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Accidents fatals : Trois jeunes vies arrachées, des rêves brisés

C’est une semaine particulièrement triste sur nos routes. Ces derniers jours, trois jeunes ont succombé suite à des accidents de la circulation. Adriano Victorien, 13 ans, Mahir Heerooa, 14 ans, et Grégory Fanchette, 22 ans, avaient toute la vie devant eux pour réaliser leurs rêves et leurs projets. Mais le destin en a décidé autrement. Leurs proches, effondrés, témoignent.

La moto où il se trouvait a dérapé : les beaux rêves brisés d’Adriano Victorien, 13 ans

 

Dario est anéanti par la disparition tragique de son unique fils.

 

 Il avait déjà une idée très claire de ce qu’il voulait faire plus tard comme métier. Adriano Victorien, 13 ans, aspirait en effet à faire carrière dans la mécanique, un secteur qui l’intéressait très fortement depuis qu’il était gamin. Et le jeune habitant de Hollyrood no 2, à Vacoas, traçait son chemin avec ce désir en tête. Motivés par tant d’entrain et d’enthousiasme, ses parents l’encourageaient à réaliser son rêve de gosse : devenir mécanicien.

 

L’adolescent avait bien évidemment plein de rêves et de projets pour sa vie future et ses parents en avaient également des tonnes pour lui. Comme tous les parents, ils le voyaient vivre une longue et belle vie, remplie de réalisations familiales, éducatives, professionnelles et autres. Malheureusement, tous les espoirs qu’ils avaient placés en lui se sont effondrés lorsqu’il a trouvé la mort dans un accident en début de semaine.

 

Le drame est survenu aux alentours de 2 heures, le lundi 5 août, sur la route St-Joseph, à Terre-Rouge. Lorsque la police est arrivée sur les lieux, elle a découvert une moto écrasée contre un mur en béton. À quelques mètres gisaient Adriano, tué sur le coup, et un jeune de 23 ans, qui portait de graves blessures. Ce dernier a été hospitalisé et sera interrogé lorsqu’il ira mieux.

 

D’après l’enquête policière, les images des caméras de surveillance du coin ont démontré que c’est l’adolescent qui pilotait la moto au moment du drame : une hypothèse à laquelle ses proches refusent de croire. «Il n’avait jamais piloté une moto de sa vie auparavant et n’aurait jamais pris de tels risques», affirme son père Dario. L’enquête policière suit son cours pour faire la lumière sur cet accident.

 

La douloureuse nouvelle, Dario Victorien l’a apprise aux alentours de 4 heures, alors qu’il s’apprêtait à se rendre au travail. «Je m’étais levé tôt ce matin-là et là, j’ai surpris mon épouse au téléphone qui parlait d’un accident.» À ce moment-là, tout s’est bousculé dans sa tête. «Je l’ai questionnée, je voulais en savoir plus mais elle avait déjà raccroché.» Au téléphone, c’était le beau-frère d’Adriano qui, dans un premier temps, nous a annoncé qu’il avait été admis à l’hôpital parce qu’il était grièvement blessé. Mais plus tard, il a dû leur avouer la douloureuse vérité.

 

Depuis, toute la famille est plongée dans un désespoir total. Perdre une si jeune personne dans des circonstances aussi tragiques est plus qu’ils ne peuvent supporter. Les proches d’Adriano, qu’ils appelaient affectueusement Nano, se demandent sans arrêt pourquoi ce drame est arrivé. Cela faisait déjà plusieurs jours que l’adolescent, en vacances scolaires, séjournait chez sa sœur aînée et son beau-frère à Saint-Joseph, Terre-Rouge. «Il devait rentrer à la maison la veille. Mais pour des raisons que nous ignorons, il a insisté pour passer plus de temps chez sa sœur et nous avions accepté», relate Dario, complètement abattu depuis la disparition soudaine de son fils chéri.

 

Cadet d’une fratrie de huit enfants, Adriano faisait le bonheur et la fierté de son entourage tant il était un enfant exemplaire. «Il était notre rayon de soleil. Il passait le plus clair de son temps à chanter, danser ou faire des plaisanteries. Il s’entendait bien avec tout le monde et obéissait toujours», confie l’une de ses sœurs, les yeux larmoyants. Il était en Grade 9 au collège St-Helena, qui se trouve à quelques mètres de son domicile et faisait de son mieux pour réussir sur le plan éducatif.

 

Cette école, ses parents ne l’avaient pas choisie au hasard. Protecteurs, ils avaient fait de leur mieux pour que leur enfant reste loin des mauvaises influences. «Avec tout ce qui se passe aujourd’hui chez les jeunes, nous avions fait en sorte pour qu’il soit admis dans un collège de la localité afin qu’il puisse rentrer directement à la maison après ses heures de classe», explique Dario. Mais la tragique fin qu’il a connue le lundi 5 août était, hélas, hors de leur contrôle.

 

Elodie Dalloo

 


 

 

Mahir Heerooa, 14 ans, fauché mortellement par un camion : Douloureux adieu à un adolescent à l’avenir tout tracé

 

 

Il rêvait de faire carrière dans l’ingénierie mécanique.

 

Le mot «échec» n’a jamais fait partie de son vocabulaire. Pour cause, depuis son plus jeune âge, Mahir Heerooa carburait à la persévérance. Brillant aussi bien sur le plan académique que sportif, il faisait la fierté de ses parents qui avaient d’ailleurs déjà planifié son avenir au millimètre près.   Malheureusement, tous les espoirs qu’ils avaient placés en lui se sont effondrés, le mardi
6 août, lorsqu’il a trouvé la mort dans un accident sur la route principale d’Helvétia. Il traversait la route en rentrant de la gym vers 14h45, quand il a été fauché par un camion. Il a été conduit à l’hôpital de Moka mais a rendu l’âme sur place, succombant à des cranio-cerebral injuries.

 

Un drame qui jette la famille de Mahir Heerooa complètement à terre. «C’est une douleur atroce pour notre famille. Elle ne va pas s’estomper du jour au lendemain ; nous devrons vivre avec cela toute notre vie», s’attriste son oncle Manov. Ses parents, qui ont aussi un fils de 4 ans, sont tellement bouleversés par la mort tragique et subite de leur aîné qu’ils n’ont pas été en mesure de témoigner. Comment faire pour vivre sans celui qui était leur raison de vivre depuis 14 ans ? Celui qu’ils aimaient tant et qui les rendait tellement fiers ? Ils ne le savent pas.

 

Du haut de ses 14 ans, Mahir Heerooa savait déjà ce qu’il voulait faire de sa vie. Passionné par les voitures depuis son plus jeune âge, il rêvait de faire carrière dans l’ingénierie mécanique et l’avait bien fait comprendre à ses parents. Et ces derniers se démenaient pour qu’il puisse réaliser ce rêve, quitte à dépenser pas mal d’argent. «Son père lui avait même acheté une voiture l’an dernier, même s’il n’avait pas encore l’âge de conduire. Mahir ne l’utilisait que pour écouter de la musique, et elle restait dans le garage. Son père lui avait aussi acheté un terrain. Il espérait qu’il puisse y construire son garage à l’avenir. Cet enfant ne manquait de rien», raconte son oncle Manov.

 

Élève en Grade 9 à la Mahatma Gandhi Secondary School (MGSS), Mahir Heerooa réussissait dans tout ce qu’il entreprenait. Durant les dernières vacances scolaires, ses journées se résumaient essentiellement à aller à ses cours particuliers ou à la gym. «Il avait une vie bien structurée. Par moments, il lui arrivait de sortir avec ses amis pour aller manger une pizza mais c’est tout.»

 

Selon Manov, les parents de l’adolescent et les autres proches tiennent pour responsable le conducteur du poids lourd impliqué dans cet accident mortel. «D’après un témoin, Mahir empruntait le passage clouté pour aller de l’autre côté de la route et avait indiqué au conducteur du camion de s’arrêter. Il avait ralenti mais a fini par accélérer au lieu de s’arrêter. Pour nous, il est entièrement responsable de ce qui s’est passé.» D’ailleurs, affirme Manov, les parents du jeune homme comptent entamer des poursuites contre le conducteur une fois qu’ils y verront plus clair. Bien que testé négatif à l’alcotest, le conducteur a été placé en détention avant de comparaître en cour le lendemain sous une accusation provisoire d’homicide involontaire.

 

L’adolescent a rejoint sa dernière demeure le mercredi 7 août. Laissant derrière lui des proches dévastés par son départ dans des conditions tellement cruelles. Une vie et des rêves brisés.

 

Elodie Dalloo

 


 

Il succombe à ses blessures au lendemain d’une collision : Grégory Fanchette, 22 ans, ne verra pas grandir son petit Tyron

 

Le jeune homme voulait donner un nouveau départ à sa vie mais le destin en a décidé autrement.

 

Anne-Marie Fanchette s’est murée dans le silence, dans une souffrance insondable tant elle est grande et profonde. Hagarde, absente, elle semble impassible au va-et-vient incessant de ses proches à son domicile, à Trou-d’Eau-Douce, en ce début de soirée du vendredi 9 août 2019. La mort de son fils Grégory, le plus jeune de ses sept enfants, la veille, l’a terrassée, anéantie. Le jeune homme de 22 ans a succombé à ses blessures après un accident le jeudi 8 août. Il était dans une voiture conduite par son cousin Jason lorsque celle-ci a fini sa course dans un mur, à Bramsthan. Une collision fatale qui a mis fin à une jeune vie que Grégory et ses proches voyaient bien remplie et heureuse.

 

Grégory, parmi tous les beaux projets qu’il chérissait pour son avenir, en avait un qui lui tenait particulièrement à cœur : voir grandir son fils Tyron, âgé d’un an et demi et être à ses côtés, l’aimer, l’éduquer. Lui qui avait à peine connu son père Hervé, qui est mort alors qu’il n’avait que 15 mois, voulait être un père modèle, présent et aimant. Le petit Tyron vivait chez sa mère dans un autre quartier de Trou-d’Eau-Douce et Grégory voulait terminer la rénovation de la demeure familiale dont il avait déjà héritée afin de mieux l’accueillir quand il séjournait chez lui. Hélas, aujourd’hui que le jeune homme n’est plus, son fils devra grandir lui aussi sans son père.

 

Grégory ambitionnait également de trouver un travail fixe car il collectionnait les petits boulots depuis qu’il avait arrêté l’école en Form III – il fréquentait le collège d’État de Camp-de-Masque. Dernièrement, il avait travaillé comme moniteur d’activités nautiques dans un hôtel du Nord. «En plus de tout ça, il voulait aussi et surtout mettre de l’ordre dans sa vie sentimentale après sa séparation d’avec la mère de son fils», précise son frère Clarel.

 

Depuis sa mort soudaine et tragique, les proches de Grégory sont tous en état de choc. Il était si jeune et si rempli de vie que c’est difficile d’imaginer qu’il n’est plus. Il était, selon ceux qui le connaissaient bien, comme beaucoup de jeunes de son âge. Il croquait la vie à pleines dents, était toujours jovial et d’humeur taquine. «Li ti enn garson bien funny. Li ti mari kontan badine. Mo mama inconsolab», confie Clarel.

 

Trois autres occupants

 

Ses deux sœurs, qui vivent en France et en Allemagne respectivement, sont rentrées au pays dans la matinée du samedi 10 août pour assister à ses funérailles qui ont eu lieu dans l’après-midi. Il était aussi prévu que les proches fasse un dépôt de gerbes sur les tombes du père de famille, Hervé Fanchette, et d’un autre fils qui est décédé il y a bientôt 10 ans. «Notre frère est mort suite à une longue maladie le 1er novembre 1999», souligne Clarel. La mort de Gregory, il l’a appris par sa sœur qui vit en France. «Elle a tenté de m’avoir au téléphone à plusieurs reprises, sans succès. Je dormais car j’étais souffrant. C’est finalement par un appel vidéo via les réseaux sociaux qu’elle a pu me parler. Elle était en larmes.»

 

Tout laisse croire que Grégory et son cousin Jason se rendaient à Curepipe pour faire du shopping au moment de l’accident. Il y avait trois autres occupants dans la voiture : un jeune homme de 24 ans et deux jeunes filles âgées de 17 et 18 ans. «Monn konpran ki zot tou bann larme sek», souligne Clarel. La petite bande devait d’abord s’arrêter au poste de police de Flacq où Gregory devait «met so call» dans le cadre d’une affaire de mœurs.

 

L’accident a eu lieu vers 14h45 et les blessés ont été transportés à l’hôpital de Flacq par le Samu. Grégory a poussé son dernier soupir vers 16h25. «Mon cousin essayait de doubler un autre véhicule lorsqu’il a perdu le contrôle de la voiture. Il a heurté de plein fouet un mur en voulant éviter une moto qui venait dans la direction inverse», explique Clarel.

 

Jason Fanchette, 25 ans et habitant de Trou-d’Eau-Douce également, est admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Flacq où son état inspire de vives inquiétudes, selon ses parents. Il a déjà subi une intervention chirurgicale car il a reçu de graves blessures à la tête. «So lavi dan lame bondie», disent ses parents qui espèrent de tout cœur qu’il s’en sortira, tout en pleurant leur neveu décédé.

 

Jean Marie Gangaram