mon fils a été soumis à plusieurs examens médicaux. Les médecins nous ont expliqué à plusieurs reprises qu’il avait contracté un virus ayant provoqué une inflammation du cerveau. La police m’aurait déjà arrêtée si des traces de coups avaient été décelées ou si elle me soupçonnait de quoi que ce soit.»

En attendant que cette histoire connaisse un dénouement, elle a aussi porté plainte pour Breach of ICTA contre sa belle-sœur, qui ne cesse, dit-elle, de partager des images et vidéos d’elle et de ses proches, accompagnées d’injures, sur les réseaux sociaux. L’enquête suit son cours.

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