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11 août 2015 03:04
Les drogues de synthèse font des ravages dans le pays depuis quelque temps. Quel est votre constat de la situation ?
Mes collègues de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU) ont procédé à plusieurs arrestations à ce propos. La situation a évolué depuis 2013. Cette année-là, il y a eu les premiers cas de drogue de synthèse, notamment le cannabis synthétique, plus connu comme le Black Mamba. La police va continuer à pratiquer une politique de tolérance zéro en matière de drogues. L’arrestation récente de trois nouveaux suspects pour possession de cannabis synthétique prouve que la brigade anti-drogue ne chôme pas sur le terrain.
Combien de suspects ont été arrêtés et quelle est la quantité de drogue synthétique saisie par la police depuis le début de l’année ?
À ce jour, les limiers de l’ADSU ont eu 40 cas à traiter. 30 suspects ont été arrêtés. L’année dernière, nous avons recensé 30 cas et 25 suspects avaient été arrêtés. L’ADSU avait recueilli 83 poulia pour environ 403 grammes de cannabis synthétique. En 2013, le bilan était de cinq cas rapportés. Six suspects avaient été arrêtés. Mes collègues de la brigade anti-drogue ont aussi saisi environ 652 poulia de cannabis synthétique.
Quelles sont les mesures prises pour combattre ce fléau ?
La police est constamment sur le terrain pour plusieurs raisons. D’abord, il y a des field officers qui sont à l’écoute et qui vont toujours aux nouvelles. Il y a aussi un gros travail qui se fait au port et à l’aéroport, en collaboration avec d’autres partenaires. Il y a notamment la douane et le ministère de la Santé. Sans compter des échanges d’informations entre la police et des organisations comme la NATReSA. Le but est d’être à l’écoute pour mieux travailler et renforcer nos sources d’information. Je profite de l’occasion pour lancer un appel au public : n’hésitez pas à dénoncer les trafiquants en appelant au 148. Il s’agit d’une ligne gratuite et anonyme.
Quels sont les drogues de synthèse que l’on trouve sur le marché ?
En 2013, il y a eu le Black Mamba. L’année suivante, le Blueberry, la Bombastic, l’Elating 5, le Herbal Haze Blueberry, le Sonic Boom Net, le King Kong Pot-Pourri, le Dutchy et le Black Mamba. Depuis le début de cette année, d’autres noms se sont ajoutés à la liste : Damia, Salvia, Wasaby, Barium, Wasted, Blabla, Gasperaura, Coreara, Eveara Pot-Pourri et C’est pas bien. Les officiers de l’ADSU les ont obtenus après l’arrestation des suspects. Le problème actuel avec les drogues de synthèse, c’est que les composants utilisés sont tous légaux et disponibles sur le marché. Ceux qui commercialisent ces produits font dans l’escroquerie, car ils jouent avec la vie des gens. Ils utilisent de l’acétone ou encore des insecticides pour asperger des feuilles avant de les laisser sécher et de les vendre comme de la drogue de synthèse. Tout récemment, mes collègues ont arrêté un suspect qui avait ajouté de la paille de thé et de l’essence de fraise pour dissimuler l’odeur d’un insecticide. Une loi est actuellement en préparation pour remédier à la situation avant qu’il ne soit trop tard. C’est le ministère de la Santé qui s’en charge.
Quels sont les prix pratiqués ?
Le poulia de cannabis de synthèse se vend entre Rs 250 et Rs 300. Le gramme est proposé entre Rs 3 500 et Rs 4 000.
Pourquoi les jeunes préfèrent-ils les drogues de synthèse ?
Celles-ci contiennent un mélange de produits chimiques et bios. Elles imitent les effets des drogues naturelles, mais sont plus dangereuses. Les drogues de synthèse attaquent directement le cerveau et d’autres parties du corps. Vous avez des hallucinations et les effets durent entre 3 et 5 heures. Le véritable danger, c’est le contenu. Seuls les trafiquants connaissent la composition de ces drogues de synthèse. C’est pour cela que les médecins ont des difficultés à traiter les patients lors de leur admission à l’hôpital. Les drogues de synthèse attaquent principalement le cerveau, le cœur et la pression sanguine.
Votre unité a-t-elle pris des mesures correctives pour mieux contrôler les colis qui entrent au pays ?
L’ADSU fait déjà un travail formidable à l’aéroport. Les limiers vont continuer à faire le profiling de certains passagers à l’allure louche. Les policiers vont continuer les fouilles. Des valises seront aussi scannées en collaboration avec la douane et les services postaux. Plusieurs officiers de l’ADSU sont présents en permanence avec des chiens renifleurs. Tous les sacs ou colis suspects sont systématiquement fouillés. Les déchets émanant des avions ou des bateaux sont également analysées. La brigade anti-drogue veille au grain au port et à l’aéroport. Cela inclut les services postaux.
Que fait l’ADSU pour sensibiliser les jeunes au problème des drogues de synthèse ?
Nous avons déjà animé plusieurs séminaires et conférences sur le sujet, avec les élèves du secondaire principalement, en collaboration avec le ministère de la Santé et la NATRESA. Nous abordons les méfaits de la drogue sur la santé d’une personne, sur sa famille et sur la société. Depuis le début de l’année, nous avons déjà touché 6 627 jeunes. L’année dernière, nous avons eu des séances de travail avec 21 505 personnes, alors qu’en 2013, nous avons parlé à 54 434 élèves des différents collèges et centres de jeunesse de l’île. L’ADSU prévoit d’autres séances de travail.
«État policier», «amateurisme», «incompétence des enquêteurs», «mode de fonctionnement qui laisse à désirer» : la police est critiquée de part et d’autre depuis quelque temps. Lors d’une conférence de presse le vendredi 31 juillet, Rama Valayden a évoqué le sujet. Tout comme le leader de l’opposition, Paul Bérenger, lors d’une rencontre avec la presse le lendemain. Tous deux parlent de la nécessité d’une réforme au sein de la police.
Du côté des Casernes centrales, on n’y est pas insensible. Selon nos informations, le commissaire de police va bientôt présenter un policing plan pour les trois années à venir. Ce plan, apprend-on, était déjà en préparation avant que la proposition ne tombe.
Depuis son accession à la tête des Casernes centrales, Mario Nobin (photo) a eu pas mal de défis à relever, notamment en ce qui concerne la réorganisation de la force policière. Mais aussi au niveau des méthodes d’investigation, de la lutte contre les trafics de produits ilicites, de la consommation de drogues et de l’amélioration de la proximité avec la population. Le policing plan a pour objectif d’augmenter la confiance du public en la police, d’inciter les victimes à dénoncer les crimes, de diminuer les plaintes contre la police, d’améliorer la qualité du service et de soigner la façon de mener des enquêtes avant de traduire les suspects devant la justice. Il vise également à améliorer la formation des policiers, avec de nouvelles techniques d’investigation.
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