Publicité

Mervin Anthony aux politiciens : «En tant qu’handicapés, ce pays nous appartient également»

27 octobre 2014

Vous êtes sourd, jeune et un fervent militant de la cause des handicapés. Quel constat faites-vous de la réalité des autrement capables dans l’île ?

 

Les handicapés sont victimes d’un système qui favorise un développement économique et sociétal à deux vitesses, qui tient le pays en otage.  Avec un système qui favorise uniquement l’émancipation de ceux qui appartiennent à la haute société, c’est tout à fait logique que la pauvreté augmente de jour en jour. Les handicapés font majoritairement partie des plus pauvres et sont ainsi les plus vulnérables de la société. L’État devrait assumer ses responsabilités par rapport à ses obligations envers les Nations unies, pour nous protéger davantage. Hélas, certaines institutions qui sont supposées nous protéger, bafouent nos droits fondamentaux et favorisent constamment les abus de notre vulnérabilité. 

 

Est-ce que suffisamment est fait, selon vous, pour le bien-être des handicapés ?

 

Je ne passerai pas par quatre chemins pour dire que rien n’est fait pour promouvoir le bien-être des handicapés. J’irai même plus loin en disant que le système actuel favorise notre mal-être. Les amendements apportés à la Training and Employment of Disabled Persons Board Act bafouent le droit des handicapés à l’emploi, protègent les employeurs et ridiculisent le devoir de l’État, envers les Nations unies, de promouvoir notre accessibilité à l’emploi. La contravention que doit débourser un employeur pour chaque handicapé qu’il refuse d’employer afin d’être en conformité avec la loi, par exemple, est de Rs 4 000. C’est une somme que je trouve ridicule.

 

Le pays est actuellement en campagne électorale. Quelles sont les attentes des personnes qui sont dans la même situation que vous ?

 

Cette campagne ramène plusieurs questions au tapis. Déjà, les droits des handicapés sont constamment bafoués, avec un système sans issue. Qu’adviendra-t-il de nos droits sous un système présidentiel à plein pouvoir ? Et puis, l’opposition traditionnelle n’est guerre rassurante.

 

Quel message lancez-vous aux différents partis politiques et que devrait, selon vous, être la priorité concernant les droits des autrement capables ?

 

Le principe de la Convention des Nations unies sur les droits des handicapés est clair : nothing for us without us, en incluant des décisions ministérielle et parlementaire. En tant qu’handicapés, ce pays nous appartient également. Je lance aussi un appel aux autres blocs afin qu’ils favorisent une société inclusive et un Disability Friendly Economic Development.

Publicité