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Arrêté pour blanchiment d’argent allégué dans le sillage de l’affaire Franklin : pourquoi Khalil Ramoly est considéré comme le «roi de la capitale»…

Cet habitant de Plaine-Verte serait connu pour avoir bâti sa fortune sur le blanchiment de l'argent provenant du trafic de drogue.

Son nom a surgi après l’interpellation de Shahnawaz Cauhnye dans le cadre de la saisie, par l’ICAC, de la BMW M8 il y a quelques jours. Khalil Ramoly, un homme d’affaires habitant Plaine-Verte, est soupçonné d’être le vrai propriétaire de cette voiture valant Rs 15 millions et aussi de blanchir l’argent du clan Franklin, entre autres réseaux, provenant du trafic de drogue. Une pratique délictueuse sur laquelle il aurait bâti sa fortune. Il en est d’ailleurs à sa quatrième arrestation pour ce délit. Ce n’est pas pour rien que les autorités le considèrent comme le «roi de la capitale».

Il n’a pas arrêté de faire la Une de l’actualité cette semaine. D’ailleurs, l’image de lui tout sourire, sortant du quartier général de l’Independent Commission Against Corruption après son arrestation le mardi 21 mars, a été diversement commentée sur les réseaux sociaux, entre bien d’autres choses le concernant, soit sa réputation de «roi de la capitale», ses liens avec le milieu de la drogue et ses caïds, dont le fameux Franklin, ses biens et business divers… Il faut dire que ce n’était pas le premier passage de l’homme d’affaires Noorhossen Khalil Ramoly au bureau de la commission anti-corruption car il en est tout de même à sa quatrième arrestation pour blanchiment d’argent. Cette fois, son nom a surgi après l’interpellation de Shahnawaz Cauhnye en lien avec l’affaire Franklin, la semaine dernière. Une affaire qui en cache bien d’autres visiblement.

 

Shahnawaz Cauhnye, un homme d’affaires lui aussi, avait été convoqué dans les locaux de l’ICAC le 17 mars, suite à la saisie d’une BMW M8 valant Rs 15 millions. L’interrogatoire de cet habitant de Pailles a pris fin prématurément lorsqu’il a fait un malaise et a dû être transporté à l’hôpital dans une ambulance du SAMU. Toutefois, les limiers le soupçonnent d’être un prête-nom pour Khalil Ramoly. Car ce dernier aurait payé des sommes de plus de Rs 500 000 en cash à six reprises pour l’entretien de la BMW M8 qui n’est pas à son nom et qui serait le fruit de ses activités de blanchiment d’argent pour le compte du réseau Franklin. Celui que les autorités considèrent comme le «roi de la capitale» a ainsi été arrêté une fois de plus par l’ICAC, le mardi 21 mars. Il est détenu à Alcatraz. Les enquêteurs de la commission anti-corruption passent au peigne fin ses liens avec le dénommé Franklin et les membres de son réseau. Ses hommes de loi, Mes Raouf Gulbul et Rishi Hurdoyal, n’ont pas souhaité faire de commentaires sur toute cette affaire.

 

Les autorités sont sur la piste de Khalil Ramoly depuis plusieurs années. Le principal concerné a d’ailleurs été arrêté à plusieurs reprises dans le passé, notamment en 2006, 2008, 2014, 2019 et 2021, en lien avec des affaires de blanchiment d’argent mais aussi de drogue. En 2019, l’ADSU avait saisi des psychotropes lors d’une fouille dans un commerce lui appartenant à Ste-Croix. Il avait déclaré que les comprimés étaient pour sa propre consommation. Il avait été condamné à payer une amende pour «unlawful possession of dangerous drugs». Il avait aussi fait parler de lui en 2016 suivant le mariage de sa fille. Pour cause : plusieurs policiers y avaient été conviés et ils avaient tous reçu ensuite un ordre de transfert émanant du quartier général de la police. L’homme d’affaires avait refait parler de lui en 2021 lorsque l’ICAC l’avait arrêté après qu’il avait offert une Mercedes à un garde-chiourme. En retour, ce dernier devait, semble-t-il, «okip Ner (NdlR : un trafiquant notoire) bien dan prizon». Après cela, le businessman s’est toujours montré très discret.

 

Un véritable boss

 

Officiellement, Khalil Ramoly dirige un magasin de pièces de rechange et un garage à la route des Pamplemousses, à Ste-Croix. Les autorités sont toutefois d’avis qu’il est à la tête d’un important réseau dont la spécialité est de blanchir l’argent émanant du trafic de drogue. Il est considéré comme un véritable boss avec plus de 100 prête-noms. Son réseau serait notamment spécialisé dans l’achat de voitures accidentées avec l’argent émanant de la vente de stupéfiants. Ses hommes de main les retaperaient pour ensuite les revendre à des prix défiant la concurrence. Certains de ses complices dirigeraient des garages proposant des travaux mécaniques ou des ateliers proposant la réparation de la tôle et la peinture de véhicules. Son vaste réseau comprendrait aussi des car wash ainsi qu’une compagnie proposant des services de towing par le biais d’un prête-nom. Il aurait aussi plusieurs hommes de main qui seraient très actifs du côté du Champ-de-Mars. Les autorités soupçonnent également le principal concerné de posséder plusieurs résidences à travers le pays dont la plus impressionnante se trouverait à Cité-La-Cure, non loin de la gare routière. Une maison qui, comme beaucoup de ses biens présumés, n’est pas à son nom.

 

Des multiples caïds notoires dont Khalil Ramoly blanchirait de l’argent, le plus célèbre serait sans nul doute Siddick Islam, plus connu sous le sobriquet de Ner. Ils seraient liés en affaires depuis plus de 20 ans. Le businessman avait d’ailleurs été auditionné par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen le 11 décembre 2017, alors que ce dernier présidait la commission d’enquête sur la drogue. Les enquêteurs avaient retracé des appels téléphoniques entre lui et plusieurs trafiquants notoires, notamment Siddick Islam, Jimmy Marthe, alias Jimmy Colosso, Peroomal Veeren et Curly Chowrimootoo, alors que ces derniers étaient en prison. Le «roi de la capitale» avait nié être impliqué dans le trafic de drogue lors de son audition. Il avait déclaré sous serment qu’il était «enn bon kamarad» avec Siddick Islam et qu'il l’aurait appelé uniquement pour prendre de ses nouvelles.

 

À l’époque toujours, l’ancien juge Lam Shang Leen et ses deux assesseurs le soupçonnaient également de blanchir l’argent d’un autre caïd dont le réseau s’étendrait dans plusieurs faubourgs de Port-Louis et de qui le suspect Ashley Rose est soupçonné d’être très proche. Ce dernier a lui aussi été arrêté il y a quelques jours par l’ICAC dans le cadre de l’affaire Franklin. Il est soupçonné d’être l’un des nombreux prête-noms du présumé caïd. Les photos de la perquisition de sa luxueuse maison à Batterie-Cassée avaient aussi fait le buzz sur les réseaux sociaux.

 

En lien avec l’enquête sur Khalil Ramoly, les limiers de la commission anti-corruption ont également entendu une dénommée Reshma, une proche collaboratrice de l’homme d’affaires, le 24 mars. Cette jeune femme est soupçonnée d’être un prêtre-nom pour le «roi de la capitale». Ce dernier aurait fait l'acquisition d’une maison et l’aurait déclarée au nom de la dénommée Reshma. Les limiers de l'ICAC ont aussi perquisitionné plusieurs maisons appartenant à l'homme d'affaires cette semaine, sans rien trouver de compromettant, sinon plusieurs signes de richesse. Son patrimoine personnel est estimé à plusieurs millions de roupies. La commission anti-corruption va s'attaquer à ceux soupçonnés d'être ses prête-noms pour l’achat de ces maisons ainsi que d’autres biens et business qui lui appartiendraient dans les jours à venir.

 

Les limiers de l’ICAC ont d’ores et déjà convoqué un dénommé Jabirr pour ce lundi 27 mars. Il serait le bras droit de Khalil Ramoly. L’étape suivante concernerait les magasins spécialisés en tuning. Les enquêteurs ont déjà fait une petite liste à ce sujet. Une liste qui en amènera certainement d’autres, vu les ramifications de ces grosses affaires de blanchiment d’argent sur lesquelles l’ICAC enquête actuellement...