Publicité

Deux cadavres de femmes déterrés dans un verger à Mare-d’Albert : Umyad Ebrahim, le présumé meurtrier au coeur du drame

31 mai 2021

Les corps sans vie d'Hema et de Zahira ont été déterrés à quelques heures d'intervalle.

Cette affaire à glacer le sang n’a pas encore livré tous ses secrets. En moins de 24 heures, deux cadavres ont été déterrés dans un verger situé à Fabric Lane, Mare-d’Albert. Au coeur de ce scénario macabre figure Umyad Ayryaz Ebrahim, un habitant de Curepipe, âgé de 37 ans. Il y travaillait comme gardien. Il serait le meurtrier de ces deux femmes – la première, Bibi Zahira Ramputh, 40 ans, sa concubine, et la seconde, Hema Coonjobeeharry, 40 ans, avec qui la nature de ses relations n’a pas encore été établie –, deux victimes qu’il aurait très probablement appâtées via les réseaux sociaux. Il est retourné sur les lieux du drame le samedi 29 mai pour montrer aux enquêteurs où il avait enterré la deuxième victime après leur avoir montré la veille où était inhumée la première.

 

Lors de son interrogatoire, Umyad Ayryaz Ebrahim a avoué avoir tué Hema Coonjobeeharry. Selon lui, cette dernière s'est rendue chez lui le 10 mai et il l'a tuée deux jours plus tard. Le rapport d'autopsie indique qu'elle est morte des suites d'une smothering asphyxia. Quant à Zahira Ramputh, originaire de Vallée-Pitot, elle se serait suicidée, d'après le suspect. 

 

En mars 2020, Zahira Ramputh avait quitté le toit familial pour aller vivre avec un agent de sécurité de 45 ans, à Vallée-des-Prêtres. Mais au bout de quelques mois, leur relation a pris fin sans que son compagnon ne s’y attende. Dans une déclaration à la police, il a indiqué avoir reçu un appel du dénommé Umyad Ebrahim le 18 décembre 2020, lui demandant de ne plus chercher à prendre contact avec Zahira Ramputh car elle vivrait désormais avec lui. L’homme en question est fiché à la police pour viol et séquestration. Les proches de la quadragénaire n’ayant plus eu de ses nouvelles depuis la même période, ont, pour leur part, rapporté sa disparition en janvier 2021 mais les recherches n’avaient pas avancé jusqu’à tout récemment.

 

Entre-temps, l’état de santé d’Umyad Ebrahim aurait commencé à se détériorer, bien que ses publications sur les réseaux sociaux tendent à montrer le contraire. «Il a été admis à l’hôpital psychiatrique de Brown Sequard le 20 mai parce qu’il souffrait de dépression», confie Salim*, l’un de ses proches. Il avait suivi un traitement dans cet établissement en 2017 pour les mêmes raisons. C’est durant son hospitalisation que les pièces du puzzle ont commencé à s’assembler. «Ce mercredi, les médecins nous ont demandé de venir à l’hôpital pour signer son formulaire d’autorisation de sortie car il n’avait aucun autre proche.» En effet, poursuit-il : «Umyad était quelqu’un de très réservé et ne fréquentait personne. Il a quitté le toit familial en 2010 et au cours de ces deux dernières années, il nous a rendu visite à deux reprises seulement.» Il poursuit : «Nous avons même entendu dire qu’il s’était marié civilement à une habitante de Mahébourg il y a cinq ans mais nous n’avons jamais pu en avoir la confirmation.»

 

Double culpabilité

 

Ce jeudi 28 mai, lorsque les proches du trentenaire se sont rendus à l’hôpital, ils sont tombés des nues : «Les médecins nous ont appris qu’Umyad leur répétait que sa compagne était décédée. Nous leur avons expliqué que nous n’étions au courant de rien.» Grâce aux réseaux sociaux, les proches d’Umyad Ebrahim sont parvenus à prendre contact avec les membres de la famille de Zahira Ramputh. Ils ont ainsi appris que la disparition de cette dernière avait été signalée depuis plusieurs mois et ont préféré alerter la police pour éclaircir cette affaire. Interrogé, Umyad Ebrahim a fini par passer aux aveux. Accompagné de deux Nursing Officers, il a été conduit sur son lieu de travail, soit dans le verger, par les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) et leur a montré le lieu où il avait enterré la quadragénaire, dont il partageait encore les photos sur son profil deux jours avant son hospitalisation. Serait-ce sa culpabilité qui l’aurait conduit à la dépression ? Une double culpabilité, qui plus est ?

 

À ce stade de l’enquête, Umyad Ebrahim nie avoir assassiné sa concubine. Il avance que Zahira Ramputh se serait donnée la mort en ingurgitant du poison et qu’il aurait découvert son corps sans vie en rentrant. Il aurait ensuite décidé de l’envelopper dans un drap et de l’enterrer sans alerter qui que ce soit. Malheureusement, les résultats de l’examen post mortem n’ont pu apporter plus d’éclairage à sa version à cause de l’état de décomposition avancée du corps. Anéantis, les proches de Zahira Ramputh croulent, depuis, sous les interrogations. «Ziska ler nou pa kone mem ki finn arive. Si nous l’avions perdue parce qu’elle était malade, ç’aurait été plus facile pour nous à encaisser. Nous n’avons même pas pu la voir une dernière fois», se désolent-ils. Ses funérailles ont eu lieu le samedi 29 mai.

 

Aveux

 

Mais le travail des forces de l’ordre était loin d’être terminé après la découverte du premier cadavre car Umyad Ebrahim n’avait pas fini de vider son sac. Il est allé plus loin dans ses aveux en indiquant aux enquêteurs qu’il avait inhumé une deuxième femme à quelques mètres du lieu où a été découvert le premier corps. La deuxième victime est Hema Coonjobeeharry, une habitante de Bambous, mère de trois enfants, dont la disparition a été signalée il y a quelques semaines. La dernière fois qu’elle était active sur les réseaux sociaux remonte au 12 mai.

 

Bien avant d’apprendre la mauvaise nouvelle, Nisha Lollbeeharry, la soeur de la seconde victime, avait le pressentiment que quelque chose ne tournait pas rond. La dernière fois qu’elle a eu des nouvelles de la quadragénaire remonte au jour de son anniversaire, le 10 mai. «Ce jour-là, nous avions prévu quelque chose en famille mais elle m’avait contactée pour me dire qu’elle ne viendrait pas car elle avait été déjeuner avec cet homme. Elle disait qu’elle passerait la soirée avec lui.» Sa soeur l’a ensuite convaincue de venir passer la soirée en famille et d’en profiter pour leur présenter Umyad Ebrahim, qu’elle connaissait sous le surnom de «Poule». Cependant, ils ne se sont jamais pointés.

 

«Durant les jours suivants, je n’ai jamais pu avoir ma soeur au téléphone. Par contre, Umyad me contactait pour me dire qu’ils viendraient bientôt. Il inventait à chaque fois une nouvelle excuse. Il nous avait même fait part de son intention d’épouser Hema.» Cela, bien que cette dernière, qui s’était séparée de son époux il y a six ans, n’avait pas encore demandé le divorce. Sachant que sa soeur ne se serait jamais absentée aussi longtemps sans donner de nouvelles, elle a fini par rapporter sa disparition le 16 mai. «Umyad s’était fâché en l’apprenant. Il prétendait qu’il porterait plainte pour que nous ne puissions plus les approcher.» Depuis, les proches de la quadragénaire n’ont plus entendu parler de lui jusqu’au jour où la tragédie leur a été annoncée par la police.

 

L’assistant surintendant de police Seebaruth, de la MCIT, a supervisé les recherches. Il avance que le sac à main d’Hema Coonjobeeharry, ainsi que des documents, ont également été déterrés sur la scène de crime. Il indique qu’une fois que l’interrogatoire du suspect aura pris fin, ils en sauront plus sur le motif de ces actes barbares. Pour l’heure, Umyad Ebrahim a été reconduit à l’hôpital Brown Sequard en attendant son prochain interrogatoire. D’autres cadavres risquent-ils d’être découverts au cours de ces prochaines heures, comme laissent entendre certaines rumeurs ? La suite de l’enquête le dira.

 

*Prénom modifié

 

Texte : Elodie Dalloo et Jean Marie Gangaram
 

Publicité