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21 mars 2021 15:13
Ils ont eu à faire face à beaucoup d'interrogations. Eux, ce sont les étudiants qui se préparent à prendre part à des examens importants en cette période de confinement. Les examens du Higher School Certificate et du School Certificate commençant le lundi 22 mars. Si la ministre de l'Éducation, Leela Devi Dookun-Lutchoomun, a donné cette semaine des explications en ce qui concerne la tenue des épreuves en matière de sécurité et des structures mises en place pour les étudiants, c'est dans des conditions inédites que beaucoup d’entre eux se préparent à vivre ce moment important dans leur vie d'étudiants. Ryan Pynam en fait partie : «Étant en HSC, je me concentre beaucoup sur mes révisions. J'ai plus de temps à accorder à la musique, pour mes répétitions, comme je fais Music A Level. Ma famille et moi, nous avons plus de temps pour prier ensemble mais aussi pour des jeux auxquels on n'aurait pas eu le temps de jouer en temps normal. J'ai pris la décision de prendre un break avec les réseaux sociaux pour me concentrer davantage sur moi. Comme j'adore tout ce qui est masque et soin, j'ai aussi plus de temps pour me chouchouter. Pour ne pas trop stresser à cause de mes examens et en ces temps de lockdown, j'ai commencé à faire de la méditation avec l'appli Petit Bambou qui est juste formidable. J'essaie de rester le plus positif possible et de prendre toutes mes précautions concernant la Covid-19.»
Ils sont à nouveau sur le champ de bataille depuis que les nouveaux cas de contamination à la Covid-19 ont été détectés. Livrant un véritable face-à-face avec le virus, les personnels soignants ne baissent pas la garde malgré les risques que cela comporte pour eux et leur famille. Et ce n'est pas le Dr Shakil Ameerudden, chirurgien à l'hôpital Victoria, Candos, qui dira le contraire : «Je dois admettre qu'il y a comme un sentiment d'exaspération avec ce second confinement. C'est comme si nous étions de retour à la case départ malheureusement. Mais en même temps, de nos jours, nous en savons beaucoup plus sur la maladie et nous sommes mieux préparés pour faire face à la situation. Surtout avec l'avènement des vaccins. Cependant, il est très important pour la population de respecter strictement les gestes barrières et de rester aussi disciplinée que le lockdown précédent. Et alors seulement, avec un peu de chance, nous surmonterons cette période difficile.»
Quand la technologie se met au service du sport, ça donne lieu à des séances en ligne. Si les salles de sport sont fermées, ceux et celles qui sont habitué/es à s'y rendre ne veulent pas abandonner les bonnes habitudes. Et c'est sur Internet que les mordus du sport se donnent, depuis une semaine, rendez-vous pour maintenir la forme. Giovanni Ramos, moniteur de Zumba, en sait quelque chose : «Durant cette période de confinement, il est essentiel de faire du sport afin de se maintenir en forme et pour booster son système immunitaire, tout en ayant une alimentation saine et équilibrée. Les Clubs Ennoia, pour lesquels je travaille, ont commencé des cours virtuels sur Zoom et Ennoia Live sur Facebook, dès le premier jour du confinement pour nos membres. Pour ma part, je donne des cours de Zumba en ligne, cela me permet de garder contact avec nos clients(es) durant ce moment difficile et inattendu. Je reçois beaucoup de messages de nos membres qui me confient que faire une activité physique les aide à évacuer le stress du moment avec la crise sanitaire. C’est aussi un moment pour s'évader de leur entourage pendant un moment, brûler des calories dans la joie et la bonne humeur...»
Même si les Mauriciens ne sont pas à leur premier confinement, ce moment bloqué à la maison se vit différemment d'une personne à une autre. Certains sont stressés par la situation et ont peur. D'autres craignent pour leur emploi avec l'arrêt des activités dans certains secteurs. Dans des familles, ces jours de lockdown permettent de renforcer les liens mais aussi de faire des choses qu'on n'a pas le temps de faire en temps normal, pris entre différentes activités et occupations. C'est le cas de Nancy Edibrasse, mère au foyer : «Cette année, je vis différemment ce confinement car je ne travaille pas pour le moment. L'année dernière, j'étais en work from home. Je profite donc de ce temps pour faire de la couture, du crochet et un peu de pâtisserie. Et j'en profite aussi pour me rapprocher de Dieu, car les temps sont durs en ce moment, et pour vivre des moments privilégiés avec mes enfants en préparant des gâteaux et des desserts, par exemple...»
La crise sanitaire rime malheureusement aussi avec crise économique. Alors que plusieurs secteurs, notamment le tourisme, souffraient déjà du premier confinement, tout comme ceux qui, à cause de la situation, se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage, ce second lockdown vient compliquer les choses. Évoluant dans le domaine de la restauration, le chef Rouben Cootignan nous parle de sa réalité : «Nous avions repris notre activité au début de février, avec des beaux projets qui venaient d'être lancés, notamment l'ouverture d'un restaurant, To Faim, à Quatre-Bornes. Tout s'est arrêté et nos autres projets sont reportés. Ce second confinement inattendu pour beaucoup nous plonge dans l'incertitude, surtout concernant une date de réouverture. La situation est très difficile. Les restaurants sont fermés et on n'a pas de rentrée d'argent. Si la situation perdure, je pense que le gouvernement devrait débloquer des fonds pour aider les petites entreprises en difficulté.»
Ils sont nombreux à ne pas avoir cessé leurs activités malgré le lockdown. Tout simplement parce que d'autres personnes dépendent de leur travail. Pour Miguel Francois, d'Angels Home Health Care, une agence de gardes-malades à domicile, c'est business as usual mais en respectant à la lettre les consignes de sécurité. Il témoigne : «C'est avec mon épouse Natacha que nous offrons ce service. Le second confinement n’a pas été aussi compliqué que celui de 2020. Nous avons tout simplement remis en place les protocoles déjà là. Les gestes barrières n’ont jamais arrêté et les équipements étaient toujours là. Nous avons eu notre Work Access Permit dès le premier jour et nous avons réajusté le planning des gardes afin que les shifts durent 36 heures et qu'il y ait donc moins de transferts. Ceci dit, je suis personnellement sur les routes matin et soir pour assurer les transferts et m’assurer que les patients puissent avoir des plats chauds à chaque repas. J’ai été arrêté à chaque barrage routier et les policiers ont été très coopératifs...»
Le confinement a poussé beaucoup de monde à des réflexions et à découvrir de nouvelles passions. C'est vers la terre que l'artiste Katty Laguette Labour s'est tournée : «Quel bonheur, quelle chance d'avoir un petit jardin à la maison. Tout a commencé pendant le premier lockdown, même si j'ai toujours aimé planter. Mes parents m'ont transmis leur amour pour les plantes», confie Katty Laguette Labour qui s’est installée à Fond-du-Sac il y a huit ans. «J'ai vraiment commencé à planter mes premiers légumes et herbes aromatiques pendant le lockdown, l'année dernière. Je me suis dit que certains légumes, bio ou pas, coûtaient malheureusement trop cher. Je me suis alors dit que ce serait super d'essayer d'acheter un peu moins et de se mettre à planter pour voir. Et dans la même lancée, pourquoi ne pas essayer d'être un peu plus éco-responsable ?» ajoute Katty qui adore explorer cet horizon vert.
«Pour le moment, dans mon petit potager, on passe de bons moments. Outre le fait de profiter du grand air, d'éveiller nos sens, le jardinage présente des bienfaits incroyables sur la santé et sur le stress, surtout en cette période de confinement ! Un retour à la terre dont j'avais besoin, dont nous avons tous besoin ! J'encourage tout le monde à s'y mettre ! Plantons, allez hop !»
C'est la réalité de beaucoup de monde en ce moment. Avec le pays qui est en confinement, beaucoup de personnes se retrouvent en télétravail et des étudiants, grâce à des supports technologiques, se retrouvent à faire école à la maison. Depuis un peu plus d'une semaine, c'est la réalité d'Axelle Gaillard, en télétravail alors que sa fille Solène Mülnier-Toussaint se retrouve, elle, à suivre des cours à la maison. «Travailler de chez soi demande de la rigueur, de l’organisation et permet aussi de rentrer dans une bulle. Chez nous, nous sommes deux à le faire, moi en tant qu’enseignante documentaliste et journaliste free-lance, et ma fille Solène, 14 ans, comme élève en 3e, dernière année d'un collège du système français. Lors du premier confinement, j’avais mis en place un blog avec des liens interactifs gratuits pour aller lire des livres, consulter des encyclopédies, visiter des musées… Cette année, je continue avec le blog, j'envoie des liens ludiques et je propose aux étudiants des activités plus légères pour décompresser. Outre ce travail d’enseignante documentaliste que j’aime énormément, je suis journaliste, depuis des années, depuis toujours… Et mon bébé, People Magazine, est en train de renaître de ses cendres en e-magazine. Comme il était en état végétatif à cause du premier confinement, il faudra se battre tous ensemble pour que cette renaissance soit forte et solide. Je pense que nous avons suffisamment de détermination», confie Axelle avec sa fille à ses côtés. «Solène prépare le Brevet des Collèges pour juin, l’examen final avant l’entrée au lycée en août. J’espère juste que cette année, il aura lieu en présentiel. On verra bien. Elle adore rester dans sa bulle de manière générale et le fait de travailler à la maison ne la dérange pas plus que ça. Elle a environ quatre séances de visio sur Team par jour, auxquelles s'ajoutent les devoirs et les leçons à apprendre. Elle s’est organisée et tout devrait bien se passer», conclut Axelle Gaillard. L'adolescente ne peut que confirmer que tout se passe très bien pour elle : «Je trouve que la situation est accablante mais les cours sont en fait plus faciles à apprendre...»
Munie de son Work Access Permit (WAP), elle fait partie de ceux et celles qui n'ont jamais arrêté de bosser. Confinement ou pas ! Christelle Lebrasse est journaliste à la MBC et c'est un peu mieux armée qu'elle fait face à la situation cette année. «Contrairement à l’année dernière et suite à l’expérience acquise, je suis beaucoup plus préparée à faire face à ce confinement. L’année dernière, j’avais vraiment peur du virus alors que cette année, je suis arrivée au stade de résilience face au virus. Du reste, je suis parmi les premiers journalistes à la MBC à s'être fait vacciner. J’estime qu’en tant que frontliner, il est vital de se protéger et de faire le vaccin contre la Covid-19. Sur le lieu du travail, il y a beaucoup de précautions et de gestes barrières. Travailler durant le confinement apporte son lot d'appréhensions. Le soir, en retournant de la MBC, je redouble de précautions car les chemins sont déserts. J'ai aussi fixé mon WAP sur le pare-brise de ma voiture car les contrôles policiers sont rigoureux.» À la maison, il lui faut aussi s'organiser pour être disponible pour sa famille : «Le virus entraîne dans son sillage un changement de vie radical. Maman de deux enfants et avec un époux qui travaille aussi dans un service essentiel, il a fallu se réadapter. Mes enfants Ceylanne et Celdrick font du homeschooling. La réorganisation de ma vie passe aussi par la création d'activités pour les enfants. Il faut être ingénieux et surtout trouver chaque jour des activités ludiques pour les occuper. Celdrick, 5 ans, me demande tous les jours quand il retrouvera ses amis à l'école et quand le corona va partir...»
À chacun sa façon de s'occuper, pour ne pas s'ennuyer ou encore se laisser submerger par l'état d'anxiété que peuvent provoquer le confinement et la crise sanitaire avec le virus qui circule dans l'île. Dans ces moments difficiles, Marie Lucette Lafolle, qui fêtera ses 58 ans demain, dimanche 21 mars, trouve son refuge et ses repères dans sa famille. Pour elle, pour bien vivre le confinement, il faut savoir s'occuper. «Je m'occupe de mes toutous et cette fois-ci, le confinement se passe très bien. Ma famille est au complet. Mon gendre et ma fille aînée sont dans l'île. Ils étaient en Europe», confie Marie Lucette qui est intransigeante sur l'hygiène en ces temps compliqués. «Je fais attention de toujours respecter les gestes barrières. Quand je sors, mon masque et mon hand sanitizer sont mes meilleurs alliés. Les cas qui augmentent font peur mais on garde confiance. J'attends mon tour pour être vaccinée au plus vite, pour me protéger et protéger les autres…»
Objectif : que les étudiants optimisent le temps passé à la maison. Pour cela, le homeschooling est privilégié par plusieurs institutions scolaires. C'est donc via écrans interposés que les enseignants et les élèves continuent le programme scolaire en faisant école à la maison. «Dès l'annonce du second confinement et la fermeture des écoles, les enseignants étaient sur le qui-vive afin d'être prêts pour le homeschooling. Grâce à l'application Zoom, nous les enseignants, faisons des sessions de 30 minutes avec deux élèves à la fois afin de mieux les encadrer et de suivre leur évolution», confie Charlotte Silvère, enseignante à l'école Dukesbridge.
Établissement qui, comme d’autres, a tiré des leçons du confinement de l'année dernière. Ce qui fait que le système de homeschooling a été vite enclenché quand le second confinement a été annoncé. «Toute l’équipe s’est mobilisée pour permettre aux enfants de continuer à suivre les classes et a travailler sans relâche. Nos classes en ligne comportent plusieurs éléments et nous essayons de les adapter autant que possible aux besoins des parents et des enfants», confie, pour sa part, Kirsty Lallchand, Head Teacher de la section primaire de l'école. «Pour rendre cette pratique ludique et pour captiver les enfants, les enseignants utilisent des pratiques différentes pour scotcher leurs élèves. Par exemple, ils se peignent le visage, se déguisent et réinventent leurs cours», nous confie, pour sa part, Rishi Nirsimulu, chairman de l'école.
Bien que la situation soit difficile avec le confinement et les mouvements contrôlés dans le pays, il y a aussi ceux qui trouvent du temps pour penser aux autres et surtout à ceux qui sont en difficulté pendant cette période de confinement. Bruno Fabrice Nullacoottee fait partie de ceux qui pensent à ceux qui ont faim. Et c'est avec ses amis de Zenes San Frontyer de la région de Mahébourg qu'il essaie de se rendre utile : «Le groupe se mobilise pour aider les plus démunis de la société, surtout les SDF qui dorment à la belle étoile pendant ce moment de confinement. On leur apporte un petit déjeuner et un dîner presque tous les jours, avec les moyens du bord. Nous avons aussi beaucoup de demandes de familles en difficulté. On essaie de leur préparer des food packs. On travaille en collaboration avec Foodwise», explique le jeune homme. Sa bande d’amis et lui lancent un appel aux entreprises pour leur venir en aide et ainsi les épauler dans leur mission sociale.
Tout est une question d'organisation et d'équilibre. C'est comme ça que Kovila Vyapoory-Payen évoque le confinement. Comme pour tous les Mauriciens, il lui a fallu, avec sa famille, se plier aux mesures de sécurité. Et depuis deux semaines, elle a dû s'adapter à la situation : «Ce qu'on a appris l'année dernière pendant le premier confinement nous permet de mieux faire face cette année. Je suis maman de deux enfants qui ont 9 et 2 ans, je suis en télétravail et je suis enceinte de six mois. Comme l'année dernière, on a dû se réorganiser, réajuster nos emplois du temps avec mon époux et avec une bonne planification, on a pu trouver notre rythme, sauf que cette année, j'ai moins d'énergie. Mais je reste positive. C'est ce qu'il faut selon moi pour bien vivre le confinement : rester positif et éviter que cette situation ne prenne le dessus. Il faut ainsi trouver une façon de vivre adaptée à la situation à l'intérieur de ce confinement. Par exemple, on fait en sorte, avec mon époux, que nos zoom meetings ne coïncident pas. Notre aîné est en homeschooling et on doit s'arranger pour occuper le petit. Il est d'ailleurs souvent avec moi pendant mes réunions par vidéo. Concernant ma grossesse, il me faut tout simplement être prudente et m'adapter à la situation. Les choses se passent bien car on a aussi fait en sorte de trouver un équilibre entre le travail, les enfants et des activités qui permettent de se détendre : comme des group chats où on discute, on s'échange des recettes, entre autres. Je participe à des virtual fitness classes pour garder la forme et ce vendredi, nous avons eu un virtual drink avec les collègues du boulot. C'est une bonne occasion pour se maquiller et porter une jolie robe. Avec ma famille, on profite aussi beaucoup de la terrasse et du jardin pour que les enfants ne s'ennuient pas.»
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