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24 mars 2024 08:18
La mort est venue interrompre brutalement les liens solides qu’il y avait entre eux depuis des décennies. Bashir Abdool Rahim, un habitant de Terre-Rouge, est complètement abasourdi depuis qu’il a appris le décès tragique de son ami Mohamad Hussain Abdoola Fakeermahamode, plus connu comme Saïd. Le corps sans vie de cet habitant de Plaine-Verte a été retrouvé ligoté et bâillonné dans une maison de location de cette localité – dont il était le propriétaire – le 22 mars. Ce fonctionnaire de 63 ans, qui travaillait comme Human Resource Officer au Police Executive Office, à Port-Louis, n’avait pas donné signe de vie depuis plusieurs jours. «Zot inn bat mo kamarad a mor akoz so kas», n’arrête pas de répéter Bashir.
Cette affaire éclate le 22 mars lorsque Reshad, un sergent de police affecté au poste de police de Vallée-Pitot, consigne une déposition vers 9 heures pour signaler la disparition de son cousin Saïd. Le policier explique que celui-ci réside seul au coin des rues des Pamplemousses et Hyderabad, à Plaine-Verte. Il avance également que son grand cousin loue une autre maison à un dénommé Mohamad Santally qui l’utilise comme atelier de tailleur et y travaille en compagnie de son fils Zaid et de l’épouse de ce dernier. Il précise qu’un membre du personnel du Police Executive Office l’a téléphoné la veille pour l’informer que son cousin ne s’est pas présenté sur son lieu de travail depuis une semaine. Il a tenté de le joindre sur son téléphone portable à plusieurs reprises, en vain. Dans la soirée de la veille, Bashir, qui rendait régulièrement visite à Saïd, lui a aussi fait comprendre qu’il n’a pas vu celui-ci depuis le 12 mars.
Dans sa déposition toujours, le sergent de police explique qu’il est en présence de certaines informations selon lesquelles le dénommé Zaid aurait demandé de l’argent à plusieurs reprises à Saïd. Il déclare également qu’il soupçonne ce dernier d’avoir séquestré son cousin avec la complicité de son épouse. C’est un autre ami de son cousin, dit-il, qui lui a fait part de cette possibilité. Celui-ci a un joint bank account avec Said et, selon lui, plusieurs grosses sommes d’argent ont été débitées dudit compte bancaire dernièrement.
Des policiers se sont ensuite rendus au domicile du disparu mais la porte était fermée. Sur la base de certaines informations précises, la police a alors monté une opération pour surveiller le couple Santally. Cela a mené à l’arrestation du couple dans la maison qui lui servait d’atelier de couture. Saïd a été retrouvé mort à l’intérieur, ligoté et bâillonné sur un lit au premier étage. Le rapport d’autopsie indique que le sexagénaire a rendu l’âme suite à un «acute cerebral pulmonary odema». Selon les premiers éléments de l’enquête, le sexagénaire est mort suivant une injection mortelle. Tout laisse croire qu’il a été séquestré, drogué et battu pour son argent.
«Kas inn disparet lor kont mo kamarad. Bann-la ti kone li res tousel. Saïd ti selibater. So bann fami ena plin dibien. Li ti gagn enn zoli leritaz kan so mama ti mor. Li pena ser ni frer. Zot inn profit so bonte pou kokin so kas. Said ti enn extra bon dimounn. Fer inpe lontan li lwe sa lakaz-la ek papa sa misie kinn touy li-la. Boug-la ek so fam droge. Zot ti abtie dimann Saïd kas. Parfwa li donn zot. Mo panse zot inn kidnap li ek sekestre li kan linn koumans dir zot non», souligne Bashir. Il explique qu’il connaît Saïd depuis l’enfance. «Nounn grandi ansam dan mem lakour. Nou ti a kat. Nounn grandi kouma kat frer. Monn al res Terre-Rouge apre me noun touzour gard kontak. Tou le dimans mo ti pe vinn kit enn ti manze pou li. Dernye fwa monn trouv li ti le 12 mars», confie Bashir.
Zaid, 42 ans, et son épouse Saamnaz, 39 ans, sont en détention. Le couple – qui habite à Terre-Rouge – fait l’objet d’une accusation provisoire de «murder». Le quadragénaire a refusé de répondre aux questions des enquêteurs, arguant qu’il va le faire en présence d’un avocat. «Mari fam deza ena case lapolis», nous dit Bashir. Zaid et Saamnaz ont effectivement déjà été arrêtés dans une affaire de «larceny with violence». Vêtu d’un burqua, l’homme avait braqué une bijouterie avec la complicité de son épouse.
Selon Bashir, les deux auraient même déjà séquestré leurs propres enfants pour soutirer de l’argent à leurs parents respectifs. Ils auraient fait croire à ces derniers que d’autres personnes avaient kidnappé leurs enfants. «Madam-la sorti dan enn bon fami. Pa kone kouma linn al tonb dan lanfer ladrog li ousi ek so mari. Zot ena enn tifi ek enn garson ki ena plis ki 15 an. Zot nepli Maurice aster. Enn fami inn pran zot inn ale», confie Bashir, la voix cassée par l’émotion après la perte de son «frer».
Les funérailles de Saïd ont eu lieu dans la soirée du 22 mars. Sa dépouille a été exposée au Al Ihsaan Funeral Centre à la rue Magon, Plaine-Verte, avant d’être inhumée au cimetière de Riche-Terre. «Allah inn akord li enn mari gras selman. So lamor inn fer enn gran vandredi zour Jummah an plin mwa Ramadan», se console Bashir.
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