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15 décembre 2015 12:44
Le cap de la première année est passé. Exit la période d’adaptation, les questionnements et les balbutiements. L’euphorie de la victoire du 10 décembre 2014 est maintenant loin derrière. Chacun a eu le temps de trouver ses marques. Le gouvernement formé par l’Alliance Lepep tient maintenant les rênes du pays depuis 12 mois. L’heure est donc au bilan. Est-ce que les résultats sont visibles ? Les promesses ont-elles été tenues ? Est-ce que l’équipe en place a convaincu ? Est-elle à la hauteur ?
Des questions d’autant plus légitimes que c’est sur fond de polémiques que s’est déroulée cette première année de la mandature de sir Anerood Jugnauth. En vrac, on retiendra notamment l’affaire BAI, le«nettoyage»du pays qui s’apparente pour beaucoup à une «vendetta politique»,les conflits entre le MSM et le PMSD, les propos choquants d’Anil Gayan et de Showkutally Soodhun, les passe-droits dans plusieurs secteurs, la mauvaise gestion de la MBC, la controverse autour de la loi sur l’enrichissement illicite, les licenciements et le taux de chômage, ou encore l’abattage des chauves-souris.
Cette première étape franchie, chacun défend sa paroisse et le travail accompli. Et comme qui dit anniversaire, dit vœux, nous avons demandé à quelques ministres ce qu’ils souhaitent à Maurice pour les années à venir.
Première destination : le ministère de l’Industrie, du commerce et de la protection des consommateurs. Pour Ashit Gungah, le voyage de l’alliance au pouvoir a bien commencé. «2015 a été l’année du nettoyage de nos institutions. Nous avons aussi jeté les bases pour porter le pays vers le deuxième miracle économique avec l’Economic Mission Statementdu Premier ministre qui a établi la direction économique et sociale du gouvernement», souligne-t-il. Et au moment de retenir son souffle pour faire son vœu, il pense tout de suite au taux de chômage : «Nous aurons beaucoup de défis à relever, surtout pour la création d’emplois qui demeure une de nos priorités. 2016 sera pour moi l’année de la reconstruction d’une autre île Maurice qui sera économiquement plus forte et où il y aura plus de justice sociale. Je n’ai aucun doute qu’on va réussir.»
Le souhait immédiat d’Aurore Perraud, ministre de l’Égalité du genre et du développement de l’enfant, porte également sur l’emploi : «Mon vœu, c’est qu’il y ait du travail pour tout le monde, mais je souhaite aussi qu’il y ait plus de développements pour le pays.»Les 365 jours écoulés ont été, dit-elle, «très challenging» : «On a hérité d’un gros chantier, le travail s’est fait et va continuer à se faire. Pour ma part, je qualifierais cette première année de satisfaisante. Je suis contente du travail abattu, surtout en ce qui concerne le dossier des shelterspour les enfants, qui me tenait beaucoup à cœur.»
Au ministère de l’Intégration sociale et de l’autonomisation économique, Pradeep Roopun se montre tout aussi satisfait et optimiste. Pour lui, cette première année a été pleine de défis et il a fallu «instaurer une base de travail solide», «primordiale»pour pouvoir «passer à la vitesse supérieure». L’avenir, selon lui, s’annonce sous de bons auspices. «Mon souhait, c’est qu’on puisse, avec le gouvernement, vite faire ce qu’on a promis. Il a fallu mettre de l’ordre à plusieurs niveaux et maintenant le travail continue et le peuple verra très vite les résultats. On n’a pas fait des promesses dans le vide.»
Les pensées de Sunil Bholah, ministrede l’Activité économique, del’entrepriseet des coopératives, se tournent vers la satisfaction des Mauriciens : «J’espère que le peuple peut maintenant se dire qu’il a fait le bon choix et que nous sommes le gouvernement auquel il s’attendait.» L’année prochaine sera celle de l’action : «Dès janvier 2016, on va tous passer à la vitesse supérieure. L’année écoulée m’a permis de m’adapter aux rouages du secteur des coopératives. Je peux dire maintenant que je maîtrise tous les dossiers sur le bout des doigts.»Comment cette «maîtrise» va-t-elle se transformer en réalisations concrètes ? «Dans le secteur dont je m’occupe, je vais miser sur la formation et la modernisation. Ainsi, il est prévu que le monde des coopératives passe par l’informatisation.»Son vœu pour les mois à venir : «Que les Mauriciens nous soutiennent dans notre volonté de faire de l’île un endroit où il fait bon vivre.»
Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, formule également un vœu de progrès et d’harmonie : «Je souhaite à Maurice de prospérer, d’avancer dans la bonne direction et que nous continuions tous à vivre ensemble dans ce pays. C’est très important, surtout lorsqu’on voit ce qui se passe un peu partout dans le monde. En tout cas, le gouvernement va continuer à œuvrer dans ce sens pour maintenir l’harmonie sociale.» Pour lui, combattre le chômage reste une priorité : «Il y va du feeling good factordes Mauriciens.»Quant aux dossiers qui auront toute son attention, il cite, entre autres, «la réhabilitation des îlots autour de l’île et celle du Jardin de Pamplemousses pour lequel je fais venir un expert paysagiste».
Prem Koonjoo, ministre de l’Économie océanique, des ressources marines, de la pêche, du transport maritime et des îles éparses, place lui aussi les mois à venir sous le signe du travail, après une période de réajustement : «Au cours de l’année écoulée, on a dû faire de gros nettoyages, car dans certains départements, il y avait beaucoup de pourriture. Ça y est, on a mis de l’ordre.» Son vœu : «Que l’équipe en place continue à travailler ensemble. On va passer à la vitesse supérieure et même mettre les bouchées doubles.»
Quel bilan faites-vous de la première année du gouvernement ? Nous avons posé la question à deux observateurs politiques.
«C’est un bilan plutôt correct, avec le respect de plusieurs des promesses électorales, la mise en place d’un certain nombre de projets qui verront le jour ou qui porteront leurs fruits dans les années à venir, et surtout une opération ‘‘nettoyage’’ comme jamais auparavant, pas même en 1982 après le premier 60-0 de l’histoire. Toutefois, beaucoup de gens se plaignent au niveau de l’emploi et c’est tout à fait normal, car il s’agit de bread and butter issues. Jugnauth I, dans les années 80, a su relever le lourd défi du chômage et tout porte à croire que les gros chantiers récemment mis en place et les mesures à succès comme le Youth Employment Programme donneront de plus en plus d’emplois tant aux jeunes qu’aux moins jeunes. À vrai dire, je me demande s’il existe de vrais chômeurs à Maurice, c’est-à-dire des gens sans emploi aucun, comme c’était le cas dans les années 80. Ce que je note surtout, et cela est inquiétant, c’est la précarité de l’emploi, la débrouillardise obligée et les petits boulots sans réels lendemains. C’est l’emploi durable qui est véritablement le gros défi ! Quand il y a l’emploi durable, il y a forcément un sentiment de happinesschez les gens et dans les familles. Et ce regain de sentiment positif est ultra nécessaire pour le bon fonctionnement du pays. Quand les gens regagnent confiance en eux, cela crée des énergies positives dans toutes les sphères de la société et tout le monde est gagnant au final. Si d’ici 2019, le gouvernement Lepep arrive à rendre les gens heureux, il restera au pouvoir pour un moment encore... Souvenez-vous de la fin des années 80 et du début des années 90 où très peu de gens se plaignaient et que les grands chantiers de l’île Maurice moderne venaient d’être mis en place. C’est une question de cycle avec les bonnes décisions du moment...»
«L’augmentation de la pension de retraite et l’exposition des actifs financiers de l’ancien Premier ministre ont contribué à la popularité du gouvernement. Toutefois, les Mauriciens ont commencé à grogner en raison de l’absence de mesures concrètes pour redresser l’économie et même après la présentation du Budget. La performance de certains ministres est aussi décriée.»
Alors que le gouvernement vient de fêter son premier anniversaire, Paul Bérenger, hier en conférence de presse, brossait un tableau noir de la situation dans le pays. Selon lui, Maurice a fait son entrée dans le livre Guinness des records. «Jamais un gouvernement n’a autant dégringolé en un an», a-t-il affirmé.
Shakeel Mohamed, chef de file du PTr au Parlement, a aussi commenté le bilan du gouvernement lors d’une conférence de presse vendredi. «Au lieu de création, il y a eu des pertes d’emploi. Au lieu d’investissement, il y a eu désinvestissement. Des promesses n’ont pas été tenues par l’Alliance Lepep. Des proches des ministres obtiennent des emplois», s’est-il insurgé.
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