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8 décembre 2024 14:35
Dans leur yeux de maman : des étincelles. Dans leur cœur : un tourbillon d’émotion. C’est toujours ainsi quand Marguerite Casquette, 64 ans et Marie-Josée, 70 ans, parlent de leurs fils respectif : Yannick et David. «Comme toutes les mamans lorsqu’elles parlent de ceux et celles à qui elles ont donné la vie», nous disent les deux mères très émues. Car ces dernier temps, leur fierté et leur amour sont amplifiés car elles sont surtout sollicitées, par les médias, pour parler de leurs enfants respectifs qui en ce dimanche 8 décembre seront ordonnés prêtres; un événement pour le diocèse de Port-Louis, qui après 16 ans vivra une double ordination. Et si le Thabor vibrera en ce dimanche au rythme de ces ordinations qui s’annoncent festives, c’est aussi la fête chez les Casquette à Engrais Martial à Castel et chez les Chung à Baie-du-Tombeau. Marguerite Casquette, et son époux Daniel, 75 ans, en savent quelque chose. «Yannnick, notre aîné de 42 ans (ils ont aussi une fille Prisca, 39 ans) s’apprête à vivre une étape très importante dans sa vie. Toute la famille y compris notre petit-fils Ethan, 7 ans, le filleul de Yannick, vivra ce moment avec lui avec beaucoup d’amour», nous confient Marguerite et Daniel.
Difficile pour la maman de Yannick de ne pas verser quelques larmes quand elle parle de cet événement pour sa famille. «Je suis habitée par une joie immense et une émotion très forte. Toute la famille vit cette étape dans la vie de Yannick, de façon très intense. À chaque fois qu’on voit ou entend quelque chose qui a trait à l’ordination, je me sens concernée et touchée jusqu’à verser une larme. Toute la famille est heureuse pour Yannick. On le voit se préparer et plus le moment approche, on est contents et fiers de son cheminement... Je ne peux pas décrire la profondeur de la joie qui nous anime tous...», nous dit Marguerite en sanglot.
C’est en pesant chacun de ses mots qu’elle nous raconte son Yannick, ce jeune homme qui sera sous les feux des projecteurs. «Je suis une maman et bien évidemment pour moi, li enn bon garson. Yannick est très farceur. Il est aussi toujours prêt à aider. C’est peut-être ce trait de caractère qui fait qu’il a emprunté le bon chemin. Il est toujours présent pour les personnes en difficultés. Il aime bien faire rire mais il a aussi un côté très sérieux dans sa façon de gérer les choses et est très discipliné. Pour lui, et c’est le cas depuis toujours : un chat est un chat. Il est toujours franc et n’aime pas l’hypocrisie. Tous ceux qui le connaissent le savent. C’est aussi quelqu’un qui aime bien faire la cuisine. C’est son passe-temps. Il aime également regarder des films, des séries et particulièrement les comédies, les films d’aventures et les Marvels. Quand il vient à la maison lorsqu’il est en congé, il aime bien visionner les séries comme Dragon Ball Z. Souvan mo tann li pe riye, riye, riye ek kan mo al get li, mo trouv li devan so bann ti fim komik», nous confie Marguerite en partageant avec nous une anecdote autour de son fils qui est, raconte-t-elle, un grand fan de Kung-Fu Panda : «Même s’il l’a déjà vu plusieurs fois, il trouve beaucoup de plaisir à le revoir. Et c’est comme ça depuis qu’il est tout petit. Il a gardé en lui une part de son enfance. Et ce sont tous ces traits de caractères qui font de Yannick, ce qu’il est aujourd’hui.»
Pour Marguerite, son fils a suivi son cœur : «Depuis longtemps, j’ai senti que la prêtrise était le bon chemin pour lui. Je le sentais, je le sentais très fort. Je lui posais souvent la question et je lui disais : «garson, to pou vinn pret?» Je ne sais pas pourquoi mais j’ai vu cela en lui et depuis, il a fait son chemin en suivant les différentes étapes que ce soit avec le Camp Jonas ou encore au sein de GDR (Groupe de recherche), entre autres, jusqu’à Nantes pour faire ses études comme séminariste. Même si lui ne le disait pas, je savais qu’il allait devenir prêtre et c’est un vrai bonheur pour moi...»
Elle est convaincue que son fils sera digne de sa nouvelle mission : «Il sera un bon prêtre parce qu’il a toujours eu à cœur le bien-être des autres. Que ce soit pour les petits, les jeunes, les plus grands ou encore les personnes âgées, il s’intéresse beaucoup à eux. Il parle beaucoup de la famille. Quand il voit des parents avec des enfants qui se sont égarés, on sent qu’il se sent blessé. Il se sent concerné. Il a envie de se mettre au service des autres et on sent cette envie chez lui. Il prend aussi beaucoup de plaisir à rendre visite aux personnes âgées et à leur parler. Il aime aussi avoir de l’attention pour les plus démunis. Il se donne toujours à fond... Je me dis que si Jésus l’a choisi, c’est pour toutes ces qualités. Et cette façon d’être, ça ne date pas d’hier ou de quelques mois, il est comme ça depuis toujours. Voilà 11 ans, que Yannick a choisi d’emprunter ce chemin qui lui procure beaucoup de bonheur. Il a été patient et aujourd’hui c’est son moment.»
Bien évidemment, Marguerite souhaite le meilleur à Yannick. «En tant que maman, je suis heureuse et touchée parce que je le sens et le vois heureux. Il est épanoui et pour moi, c’est la plus grande des satisfactions. Le plus beau des cadeaux. Quand il vient à la maison, et quand il partage avec nous, ce qu’il a fait, on sent à quel point il aime la voie qu’il a choisie. Je vois de la lumière dans ses yeux et de l’amour dans sa voix. Je lui souhaite de poursuivre son chemin avec l’amour de Dieu et qu’il réussisse dans son ministère... On va le soutenir à jamais. Il nous a fait confiance, à nous ses parents et nous aussi nous lui faisons confiance et nous savons qu’il va être à la hauteur de sa nouvelle tâche...», nous dit cette heureuse maman aux côtés de son époux Daniel qui ne cache pas non plus sa fierté pour son fils : «J’ai beaucoup d’émotion en moi. Je souhaite que Dieu veille sur lui et qu’il avance sur le chemin qu’il a choisi d’emprunter. Je sais qu’il est très attentif et très rigoureux. Je suis très fier de l’homme qu’il est devenu. Quand il était petit, je passais beaucoup de temps avec lui. Mon épouse travaillait et comme moi, je travaille à mon compte à la maison, j’arrivais plus facilement à dégager du temps pour aller le quitter à l’école et le récupérer après. C’est ainsi que je l’ai vu grandir. Ça a développé un attachement particulier entre nous...»
Du côté de Baie-du-Tombeau, chez les Chung, ce dimanche sera aussi très riche. Marie-Josée Chung, 70 ans et Maxime, 70 ans savoureront chaque seconde du grand jour de David, 43 ans. «C’est notre enfant unique. Depuis sa naissance jusqu’à ce jour, ça a été une préparation pour moi. Il y a eu des hauts et des bas, mais tout cela c’est pour aboutir à son choix de vie qui culmine avec son ordination comme prêtre. Il va évangéliser et faire vivre la parole de Dieu dans le cœur de chacun et pour moi, sa mère, pour nous ses parents, c’est une grande satisfaction. Le seigneur nous a aidés, à travers le père Antoine Law, parce que c’était difficile de le voir partir pour ses études. Mais on a été bien encadrés», nous confie Marie-Josée en revenant sur le parcours de son fils : «On n’a pas eu de gros souci avec lui, même à l’adolescence. Il a toujours été un bon élève et il a toujours été là pour m’aider. C’est quelqu’un qui a toujours su communiquer. C’est pour moi, sa plus grande qualité. Il a toujours ressenti de l’amour pour les autres», poursuit l’habitante de Baie-du-Tombeau en revenant sur un moment clé pour elle. «Il y a une histoire qui m’avait marquée quand il était enfant. Ça m’avait frappée à l’époque et ça m’a toujours accompagnée. Quand David était enfant, quand il avait 3 ans et qu’il était à la maternelle, il rentrait les après-midis et me parlait de ses amis. Un jour en revenant de l’école il m’avait lancé : maman tu sais, mon frère Muzzamil a fait ceci, a fait cela... Ce qu’il avait dit m’avait touchée. Pour lui, Muzzamil était son frère. Il parlait des autres en les appelant mon frère et ne faisait pas de distinction en terme de communauté et autres. Cela m’avait beaucoup touchée. En mon for intérieur, je souhaitais qu’il garde toujours cette pensée que tout le monde est son frère, sans regarder la couleur de peau ou la religion. Avec lui, il n’y a pas de communauté ni de race. C’était formidable pour moi. Et aujourd’hui, il applique toujours cette pensée», raconte Marie-Josée, la voix remplie de soleil en se souvenant du cheminement de David. «Il a eu une vie avant de rentrer au séminaire. Il a été à Singapour pour étudier. Il a travaillé et tout. Mais il y avait quelque chose qu’il ne pouvait pas combler en lui. Il y avait comme un manque. Il n’était pas heureux. Autre chose qui m’a manqué ces dernières années, c’est quand un jour après la messe, le prêtre Antoine Law, s’est arrêté au niveau de mon fils pour lui parler. Après David, qui a toujours été actif au sein de la paroisse de Saint-Malo à Baie-du-Tombeau m’a dit que le père lui avait demandé de venir aider les jeunes au niveau de la paroisse et il m’a dit qu’il a répondu au prêtre qu’il n’était plus tout jeune. Un autre jour dont je me souviendrai très bien c’était quand il m’a ouvert son cœur sur son choix de se faire prêtre. C’était un dimanche après le chemin de croix du quartier pour le Dimanche des Rameaux. Après, il est venu vers moi, il m’a dit maman, je vais rentrer au séminaire. Je ne m’attendais pas du tout. Il avait alors 37 ans et ça a été un moment très intense en émotion. Je me disais que ce n’était pas évident à son âge de retourner à apprendre mais lui m’a rassurée en me disant que tout était prêt», poursuit Marguerite en étant très fière. «Tout ce que je lui souhaite, c’est d’être heureux. Quand une maman met un enfant au monde, c’est ce qu’elle souhaite plus que tout», conclut-elle de l’amour dans la voix...
L'Eglise catholique compte à partir de ce dimanche 8 décembre deux nouveaux prêtres. David est né le 17 février 1981. Il a étudié au collège Royal de Port-Louis, et à par la suite mis le cap sur Singapour en l’an 2000 pour ses études universitaires. Il détient un Bachelor of Arts de la National University of Singapore avec une double spécialisation en «Information and Communications Management» et en psychologie. Il a travaillé à Singapour jusqu’à 2007 et est retourné au pays en 2008 où il a pris de l’emploi dans des entreprises bancaires (notamment la HSBC, Standard Bank et la Barclays successivement). Il a aussi été engagé dans quelques domaines dans sa paroisse : bénévole à la bibliothèque paroissiale comme enfant et adolescent, et ensuite comme lecteur à la messe. En mars 2013, il a fait le parcours Zezi Vre Zom et au courant de la même année il a débuté un cheminement au sein du Service des Vocations du Diocèse de Port-Louis.
Yannick Casquette de son côté a fréquenté l’école primaire Saint-Esprit RCA, à Eau-Coulée, et le collège La Confiance au niveau secondaire. Après ses examens de HSC en 2002, il a pris de l’emploi dans la Compagnie Mauricienne de Textile à Phœnix dans le département de maintenance et d’ingénierie. Simultanément, il a suivi des cours en informatique au DCDM Business School où il décroche son diplôme en I.T. Après la CMT, il a travaillé à la Pharmacie Nouvelle Ltée (PNL) et est ensuite engagé par la société Capital Touch Ltd pour évoluer dans le domaine de l’informatique où il a touché à tout, (graphisme, vidéo, audio et programmation) jusqu’à la fermeture de la boîte. Ensuite, il travaille à Esokia Ltd comme développeur web pendant 4 ans. Il s’est lancé par la suite en freelance, puis est rejoint par d’autres amis développeurs pour monter leur startup, Mawii Ltd. C’est à l’issue d’une série d’événements marquants dont les Journées mondiales de la jeunesse de Sydney (2008), Madrid (2011) et Rio de Janeiro (2013), qu’il a entamé le parcours de discernement vocationnel.
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