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24 juin 2024 19:29
Deux frères ennemis, une altercation meurtrière et une famille brisée à jamais. La Criminal Investigation Division de Pamplemousses se retrouve, depuis le mercredi 19 juin, avec une sombre affaire de fratricide. Ravi Busgeeth, 38 ans, Attendant dans un collège privé de la région, a tué son frère aîné Visham, un maçon de 41 ans, en lui fracassant le crâne avec une brique avant de le brûler vif dans l’arrière-cour de la famille à Ramgoolam Road, Plaine-des-Papayes. Une histoire dont le tragique dénouement fait suite à plusieurs bagarres entre les deux frères qui sont à couteaux tirés depuis de nombreuses années. Depuis le décès de leur mère il y a trois ans et celui de leur père il y a deux ans, ils vivaient seuls – les deux sont célibataires – dans la maison familiale.
«Zot ti res dan mem lakaz. Toulezour de frer-la bwar, sou ek diskite for for dan lakaz. Zot bann fami pa frekant zot akoz samem. Tipti frer-la inn koumans bwar inpe plis kan so mama inn desede. Souvan lager ti pe leve kan gran frer-la ti pe repros so ti frer kokin kitsoz dan lakaz pou al vande», nous raconte un proche, encore sous le choc de ce terrible dénouement. Une histoire de vol de portable en serait d’ailleurs à l’origine, nous confie avec émotion Jotee, la soeur aînée des deux hommes impliqués : «Mo bann frer ti pe bwar boukou. Monn aprann ki diskision inn leve depi inpe boner parski tipti-la ti kokin telefonn portab gran-la pou li al vande. Kan monn aprann sekinn arive dan lakaz mo bann paran, Visham ti fini mor.» Visham était le cadet de la famille alors que Ravi en est le benjamin. Ils ont une autre sœur qui vit en Italie.
Il y a quelques mois, Visham était d’ailleurs allé rendre visite à sa petite soeur en Europe. Juste avant son retour, celle-ci lui avait offert un nouveau portable. Ce téléphone avait ainsi une grande valeur sentimentale pour lui. Et il n’a pas digéré sa disparition et soupçonnait Ravi de le lui avoir volé. Les disputes autour du sujet étaient nombreuses mais cette fois, les choses ont dégénéré jusqu’au drame ultime. Ce soir-là, alertée, la police est arrivée sur les lieux vers 21h25. Les officiers ont alors découvert la dépouille de Visham Busgeeth complètement calcinée dans l’arrière-cour des Busgeeth. Le cadavre a, par la suite, été transporté à la morgue de l’hôpital SSRN pour une autopsie. Dans son rapport, le Dr Chamane, Police Medical Officer indique que le quadragénaire a succombé à un «shock due to extensive burns injuries».
La Criminal Investigation Division de Pamplemousses a arrêté Ravi Busgeeth peu après. Il est déjà passé aux aveux. Lors de son interrogatoire, le trentenaire a expliqué qu’il a tué son frère lors d’une violente altercation suivant une affaire de portable volé. Visham Busgeeth avait d’ailleurs porté plainte au poste de police de sa localité à cet effet le 16 février dernier. Dans sa plainte, le quadragénaire avait déclaré que quelqu’un – qu’il soupçonnait d’être son frère Ravi – lui avait volé son téléphone portable de la marque Samsung dans la soirée de la veille, alors que celui-ci se trouvait sur une table dans la cuisine familiale.
Dans sa déposition après son arrestation, Ravi explique aussi qu’il a fracassé le crâne de son frère avec une brique. Essoufflé après avoir reçu ce violent coup à la tête, celui-ci est tombé par terre avant de perdre connaissance. Le trentenaire s’est alors rendu à l’intérieur de la maison pour prendre un matelas qu’il a disposé sur son frère. Par la suite, il a aspergé le matelas d’un liquide inflammable avant d’y mettre le feu et de prendre la fuite. Le jour fatidique, vers 17 heures, des voisins avaient vu Ravi dans la rue ; il se dirigeait vers sa maison avec un bidon dans les mains. Ce n’est qu’après avoir appris la terrible nouvelle qu’ils ont compris ce qui s’était passé.
La cavale de Ravi a toutefois été de très courte durée. La police l’a arrêté alors qu’il se trouvait dans une cachette dans la localité. Il a comparu devant le tribunal de Pamplemousses le lendemain matin sous une accusation provisoire de «murder». «Dan mo latet monn fini perdi sa frer-la ousi. Kouma so lame inn kapav leve pou touy so prop frer ? Li pou difisil pardonn mo frer Ravi apre seki linn fer mo lot frer Visham. Li ti bizin reflesi avan tir lavi mo lot frer-la», s’insurge Jotee. Les funérailles du maçon ont eu lieu le lendemain, à 13 heures. Sa dépouille est arrivée dans le caisson d’un 2x4 recouverte d’une bâche. Le conducteur s’est arrêté devant la petite ruelle qui mène au domicile de la famille Busgeeth pour les besoins des rituels religieux.
Plusieurs proches étaient déjà présents sur place malgré la pluie pour soutenir Jotee dans cette terrible épreuve. Cette dernière et d’autres proches voulaient regarder le visage de Visham une dernière fois, comme le veut la tradition, avant l’incinération au crématorium de Triolet. Mais cela n’a pas été possible car le corps du défunt, trop endommagé par ses multiples brûlures, était placé dans un sac blanc hermétique. «Mo leker fann an de zordi», lâche Jotee avec douleur avant de verser un peu d’eau sur la route suivant un rituel funéraire hindou. Elle ajoute, complètement désemparée : «Ravi ti deza dir li pou touy Visham enn zour. Vremem linn resi fer li. Li merit enn bon pinision aster.»
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