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À l’heure du confinement sanitaire : le quotidien de nos techniciens étrangers chamboulé

22 avril 2020

L’apport des entraîneurs étrangers est devenu une nécessité dans l’encadrement des athlètes à Maurice. Leur recrutement a permis de combler l’écart entre le niveau des sportifs mauricien et l’élite mondiale. L’éclatement du COVID-19 et le confinement ont entraîné la fermeture des installations sportives. Retranchés à la maison, ces techniciens restent, tout de même, très actifs.

 

C’est le cas de Cédric Rouleau, qui chapeaute les pongistes. A Maurice depuis 2017, le Français s’est pleinement adapté à la vie mauricienne. Depuis sa résidence à Roches-Noires, le formateur suit quotidiennement la préparation physique de ses poulains. En contact permanent avec Allan Arnachellum, l’entraîneur national, il veut que ses pongistes restent en forme tout en privilégiant leur sécurité et leur santé.

 

«Ça se passe bien, je suis confiné à la maison avec ma femme et mes deux fils. On s’occupe comme on peut. Il y a le suivi des entraînements sur ’whatsapp’ et aussi sur le plan psychologique, car ce n’est pas évident pour certains joueurs de gérer cette situation, notamment ceux qui sont seuls. Je travaille aussi sur des projets d’avenir, avec de nouvelles approches chez les jeunes sportifs», explique Cédric Rouleau.

 

Très actif dans la vie, le Français commence à trouver le temps un peu long à la maison.  Habitué à entraîner des groupes de sportifs, il jongle entre son travail, les études de ses enfants, et les moments libres en famille.

 

«Chacun a ses occupations. Les enfants ont leurs cours en ligne et moi qui voyage beaucoup en temps normal, je profite de ces moments à la maison pour prendre du recul et travailler sur différents projets. J’ai hâte d’être au 4 mai et de retrouver la salle d’entraînement, même si je pense qu’à la reprise ce ne sera pas comme d’habitude. Dans un premier temps, il faudra observer encore un peu et voir où en est la situation», déclare le coach.

 

Arrivé à Maurice en juin 2015, Roberto Ibanez, le DTN de boxe, suit à la lettre les consignes de sécurité. Le technicien qui réside à quelques minutes seulement du Centre national de boxe à Vacoas, se penche sur l’encadrement de jeunes boxeurs et comment les préparer sur le long terme.

 

«L’idéal est de rester en sécurité chez soi et de suivre l’entraînement des boxeurs à travers les réseaux sociaux tous les jours. En même temps, je profite pour analyser notre approche et voir comment améliorer notre système d’encadrement. J’ai aussi des projets pour les jeunes en commençant par le niveau régional jusqu’à l’élite. Parallèlement, je pense aussi à comment reprendre dans les meilleures conditions possibles», commente Roberto Ibanez Chavez.

 

«Ma famille me manque...»

 

Passionné du noble art, le Cubain a fait le saut à Maurice tout seul alors que sa famille est restée à Santa Clara, à Cuba. Même si ces derniers lui manquent, Roberto Ibanez Chavez avoue qu’il reste en contact permanent avec eux. «Ma famille me manque. Ce n’est pas évident de se retrouver loin d’elle. C’est un choix de carrière que j’ai fait. Mais je leur parle tous les jours et cela me rassure de voir qu’ils sont en sécurité. De temps en temps, ils viennent me rendre visite à Maurice. Sinon j’ai appris à me débrouiller tout seul. A la maison, je m’entraîne, je fais la cuisine et quand il faut sortir pour les courses je prends toutes mes précautions», ajoute le Cubain.

 

Baptiste Leroy, le DTN de judo, est rentré à Maurice le 13 mars après une sortie à l’étranger pour des compétitions internationales. Conscient du danger que représente le coronavirus, le technicien français a aussitôt pris ses dispositions et en a profité pour sensibiliser ses judokas. «En voyant ce qui se passe à l’étranger et que la vie continuait normalement à Maurice, j’ai senti le besoin de nous préparer. Comme le judo est un sport de contact, avec Josian Valère, le président de la fédération et Anom Petrapermal, l’entraîneur national, nous avons changé notre programme d’entraînement et mis en place des protocoles sanitaires. Les jeunes ont rapidement joué le jeu et pour ma part je suis soulagé de ne pas avoir été porteur du virus en revenant à Maurice», confie Baptiste Leroy.

 

Même si les entraînements en commun sont suspendus en ce moment, le coach français a, grâce à l’application Zoom, trouvé le moyen de réunir tout son groupe et de les faire travailler en même temps. Des sessions d’entraînement ont lieu quotidiennement sous la supervision du DTN qui réside à Flic-en-Flac.

 

«Au lieu de s’entraîner tout seul, c’est plus motivant de le faire en groupe et en plus, cela crée une régularité comme à l’entraînement. Ce sont des séances avec un gros volume de travail physique et pour ceux qui ont besoin de faire un peu plus je continue à les suivre après. Outre les entraînements, je m’occupe de sept chiots abandonnés. Deux d’entre eux ont pu être adoptés et j’espère en faire de même pour les autres. Sinon j’essaie d’apprendre une nouvelle langue», dit Baptiste Leroy.

 

Comme beaucoup de gens qui sont à l’étranger, l’entraîneur français est aussi inquiet pour ses proches qui sont en France. Ses parents sont en Normandie et même s’ils sont en sécurité dans leur appartement, Baptiste Leroy aurait préféré que la situation soit meilleure en France. Entre-temps, l’entraîneur tricolore essaie d’avoir de leur nouvelle autant que possible pour se rassurer. C’est le mieux que le DTN puisse faire actuellement en cette période de confinement sanitaire.

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