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Irfaan Daureeawoo : plaidoyer pour la prévention contre le cancer colorectal

«L’OMS estime que l’incidence des cancers pourrait augmenter liée au mode de vie et au vieillissement de la population», explique le Dr Irfaan Daureeawoo, médecin consultant, formé en gériatrie, expert en maladie de Parkinson et en ostéoporose au East and North Hertfordshire NHS Trust en Angleterre.

Mars bleu... ou tout un mois dédié à la prévention et au dépistage du cancer. Durant le mois écoulé, le cancer colorectal était mis en lumière. L’opération vise à sensibiliser les populations et les professionnels de santé à l’importance du dépistage. Notre compatriote, le Dr Irfaan Daureeawoo, médecin consultant formé en gériatrie, expert en maladie de Parkinson et en ostéoporose au East and North Hertfordshire NHS Trust en Angleterre, nous parle de ce sujet très important.

Un constat : «Le cancer colorectal est le troisième type de cancer le plus répandu et comprend environ 10 % des cas de cancer dans le monde. C’est la deuxième cause de mortalité liée à cette maladie. Le risque de cancer colorectal s’accroît avec l’âge et touche davantage les personnes de 50 ans et plus. Il débute généralement par des polypes qui se forment à l’intérieur du côlon. Les polypes ne sont généralement pas cancéreux, mais certains peuvent se transformer en cancer au fil du temps. Les polypes sont majoritairement asymptomatiques. Donc, les recommandations ont été formulées pour des dépistages réguliers afin de rechercher, détecter et éliminer ces polypes pour prévenir le cancer du côlon.»

 

Des observations : «L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’en 2020, plus de 1,9 million de nouveaux cas de cancer colorectal ont été recensés ainsi que plus de 930 000 décès. L’incidence et le taux de mortalité de ce type de cancer varient grandement d’un pays à l’autre. L’incidence la plus élevée est notée en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande, et le taux de décès le plus élevé est en Europe orientale. L’OMS estime qu’en 2040, le nombre de cas de cancers colorectaux par an atteindra les 3,2 millions et les décès, environ 1,6 million. L’incidence a baissé dans les pays à revenu élevé, principalement grâce à des programmes mis en place pour des dépistages efficaces. Malgré le dépistage, le pronostic est basé sur le stade de la maladie au moment où le diagnostic est posé. Le pourcentage de survie est plus élevé au stade précoce qu’au stade plus avancé. Ainsi, l’ OMS met l’emphase sur l’application de stratégies de prévention pour  réduire sensiblement l’incidence et l’impact du cancer colorectal. Ces préventions primaires consistent à encourager un mode de vie sain, à éviter les facteurs de risque et à favoriser la détection précoce avec le dépistage.»

 

Les symptômes : «Au stade précoce, le cancer colorectal est souvent asymptomatique. Cependant, avec l’avancée de la maladie, on note des modifications altérant le transit intestinal, une alternance entre la diarrhée et la constipation ou une diminution du diamètre des selles. Dans un grand nombre de cas, les patients notent la présence de sang dans leurs selles, un saignement rectal qui est décrit comme un saignement rouge vif ou foncé. Les crampes ou douleurs abdominales ou ballonnements persistants sont d’autres symptômes liés à la maladie. Dans plusieurs types de cancers, dont le cancer colorectal, une perte de poids inexpliquée, soudaine et non recherchée peut indiquer cette maladie. Souvent, les patients décrivent une fatigue et une diminution d’énergie même après un repos. La fatigue et la pâleur liées à une anémie à cause d’un saignement chronique est un autre symptôme qui doit déclencher des suspicions.»

 

Les facteurs de risque : «Il y a l’âge : la plupart des cas détectés surviennent après 50 ans ; le risque de cancer colorectal s’accroît avec l’âge. Les antécédents familiaux sont aussi à considérer car le risque augmente avec la présence d’antécédents familiaux de cancer colorectal ou de certaines affections génétiques comme le syndrome de Lynch et la polypose adénomateuse familiale. Les antécédents personnels sont aussi considérés. Le risque est plus fort pour les personnes qui ont souffert d’un cancer colorectal ou de quelques types de polypes.  Il y a aussi les causes liées au mode de vie : une alimentation riche en viandes transformées et un manque en fruits et légumes, les styles de vie sédentaires, l’obésité, le tabagisme et un excès d’alcool sont les facteurs qui augmentent le risque. Les maladies inflammatoires de l’intestin, par exemple la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn, sont aussi des facteurs. Le diabète augmente également le risque de cancer du côlon, tout comme la radiothérapie pour un cancer précédent.»

 

Le dépistage : «Le dépistage du cancer colorectal est recommandé par les autorités de santé de plusieurs pays. Des études ont conclu que le dépistage peut réduire à la fois l’incidence et le taux de mortalité grâce à la détection précoce et à l’élimination des tumeurs précancéreuses. Le test utilisé est un test immunologique fécal (TIF).  C’est une technique efficace et rapide qui détecte la présence de sang dans les selles. Certains polypes ou cancers provoquent des saignements souvent très minimes, microscopiques, qui ne sont pas visibles à l’œil nu.»

 

La gériatrie et le cancer colorectal : «Avec la montée de la longévité et de l’espérance de vie de la population, il y a le risque d’une augmentation du nombre de cancers et de maladies chroniques. Une des cliniques où j’exerce fait le dépistage, formule un bilan et formule un plan de traitement pour les patients. La notion de la fragilité et le score de fragilité sont essentiels pour les patients âgés.

 

À la première visite, un examen gériatrique standardisé est effectué et, compte-tenu du souhait du patient, un plan est établi. Un test immunologique fécal positif (sang microscopique dans la selle) chez un patient qui a un état fonctionnel robuste permet alors de proposer une coloscopie ou d’autres imagerie. Le traitement du cancer du côlon est avant tout chirurgical mais la décision se complique pour les patients ayant un score de fragilité élevé. Par exemple, un patient de 80 ans, qui est moins mobile et qui dépend d’aides considérables, n’est pas nécessairement physiologiquement robuste pour une colonoscopie ou même une intervention chirurgicale. La discussion s’oriente alors vers des imageries non invasives, par exemple un CT Scan et un traitement symptomatique ou palliatif. L’agressivité de l’examen et des traitements dépend de l’état physiologique et fonctionnel et de l’autonomie d’un patient. Et la dignité de l’être reste au centre de toute manœuvre et décision thérapeutique.»

 

Le contexte mauricien : «L’ impact économique des cancers est considérable.C'est un fardeau pour tous les systèmes de santé et leurs budgets sont massivement impactés. L’OMS estime que l’incidence des cancers pourrait augmenter liée au mode de vie et au vieillissement de la population. De ce fait, plusieurs paus ont établi les lignes directrices et les plans d’action pour aborder les sensibilisations et les détections précoces. Pour Maurice, selon le National Cancer Registry Annual Report de 2022, le nombre de nouveaux cas de cancer détectés a augmenté de 11,7 %, avec une ascension de 17,0 % chez les hommes et de 7,9 % chez les femmes. Les données soumises par ce rapport sont : 3 201 nouveaux cas de cancer enregistrés, dont 1 387 chez les hommes et 1 814 chez les femmes. Selon le rapport, chez les hommes, il y a eu 261 nouveaux cas de cancer de la prostate, 193 cancers colorectaux et 101 cancers du poumon. Chez les femmes, 617 cancers du sein et 157 cancers colorectaux ont été diagnostiqués.

 

Se basant sur ce rapport, 60,6% des cancers ont été détectés chez des personnes de 60 ans et plus, dont 69,4% chez les hommes et 54,0% chez les femmes. L’étude de mortalité liée au cancer en 2022 fait état de 1 577 morts au total chez les deux sexes. Le cancer colorectal, en se basant sur le National Cancer Registry Annual Report 2022, était la principale cause de décès chez les hommes avec 110 cas et la deuxième cause chez les femmes avec 96 cas. »

 

Prévention : «La prévention primaire peut diminuer environ 30 à 40 % des cancers, principalement par des campagnes agressives sur la promotion de la santé, l’importance d’un mode de vie sain et des programmes de sensibilisation sur les facteurs de risque. Il faut aussi alerter sur les facteurs de risque tels que le tabagisme, l’excès d’alcool, une mauvaise alimentation, la sédentarité, l’obésité, une exposition excessive au soleil, l’exposition aux cancérogènes au travail, la pollution et les infections par les virus et les bactéries, etc. La prévention secondaire se focalise sur les programmes de dépistage de la population, ciblant certains cancers comme le cancer du col de l’utérus et le cancer colorectal.»

 

Les références du doc

https://bitly.ws/3gPi7
https://bitly.ws/3gPie
https://bitly.ws/3gPhM