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24 février 2021 00:19
Il est passé de la solitude de sa cellule aux joies des retrouvailles avec sa famille. Antish Gowry, un poissonnier de 26 ans, a retrouvé son épouse et ses enfants après 27 jours de détention. Cet habitant de St-Pierre avait été arrêté et était détenu à Alcatraz pour tentative d’assassinat sur Manan Fakoo suite à un incident survenu à Grand-Baie quelques jours avant la fusillade mortelle qui a coûté la vie à ce dernier. Son cousin Nitish Yerukanaidoo, 36 ans, a également retrouvé la liberté conditionnelle après avoir fourni une caution de Rs 40 000 au lendemain de l’arrestation de cinq suspects dans le cadre de l’enquête pour l’assassinat de l’habitant de Beau-Bassin, tué par balles.
La police avait procédé à l’arrestation des deux cousins quelques heures après le décès de Manan Fakoo à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Victoria, à Candos. Antish, plus connu sous le sobriquet de Lera, et Nitish, plus connu comme Bala, nient toutefois avoir fait feu sur Manan Fakoo le soir fatidique. «Nous n’avons rien à voir avec la fusillade qui a coûté la vie à Manan Fakoo», insiste Antish Gowry. «Li vre ki mo kouzin ek mwa ti gagn problem ek li dan Grand-Baie le 16 zanvie-la me pa nou kinn desann Fakoo.» Il a d’ailleurs fourni un alibi.
Antish Gowry explique qu’un voisin et lui avaient capturé un singe le mercredi 20 janvier, soit le jour où un motocycliste et son complice ont abattu Manan Fakoo par balles. «Zako-la ti fer dezord dan landrwa. Enn vwazin ek mwa ti resi may li. So tanto nou ti met enn royar dan enn pie pou li kapav monte ek desann pou manze ek zwe. Boukou dimounn inn tir foto zako-la sa swar-la. Mo ti apel li Baba. Nou ti met enn lasenn ek li pou li pa sove. Kan la polis inn dimann mwa kot mo ti ete zour Fakoo gagn kout bal, monn dir zot mo ti pe okip enn zako», explique Antish.
Qui plus est, le jeune homme précise que la police l’a arrêté, de même que son cousin, pour tentative d’assassinat et non pour assassinat, suite à l’incident survenu devant un club privé, à Grand-Baie, le 16 janvier. «J’accompagnais mon cousin. Il était invité à un anniversaire dans une discothèque. Il conduisait. Je dormais. À un certain moment, il s’est arrêté devant un club. Il est descendu et il est revenu en sang. Il s’était fracturé le nez. Il m’a dit qu’un groupe de gros bras l’avait agressé. J’ai alors pris le volant. Nous nous sommes arrêtés à l’hôpital de Moka où mon cousin a reçu les premiers soins. Nous nous sommes ensuite rendus à Candos munis d’un Form 58», détaille Antish.
Quelques jours plus tard, il apprend qu’il est arrêté pour tentative d’assassinat sur Manan Fakoo. «Mo pa ti mem kone ki se li ek so bann kamarad ki ti bat mo kouzin. Seki mo kone, seki monn zis kondir loto mo kouzin pou retourn lakaz. Nou pann rod touy Fakoo zame», soutient-il. C’est la première fois, poursuit-il, qu’il est détenu pendant plusieurs jours. «Monn deza gagn case avan me premie fwa mo ferme sa kantite zour-la. Mo kouzin ti ferme Vacoas. Mo ti pe res pans mo trwa zanfan. Mo ena enn tifi 8 an, enn garson 5 an ek enn lot tifi 3 an. Zot inn mank mwa boukou. Mo kouzin inn aksepte ki linn gagn diskision dan Grand-Baie me nou pena nanye pou fer ek case kout bal», martele Antish.
Il a retenu les services de Me Assad Peeroo. Son cousin Bala a également retenu les services d’un homme de loi.
L’enquête policière sur l’assassinat de Manan Fakoo a connu un rebondissement avec l’arrestation de six suspects cette semaine : Belall Meetoo, 30 ans et habitant Vallée-Pitot ; Ajam Beeharry, 26 ans et habitant Camp-Yoloff ; Noorudhun Bholah, 29 ans et habitant Vallée-Pitot ; Yassin Meetoo, 31 ans et habitant Vallée-Pitot ; Muntasir Gokool, 27 ans et habitant Vallée-des-Prêtres ; Multazam Sadullah Aboosama, 26 ans, habitant Vallée-Pitot. La MCIT a également recueilli une moto et un camion, qui auraient été utilisés lors de cette fusillade mortelle. Le deux-roues appartient à Noorudhun Bholah et le camion à Yassin Meetoo. Un autre suspect a été interpellé puis relâché sur parole mais sera toutefois poursuivi pour possession illégale d'armes. Un fusil sous-marin a été saisi chez lui.
La police soupçonne Ajam Beeharry d’être celui qui a tiré sur Manan Fakoo. Il fait d’ailleurs l’objet d’une accusation provisoire d’assassinat. Les suspects Noorudhun Bholah, Yassin Meetoo et Muntasir Gokool font, eux, l’objet d’une accusation provisoire d’aiding & abetting in a commission of a crime, alors que Belall Meetoo fait l’objet d’une accusation provisoire de conspiracy. Multazam Sadullah Aboosama, arrêté vendredi, est lui soupçonné d'avoir agi comme facilitateur pour les tireurs. Il nie être impliqué dans cette affaire tout comme les cinq autres suspects. Yassin Meetoo soutient qu’il se trouvait chez lui au moment de la fusillade et que ses proches peuvent soutenir son alibi. Son frère Yassin a également déclaré qu’il se trouvait chez lui le soir fatidique. Les autres suspects n’ont pas encore été interrogés. Les limiers de la MCIT veulent d’abord réunir les preuves nécessaires avant de les questionner ce lundi 22 février, après leur deuxième comparution en cour.
La première a eu lieu sous haute tension. La SSU a dû agir par la force pour calmer les esprits ce jour-là. Il y a, entre autres, eu des échanges de coups entre les proches des suspects et les proches de Manan Fakoo. Selon un rapport de la police, il y a eu cinq blessés dont Vishal Shibchurn et Bhavish, le fils de Manan Fakoo. Ces derniers ont reçu des soins dans un centre de santé mais n’ont pas souhaité porter plainte à la police. Par contre, l’avocat Assad Peeroo réclame l’arrestation de Vishal Shibchurn pour avoir tenu des propos racistes sur les réseaux sociaux. Il souhaite une intervention rapide du commissaire de police pour éviter tout dérapage à la paix sociale. Il sollicite également le soutien du Bar Council.
Par ailleurs, les enquêteurs ont déjà recueilli la déposition d’un témoin dans cette affaire. Ce dernier aurait identifié la motocyclette utilisée par les deux suspects lors de l’assassinat de Manan Fakoo. Le deux-roues se trouvait chez Noorudhun Bholah.
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