• Parité en politique : des voix pour inspirer le changement
  • Milys.créations : quand Emily transforme vos idées en souvenirs inoubliables
  • Il s’était introduit chez une dame âgée en pleine nuit : un voleur maîtrisé par des habitants à Camp-Levieux
  • Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion

Circonscription no 7 : Piton/Rivière-du-Rempart | En attendant la partielle

Direction le nord de l’île. La circonscription de Piton/Rivière-du-Rempart compte 43 270 électeurs et 17 centres de vote. L’industrie touristique et l’agriculture en sont les poumons économiques. Petit tour au n° 7 où nous sommes allés à la rencontre de quelques habitants, en attendant que les électeurs soient appelés aux urnes. Vishnu Lutchmeenaraidoo ayant démissionné, l’enjeu sera d’élire celui ou celle qui occupera le siège laissé vacant.
 

Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée sous le feu des projecteurs… Au cœur des conversations. Elle sera même dans les semaines à venir courtisée de toutes parts. On va lui faire des yeux doux, des promesses et peut-être même des cadeaux. Elle, c’est la circonscription n° 7, Piton/Rivière-du-Rempart, qui, à la surprise de tous, s’est retrouvée sur le devant de la scène, le jeudi 21 mars, à l’annonce de la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères et député de la région.

 

Cette nouvelle ayant l’effet d’une bombe, a fait immédiatement surgir le spectre d’une élection partielle, et cela au moment même où les rumeurs d’élections générales prochaines battaient leur plein. «Il y aura une élection partielle et nous alignerons un candidat», a ainsi confirmé le Premier ministre Pravind Jugnauth, la semaine dernière. Une annonce qui fait que tous les regards et toutes les attentions seront bientôt braqués sur cette région qui deviendra, en peu de temps, un lieu très fréquenté par ces messieurs et dames politiciens...

 

Aux dernières législatives en décembre 2014, c’est l’Alliance Lepep avec sir Anerood Jugnauth, Vishnu Lutchmeenaraidoo et Ravi Rutnah qui avait remporté haut la main les trois sièges dans cette circonscription. Pour rappel, elle comporte plusieurs villages, et non des moindres, comme Rivière-du-Rempart, Piton, Mapou, L’Amitié, Plaine-des-Papayes, L’Espérance-Trébuchet, Poudre-d’Or-Hamlet, Barlow, Amaury et Roches-Noires notamment.

 

«En effet, on va tous les revoir bientôt. Ils vont bientôt venir défiler devant nous. Pendant quatre ans, on n’a vu personne. Ni Lutchmeenaraidoo qui a démissionné, ni les deux autres qui avaient eu nos votes pour qu’ils nous représentent au Parlement et pour qu’ils défendent nos droits», nous confie Rajen que nous rencontrons en ce mercredi dans les rues de Piton.

 

«La même rengaine»

 

Il est 17 heures et les arrêts d’autobus se remplissent, tantôt par ceux et celles qui terminent leur journée de travail et qui attendent le bus pour rentrer chez eux, tantôt par les étudiants qui, après les cours particuliers, retournent à la maison. Parmi eux donc : Rajen, qui travaille dans une usine. «C’est toujours la même rengaine. Les politiciens viennent nous voir quand ils ont besoin de nous, ils nous sollicitent, on va voter et après, ils vont nous oublier», lâche ce père de famille qui dit attendre l’élection partielle avec impatience : «Je vais attendre pour voir mais je sais que je ne vais pas répéter les mêmes erreurs quand je vais voter cette fois-ci.»

 

Un peu plus loin, nous rencontrons Salim. Promenant sa petite fille, il dit aussi ne pas comprendre la démarche du ministre démissionnaire : «Il faut qu’il vienne s’expliquer. Ce n’est pas que je vais le regretter parce qu’on l’a jamais vu ici depuis qu’on l’a élu, c’est juste qu’il doit des explications à ceux qui ont voté pour lui. Sa façon d’agir est un manque de respect pour tous les habitants de la circonscription n° 7.»

 

Même s’il se dit contre la façon de faire de Vishnu Lutchmeenaraidoo, Salim souligne toutefois, qu’il y a eu des développements dans la région. «Il y avait, à un certain moment, beaucoup d’accidents sur une de nos routes, dans la région de Piton. Les autorités ont fait des travaux, ils ont nivelé le chemin et les accidents ont beaucoup diminués depuis. Trop de gens, de jeunes, perdaient la vie à cause de cette route qui n’était pas aux normes.» Toutefois, ce «grand-père heureux», estime que le pouvoir en place ne remportera pas les suffrages s’il y a une élection partielle. «Le gouvernement en place a perdu trop de temps au début de leur mandat en ne voulant que se venger de leurs adversaires, notamment avec l’affaire BAI. S’il avait déjà commencé à travailler, à l’époque, avec le chantier du Metro Express par exemple, ils auraient pu aujourd’hui capitaliser sur des résultats concrets. Or, tout est encore au stade de chantier», commente-t-il. 

 

Indranee, 44 ans, une autre habitante de l’Espérance que nous accostons, ne partage pas, elle, l’avis de Salim : «Je ne vois absolument pas quels changements il y a eu dans notre village. Qu’il y ait bientôt une élection partielle, ne me fait ni chaud ni froid. Les politiciens sont tous pareils. Ils veulent nos votes, mais, après, ne tiennent pas leurs promesses.» Si beaucoup hésitent à donner leurs noms parce que, disent-il, «la politique est un sujet sensible», d’autres n’ont pas de gêne, disent-ils, à dire tout haut ce qu’ils ont sur leur cœur, à l’instar de Hamanand Baboolall, 63 ans, gardien de son métier : «Je ne sais pas ce qui s’est passé avec monsieur Lutchmeenaraidoo, ce que je sais par contre, c’est que ce gouvernement œuvre pour améliorer les conditions de vie de tous les Mauriciens. Qui a introduit le salaire minimum ? Savez-vous ce que cela représente pour quelqu’un qui touchait Rs 3 000 de voir son salaire aligné à Rs 9 000 ? Et que dire de la pension de retraite qui a drastiquement augmenté. Moi, je dis qu’il faut reconnaître ce qui doit être reconnu.» Pour lui, il n’y aura aucune surprise à l’élection partielle : «C’est l’alliance actuelle qui va gagner !»

 

En sillonnant un endroit à l’autre, nous rencontrons Dany, un jeune collégien de 17 ans qui dit «ne pas être intéressé avec la politique. Ils sont tous les mêmes…» Puis, nous rencontrons Rajendra Ramnauth, 69 ans. Entouré de quelques amis, installés sur un banc à l’ombre d’un arbre, la partielle est bien évidemment au cœur des conversations. «Je ne pense pas qu’il y aura une élection partielle. Le Premier ministre a fait cette annonce pour ne pas être fatigué par les membres de l’opposition. Je pense que nous irons à la place vers des élections générales. Attendons voir…»

 

À Rivière-du-Rempart également, la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo a suscité des réactions. Ramdowar, 69 ans, s’insurge contre le fait qu’il n’y pas eu de changement dans son village : «Ceux qui aux dernières élections ont été élus, apre ine disparet lor map. Ce n’est pas normal. Ils n’inspirent plus confiance.»

 

Un peu plus loin, Adam, 70 ans, ne cache pas sa colère : «On a été abandonnés. Alors qu’ils avaient promis l’eau 24/7, nous sommes de nombreuses personnes, comme à Schoenfeld par exemple, qui souffrent de problèmes de pénurie d’eau. Ce n’est pas normal.» D’autres, comme Utam, pensent faire confiance à un autre parti. «Peut-être qu’on ira voir du côté du PTr. C’est comme ça la politique. On verra ce qu’ils ont à nous proposer », dit-il en attendant la partielle…

 


 

Pravind Jugnauth : «Zot pou truve ki tou saki mo dir, mo pou fer»

 

Il semble sûr de lui. Le Premier ministre Pravind Jugnauth a réaffirmé son intention d’organiser une élection partielle dans la circonscription n° 7, le vendredi le 29 mars dernier : «Ena krwar mo badine. Ek letan zot pou trouve ki saki mo dir, mo pou fer.» C’était à l’occasion des célébrations des 89 ans de son père, le ministre mentor.

 

La déclaration du Premier ministre a bien évidemment alimenté les débats le samedi 30 mars lors des conférences de presse hebdomadaires. Le MMM pourrait ainsi ne pas aligner de candidat en cas d’élection partielle dans la circonscription n° 7. «Nous allons en tous les cas dans cette logique», a déclaré le leader MMM, Paul Bérenger.  Soulignant que cette décision n’est pas définitive, il a laissé entendre qu’«il faut aller directement aux élections générales». Pour lui, une élection partielle se résume à «un gaspillage des fonds publics». Lors de sa conférence de presse hier, Navin Ramgoolam, le leader des Rouges, s’est aussi dit prêt à toute éventualité si une élection partielle a lieu prochainement dans la circonscription n° 7.