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Journées Mondiales de la Jeunesse : des souvenirs inoubliables plein les cœurs

Laurent Ovide et le drapeau mauricien accroché à la béquille d’une participante colombienne, le 4 août, au Parc Edouard VII.

«Une marée humaine, réunie sur le Parc du Tage, un espace de 90 hectares, réhabilité pour l’occasion, avec un autel impressionnant, juste devant l’imposant pont Vasco de Gama qui franchit l’estuaire du Tage sur 12,3 km. 800 000 jeunes pour le chemin de croix au Parc Edouard VII et son immense structure bleu ciel. 200 000 pèlerins à Fatima pour la récitation du Chapelet...» Après des jours intenses aux JMJ 2023, Jean-Luc Mootoosamy, journaliste mauricien et suisse, et directeur de Media Expertise, qui faisait lui partie de la délégation papale, revient sur sa belle expérience...

«Les prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse auront lieu en Asie. Elles seront en Corée du Sud, à Séoul», a déclaré le pape François, à l’issue de la messe de clôture de JMJ 2023 à Lisbonne. C’est donc le dimanche 6 août au Portugal, où s’étaient rassemblés 1,5 million de pèlerins – y compris ceux de la délégation mauricienne – que cette belle aventure s’est terminée pour de nombreux jeunes dans la ferveur et la prière. Leur laissant tout plein de souvenirs dans le coeur, avec aussi la perspective de cet autre rendez-vous fort à Séoul pour les prochaines JMJ.

 

Une partie de l’histoire de ces jeunes qui avaient fait le déplacement au Portugal est à jamais liée à cette parenthèse pieuse et festive, pour laquelle le Saint-Père, âgé de 86 ans, a fait son 42e voyage à l’étranger – un séjour de cinq jours – depuis son élection en 2013. Les JMJ de Lisbonne, reportées d’une année en raison de la pandémie de Covid-19, ont ainsi pu réunir des jeunes du monde entier qui attendaient de vivre ce grand rendez-vous catholique devenu au fil du temps un événement très populaire. Créé en 1986 à l’initiative de Jean-Paul II, ce rassemblement mondial organisé tous les deux à trois ans est un rendez-vous festif, culturel et spirituel avec des concerts, temps d’échanges et de prières, et autres conférences et débats...

 

Du 1er au 6 août 2023, un million de pèlerins ont, dans la joie et la bonne humeur, animé les rues de la capitale portugaise pour vivre de nombreux temps spirituels forts aux côtés du pape François. Cette semaine de rencontre a été marquée par des moments riches en émotion comme la cérémonie d’accueil du Saint-Père le jeudi et le chemin de croix le vendredi soir. La semaine a culminé en une veillée présidée par le pape, le samedi soir, et s’est achevée par une grande messe finale ce dimanche 6 août.

 

Devant une assistance venue du monde entier et rassemblée pour la messe de clôture des 37e JMJ de Lisbonne, le pape François a prodigué trois conseils aux jeunes : briller, écouter, être sans crainte. «En tant que jeunes, vous avez de grands rêves, mais souvent, vous pouvez craindre qu’ils ne puissent se réaliser. Parfois, vous pouvez penser que vous n’êtes pas à la hauteur du défi, et vous pouvez être tenté de perdre du cœur, de penser que vous êtes à court ou de masquer votre douleur avec un sourire», a-t-il déclaré. Avant de rappeler à cette jeunesse qui buvait ses paroles qu’elle a un rôle important à jouer : «En tant que jeunes, vous voulez changer le monde et travailler pour la justice et la paix. Vous consacrez toute votre énergie et votre créativité à cela, mais cela semble toujours insuffisant. Pourtant l’Église et le monde ont besoin de vous, les jeunes, autant que la terre a besoin de pluie.»

 

Dans son message, le Saint-Père s’est montré très soucieux de l’avenir de la jeune génération : «Chers jeunes, j’aimerais regarder chacun de vous dans les yeux et dire : n’aie pas peur ! Maintenant je vais te dire quelque chose d’encore plus beau : Jésus lui-même te regarde maintenant. Il te connaît ; il sait ce qu’il y a dans ton cœur ; il te sourit et te dit une fois de plus qu’il t’aime, toujours et infiniment. Toujours et infiniment.» Le pape François a surtout demandé à ceux et celles présents à Lisbonne et aussi, par ricochet, à tous les jeunes à travers le monde, de croire en leur potentiel : «À vous jeunes, qui êtes le présent et l’avenir ; oui précisément à vous, jeunes, Jésus dit : “Soyez sans crainte !” (...) N’ayez pas peur ! Courage n’ayez pas peur !»

 

Parmi les nombreux pèlerins ayant vécu ces échanges riches en apprentissages et enseignements, 180 Mauriciens qui avaient fait le déplacement depuis notre île. Nathaniel, jeune participant, reste marqué par cet événement. «J’ai pris le maximum de ce que j’ai reçu ici», confie le jeune homme, qui est rentré au pays ce mercredi 9 août, avec toute la délégation mauricienne, la tête et le coeur bien remplis de moments forts et de souvenirs.

 

Motivation

 

Le journaliste mauricien et suisse Jean-Luc Mootoosamy, directeur de Media Expertise, qui faisait, lui, partie de la délégation papale, ne retient également que des beaux moments. «La chaleur parfois étouffante, bien présente, n’a pas freiné l’immense succès et la motivation des jeunes du monde entier venus à ces JMJ. Pendant une semaine, nous avons vécu au rythme de cette jeunesse qui s’engage et est heureuse de se retrouver autour du pape François. Un pape de 86 ans qui s’appuie sur une canne, se déplace en fauteuil roulant mais qui affichait une jeunesse, une énergie, de la malice, une forme étonnante après son opération de juin dernier. Sur le vol aller depuis Rome, dans des échanges informels, le pape nous a dit : “Je rentrerai rajeuni !”. Un pari du pape réussi lorsque nous l’observions sur l’ensemble du voyage, à Lisbonne et aussi à Fatima. “I don’t feel that he is old”, nous a dit Christo James, originaire du Kerala en Inde et vivant en Suisse. François est toujours à l’écoute de ses interlocuteurs. Sur le vol aller de Rome à Lisbonne, je lui ai présenté la situation de Thierry Murday, le Mauricien qui est toujours hospitalisé en Espagne après un accident. Il s’agissait d’une initiative personnelle. “Je prierai pour lui”, m’a-t-il assuré», nous confie Jean-Luc Mootoosamy.

 

Notre compatriote, comme beaucoup, a été marqué par les propos du Saint-Père, tout au long de ces JMJ : «Onze discours étaient prévus pour ce voyage. Aux autorités portugaises et devant le corps diplomatique réuni au Centre culturel de Belém, le pape François a appelé à plus d’ouverture pour l’Europe, le “continent âgé” pour le rendre “plus jeune”. “Car de l’Europe, la vraie, le monde a besoin : il a besoin de son rôle de bâtisseur de ponts et d’artisan de paix dans sa partie orientale, en Méditerranée, en Afrique et au Moyen-Orient”, a dit François. Il a aussi interrogé l’Europe sur la direction qu’elle prend : “Vers où navigues-tu, si tu ne proposes pas d’itinéraires de paix, de voies créatives pour mettre fin à la guerre en Ukraine ainsi qu’à beaucoup d’autres conflits qui ensanglantent le monde ?” Réaction du président portugais Marcelo Rebelo de Sousa au micro de Media Expertise : “Il a tout à fait raison ! L’Europe devient trop égoïste.”»

 

C’est avec enthousiasme que Jean-Luc Mootoosamy poursuit son récit des discours du pape  : “N’ayez pas peur” : c’est l’appel que le pape a lancé à deux groupes. D’abord aux religieux, réunis dans l’impressionnant Monastère des Hiéronymites à qui il a aussi demandé : “S’il vous plaît, ne faites pas de l’Église une douane : ici n’entrent que les justes, ceux qui vont bien, ceux qui sont bien mariés, et dehors tous les autres. Non. L’Église n’est pas cela. Les justes et les pécheurs, les bons et les mauvais, tout le monde, tous.” “Todos, todos, todos”, une Église “pour tous”, c’est ce qu’il a aussi fait répéter aux jeunes lors de la cérémonie d’accueil du 4 août. Il a encouragé les universitaires à “chercher et risquer”, à être “des protagonistes d’une nouvelle chorégraphie qui mette au centre la personne humaine, soyez chorégraphes de la danse de la vie”, et lors de la messe de clôture, le pape a demandé de ramener ces trois attitudes dans leur entourage : “briller”, “écouter”, “ne pas craindre”.»

 

Puis, il y a ces images, qui restent gravées dans la mémoire du journaliste. «Celle de notre compatriote Laurent Ovide, en fauteuil roulant, qui a mené la délégation mauricienne. Laurent brandissait notre drapeau accroché à une béquille, celle d’Ingrid Monsalves, une Colombienne. “I am so happy to help”, m’a dit dans un large sourire cette participante également en fauteuil roulant. Autre image, celle de la rencontre entre un Rwandais et un Congolais. Deux jeunes qui discutent, se serrent dans les bras. Les relations entre leurs deux pays sont très tendues. Ces cinq jours intenses à Lisbonne ont permis d’encourager la solidarité, l’engagement, l’ouverture vers les autres...»

 

Ce sont là autant de souvenirs qui lui ont rempli le coeur... et qui lui rappelleront à jamais la belle aventure des JMJ 2023...