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Alisha et Zafiirah Hingun : «Consommateurs, reprenons le pouvoir !»

15 juin 2022

Comment nous avons vécu les temps challenging de ces dernières Années…

 

Alisha : La première anecdote de notre livre raconte le moment où nous avons appris, à la télé, que Maurice entrait en confinement. C’était le choc, l’angoisse. Notre maman travaille dans le secteur de la santé, dans l’administration, mais elle a été tout de suite appelée à se rendre sur son lieu de travail. Nous avions très peur pour elle. Après, ça a été la mise en place des procédures à la maison, pour aller faire les courses, entre autres, surtout les premières semaines où nous étions dans le flou par rapport à cette situation. J’ai aussi commencé dès le lendemain les cours en ligne avec des élèves dont je ne voyais pas toujours le visage. C’était assez perturbant. Mais petit à petit, on s’est adaptés et c’était finalement un moment bien apprécié de tous. Lors du second confinement, j’étais surtout prise par ma thèse de doctorat que je devais soumettre incessamment. Avec Zafiirah, nous avions aussi commencé, en parallèle, l’écriture de notre livre…

 

Zafiirah : Moi, pour le premier confinement, j’étais chez moi à Curepipe, avec mon époux. Et ça a aussi été beaucoup d’angoisse. On ne savait pas trop quoi faire, comment gérer la situation. Pour le shopping notamment, c’était toute une histoire. Je travaille dans le tourisme, chez Mautourco. Quelques jours avant l’annonce du lockdown, on avait fait rentrer tous nos clients dans leur pays. Durant le confinement, nous avons continué à travailler en ligne pour voir comment faire, comment se réinventer avec les frontières fermées… Pour le second confinement, c’était autre chose. Quatre jours avant, j’ai accouché d’un petit garçon et j’étais chez mes parents à Rose-Belle. Mon époux faisait le va-et-vient entre chez nous et là-bas mais quand Curepipe est devenu une zone rouge, il est resté à Rose-Belle lui aussi ! En tout cas, heureusement que bébé et moi étions bien entourés par la famille, sinon j’aurais été bien démunie…

 

Ces belles graines qui éclosent…

 

Alisha : Ces deux dernières années ont été difficiles pour tout le monde, avec des répercussions négatives à tous les niveaux. Mais il y a aussi de très belles choses qui ont éclos dans cette obscurité. D’abord, ces liens familiaux qu’on a eu le temps de soigner, d’apprécier, de renforcer, alors qu’avant, pris par notre course du quotidien, on ne faisait souvent que se croiser. Et quand on se retrouve à la maison avec la famille, c’est l’occasion de se reconnecter à nos valeurs, à ce que nous sommes vraiment, à notre essentiel. On s’était un peu perdus dans notre course à la consommation, au matériel. On se laissait dicter notre identité, notre conduite, par le monde extérieur, on suivait la foule ! Mais là, nous avons eu le temps de nous poser pour prendre conscience de qui nous sommes. Et tout cela, nous l’amenons maintenant en dehors, sur notre lieu de travail et ailleurs…

 

Zafiirah : En plus de cette reconnexion tellement importante avec nos familles, nos voisins, nos amis, les gens les plus proches de nous, nous avons aussi trouvé du temps pour faire ce que nous aimons, par exemple le jardinage, la lecture, l’écriture, écouter de la musique, entre autres. C’est une reconnexion à soi qui va perdurer dans le temps. Nous avons aussi pu repenser nos vies, faire le tri entre ce que nous voulons laisser dans le passé et ce que nous voulons emmener avec nous dans le futur.

 

Alisha : Les jeunes surtout sont souvent influencés par l’extérieur et cet espace leur a aussi, je l'espère, permis de se reconnecter à eux-mêmes. De se rendre compte que le plus important vient de l’intérieur et non de l'extérieur, et que c’est ce que nous avons à donner au monde. Nous avons besoin de new blood, de new ideas, d’une jeune génération qui pense, qui est consciente et fait preuve d’intelligence et de créativité pour accoucher d’un monde meilleur.

 

Zafiirah : Nous avons aussi évidemment vu un shift au niveau de la consommation. Déjà, pendant les confinements, il y a eu un boom au niveau du shopping en ligne. Au début, tout le monde sautait sur tout ce qui bougeait en ligne et puis, petit à petit, on s’est calmés et on a commencé à réfléchir à nos besoins essentiels, d’autant que les choses deviennent de plus en plus cher. En étant privés de beaucoup de choses durant les confinements, nous nous sommes rendu compte que nous n’avons pas forcément besoin de tout ça. Nous avons pu réévaluer notre manière de consommer.

 

Pour aller plus loin et plus haut…

 

Alisha : Depuis la Covid, plusieurs personnes ont soit perdu leur emploi, soit vu leur salaire être diminué, et le coût de la vie a terriblement augmenté. Tout le monde est impacté d'une certaine façon. Pour y faire face, nous devons absolument revoir notre façon de consommer. Ce que nous avons commencé à faire d'ailleurs. De plus, en nous reconnectant à nous-mêmes et à nos valeurs fondamentales, nous savons mieux aujourd’hui ce que nous attendons des produits de consommation, des marques que nous ne remettions pas forcément en question avant. On se laissait un peu mener par le bout du nez par ces marques qui savent comment nous manipuler, qui nous étudient constamment et nous connaissent bien. Elles jouent sur notre inconscient, notre instint, nos émotions, le sentimental bond qu’elles ont créé avec nous sur le temps. Mais aujourd’hui, nous pouvons renverser la donne. En prenant conscience de notre pouvoir en tant que consommateurs, nous mettons les marques à notre service et non le contraire. Nous les amenons à répondre à nos vrais besoins et valeurs, à être plus éthiques, équitables, honnêtes, à faire les choses avec le coeur. Ça suffit avec ces marques qui font la pluie et le beau temps ! Consommateurs, reprenons le pouvoir !

 

Zafiirah : Il est vrai que pour le shopping en ligne, par exemple, il y a un trop-plein d’informations qui peut nous desservir. Nous devons prendre du recul, optimiser notre temps sur Internet, aller à la source de l’information, vérifier la crédibilité du produit avant d’acheter et non foncer tête baissée vers n’importe quoi. C’est juste une question de prendre conscience de ce que nous achetons, de nos besoins, de notre budget. Il faut acheter intelligemment.

 

Les lueurs d’espoir qui brillent…

 

Alisha : Nous avons eu l’espace durant ces deux dernières années pour réfléchir et réévaluer nos vies, notre manière d’être et de faire, nous sommes passés par des épreuves qui nous ont changés, nous ont rendus meilleurs ; nous avons retrouvé nos valeurs de base. Nous avons des choses à mettre sur la table, que ce soit au travail ou dans la société en général, et cela ne peut produire que des beaux résultats.

 

Zafiirah : Une belle lueur d’espoir serait de voir les marques se réinventer, être plus éthiques, transparentes, accountable towards society, de diminuer au maximum leur empreinte carbone sur l'environnement. Cela nous concerne tous car nous sommes tous consommateurs. Il n’est pas question d’arrêter d’acheter des marques mais de les amener à s’améliorer pour le bien de tous !

 


 

NOTRE BIO EXPRESS

 

Alisha : Je suis chargée de cours en marketing à Curtin Mauritius (Institut Charles Telfair), plus précisément en Marketing Research, mon domaine de prédilection. J’ai longtemps travaillé en agence, dans le domaine de la recherche et de l’étude de marché, avant de devenir Lecturer. J’ai fait mon degré et mon master à l’Université de Maurice et mon doctorat à l’Open University, sponsorisée par Curtin Mauritius.

 

Zafiirah : J’ai longtemps marché dans les pas de ma grande soeur en travaillant avec elle dans les compagnies de recherche, avant de chercher ma propre voie. C’est finalement dans le marketing pure, chez Mautourco, que je m’épanouis aujourd’hui. J’ai une maîtrise en communication/PR de l’Université de Technologie (UTM). Je suis également mariée et maman d’un petit Zaffar qui a 15 mois.

 


 

Notre livre nommé «Rebranding Yourself»…

 

Alisha : En commençant à écrire ma thèse de doctorat sur les branding influences on the self-concept, je me suis rendu compte que ça prenait plus la forme d’un livre. C’est là que m’est venue l’idée de Rebranding Yourself. Bien qu’inspiré de mes recherches pour ma thèse, le livre est moins académique et contient des plus qui peuvent aussi aider le consommateur. Il l'invite à se repositionner face aux marques qui, depuis des décennies, dictent leur loi aux consommateurs et à renverser la vapeur, fort de son expérience de la Covid-19. J’ai souhaité que ma soeur collabore avec moi à l'écriture de ce livre pour qu’elle puisse y apporter sa façon de voir les choses.

 

Zafiirah : J’ai été enchantée quand Alisha m’a demandé de l’aider à écrire Rebranding Yourself. J’ai plus apporté le côté poétique, anecdotique, interactif. J’ai aussi aidé à vulgariser des jargons, des façons de dire les choses, pour les rendre plus accessibles aux lecteurs. Le thème du livre, que nous avons adapté à la réalité Covid, est très d’actualité aujourd'hui. Publié aux Éditions Le Printemps et lancé il y a quelques jours, il est en vente dans les librairies à travers l'île.

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