Publicité

Hugo Bienvenu : La nouvelle vie d’un lauréat

9 mars 2015

Le jeune homme étudie le droit à La Sorbonne.

L’image est encore fraîche dans les mémoires. Celle d’un jeune homme porté en triomphe par tout un collège. Son nom aussi vous est sans doute familier. L’année dernière, Hugo Bienvenu a beaucoup fait parler de lui. Au moment de l’annonce des lauréats, le pays a découvert ce jeune homme qui a créé l’exploit. Grâce à lui, le collège Sainte-Marie est entré dans l’histoire en devenant le premier établissement privé et payant à avoir un lauréat aux examens du Higher School Certificate depuis l’avènement de l’éducation gratuite. Depuis, le jeune homme s’est envolé vers d’autres cieux.

 

Même pêche, même fougue, Hugo, 19 ans, n’a pas changé d’un poil, si ce n’est qu’il est maintenant plus indépendant. «Je suis en pleine forme et je suis toujours aussi enthousiaste», confie-t-il. C’est petit à petit qu’il se construit, avec les yeux rivés sur son avenir : «Déjà plus de six mois maintenant que je vis à Paris ! Je suis très vite tombé amoureux de cette ville qui a, quoi qu’on puisse en dire, un cachet unique, une âme, une histoire millénaire. C’est le berceau d’une culture passionnante ! Il y a un brouhaha et une agitation permanente auxquels on prend très vite goût !»

 

Et c’est comment lorsqu’un lauréat débarque dans un pays étranger pour poursuivre ses études ? «Ah ! Il est bien loin maintenant le statut de lauréat et les hautes considérations. Ici, retour à l’anonymat», précise Hugo. Avant de poursuivre : «Un élève parmi les autres, perdu dans la masse, aucun privilège! Je me suis vite rendu compte de la grande difficulté à se distinguer ici, face aux autres 1 500 étudiants en première année d’études juridiques à la prestigieuse Sorbonne.»

 

Comme tous ceux qui, comme lui, ont choisi d’aller étudier ailleurs, il lui a fallu un peu de temps avant de se faire aux changements : «En tant qu’étudiant mauricien, j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation pour intérioriser le système éducatif français, diamétralement opposé au système anglo-saxon. Ici, sont valorisées la culture générale, la capacité de réflexion et la faculté de mise en application des connaissances. Un système rude, difficile, mais au final tellement ludique et enrichissant.»

 

«Seul…»

 

Lui, a choisi de poursuivre son chemin dans le droit, un domaine qui l’a toujours intéressé : «Ces études de droit français me permettent d’acquérir la formation complète que je suis venu chercher en métropole. En six mois, tout a changé dans ma vie. C’est sûr que les premiers mois n’ont guère été faciles. Pour la première fois, je me suis retrouvé seul à affronter le monde, seul dans mon petit appart parisien.» Dans ces moments, sa petite île lui manque forcément. Mais comme pour tous les étudiants, cette expérience lui permet de se découvrir davantage : «Ce sont des expériences qui forgent un caractère et qui apprennent la débrouillardise. J’ai appris à mieux me connaître moi-même et à comprendre ce que j’attendais de ma vie et ce que je voulais en faire.»

 

Sa nouvelle vie lui apporte aussi beaucoup de belles choses et d’expériences marquantes : «Tant de belles rencontres ont été faites ici et tant de belles amitiés ont été formées.» Dans son pays d’adoption, Hugo découvre aussi une nouvelle façon de vivre : «À bas les stéréotypes qui décrivent les Parisiens comme arrogants et antipathiques. Ce n’est pas l’expérience que je vis dans cette ville cosmopolite et tolérante où cohabitent toutes les formes de diversité. J’ai aussi été, en début d’année, au cœur du climat tendu après les attentats de Charlie Hebdo. Le 11 janvier, j’ai laissé mon empreinte à la plus grande manifestation en France depuis la libération de Paris en 1944, en marchant pour dire non à l’obscurantisme et l’extrémisme religieux ! J’ai, depuis mon arrivée, beaucoup pris en assurance et je peux dire que le Hugo de l’an dernier n’est plus tout à fait le même.»

 

Il reste toutefois très concerné par tout ce qui se passe à Maurice : «Être loin de Maurice, mon pays, m’a permis de me rendre compte à quel point j’aime cette île. C’est bien en France que ma fierté d’être mauricien est la plus grande. Maurice, certes, n’est pas parfaite, mais je sais maintenant qu’on ne se sent mieux que chez soi. Maurice est mon seul chez-moi ! Bien que je sache que mon retour définitif sur l’île ne se fera pas de sitôt, mon attachement à ma terre mère est bien trop fort pour l’abandonner.» Hugo sait déjà qu’il retournera au pays coûte que coûte : «En tant qu’élève juriste, je peux désormais mesurer qu’il subsiste à Maurice tellement de dossiers, notamment sur les grandes questions sociétales, qui mériteraient un important travail de fond. Bien que je ne sache pas encore ce que me réserve l’avenir, je sais que je trouverai le moyen, d’une façon ou d’une autre, de servir mon pays dans la mesure des modestes compétences que j’aurai acquises. Ce qui me manque le plus de Maurice ? Ma famille ! Mais aussi, je l’avoue, nos spécialités culinaires locales qui n’ont aucun équivalent, même dans la capitale gastronomique du monde.»

 

Ce sont autant de petites choses qui manquent à sa nouvelle vie…

Publicité