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8 novembre 2016 17:56
L’horreur s’est invitée dans leur vie et leur univers a basculé. Depuis, les questions se bousculent dans leur tête : comment ? Pourquoi ? Mais les réponses, quand il y en a, enfoncent un peu plus àchaque fois les Bhoyjoo dans le désespoir depuis ce vendredi 4 novembre tragique. Ce jour-là, le cadavre de Reena Rungloll, née Bhoyjoo, 34 ans, a été retrouvé dans un champ de cannes, à Trianon, à proximité du Bagatelle Dam. C’est son amant, Jimmy Amlesh Mahadeo, qui a conduit les enquêteurs à cet endroit après avoir avoué l’avoir tuée et avoir brûlé son corps. Cettemère de deux jeunes enfants– sa fille est en Std IVet son fils vient de participer aux examens du CPE – était portée disparue depuis le lundi 31 octobre.
Aussitôt l’information relayée par les médias, l’espoir de cette famille de Camp Samy, àMoka, de revoir Reena saine et sauve s’est envolé àjamais. Celui-ci a été remplacé par les cris, les pleurs, ladésolation, le choc, la révolte… En ce vendredi après-midi, la nouvelle vient de tomber chez les Bhoyjoo, les terrassant complètement. Affalée sur un sofa, entourée de ses voisins et des membres de sa famille, Anita Bhoyjoo est en pleurs. La mère de Reena, le visage déformé par le chagrin, ne trouve pas la force pour exprimer sa souffrance. Seules les larmes qui coulent à flots sur ses jouestémoignent de sa douleur.
Au fond d’un couloir, Manish, le frère de la jeune femme assassinée, est au téléphone et s’enquiert des derniers développements dans l’affaire. Appuyé contre le mur, il semble porter tout le poids du monde sur ses épaules tant les nouvelles sont dures et cruelles. Sa sœur aînée a été poignardée par son amant qui, a-t-il dit aux enquêteurs, la soupçonnait d’avoir une autre liaison. Il a ensuite brûlé le corps dans un champ de cannes, sur un bûcher funéraire improvisé à partir de morceaux de caoutchouc et de bois. Une horrible fin pour la jeune femme.
Ramesh, le père de Reena, nage lui aussi en plein cauchemar. Il nous reçoit dans une chambre située au bout d’un couloir pour évoquer le souvenir de sa fille bien-aimée. «Elle était une amoureuse de la vie. Une passionnée qui voulait le bonheur de ses enfants qu’elle adorait. Elle aimait les sorties entre amis et faisait aussi du jogging presque tous les jours pour maintenir la forme. Son départ laisse un grand vide dans nos vies et dans nos cœurs», pleure-t-il àchaudes larmes.
La voix brisée par le chagrin, il refait le fil des événements de cette tragique semaine. Tout a commencé le lundi 31 octobre. «La veille, pour Divali, ma fille était chez moi et avait apporté des gâteaux. Elle m’avait informé qu’elle avait pris un congé le lendemain et qu’elle comptait sortir. Son fils se trouvait chez des proches et sa fille était avec elle. Elle m’a expliqué qu’elle comptait laisser la petite chez une amie proche avant de sortir lundi et qu’ensuite, elle allait la récupérer dans l’après-midi», confie le père de famille, sous le choc.
Mais contrairement à ses habitudes, Reema n’est pas rentrée ce soir-là. «À22 heures,son amie m’a appelé pour me dire qu’elle n’avait pas récupéré son enfant. C’était inhabituel. J’ai commencé à m’inquiéter.»Pratiquement au même moment, la nouvelle parvient à Kaviraj Rungloll, l’époux de Reena, qui juge utile de signaler sa disparition à la police. «On m’a demandé si je soupçonnais quelqu’un de l’avoir enlevée ou de lui avoir fait du mal. J’ai collaboré avec les enquêteurs et je leur ai donné le nom de Jimmy Mahadeo avec qui ma femme entretenait une relation extraconjugale. Ce sont mes informations qui ont conduit la police sur sa piste», nous confie Kaviraj Rungloll qui précise que leur mariage battait de l’aile depuis plusieurs mois. Et ce, après 11 ans de vie commune. Interrogé, Jimmy Mahadeo a d’abord nié mais a fini par avouer son meurtre après que les enquêteurs ont retrouvé des traces de sang dans son 4x4 (voir hors-texte).
La famille de la victime connaît bien Jimmy Mahadeo qui habite lui aussi à Moka. Manish, le frère de Reena, fait ressortir qu’ils se sont côtoyés lors de différents tournois de football organisés dans la région. «Personne ne l’aurait cru capable d’une telle atrocité. Il a toujours été respectueux. Mais comme on dit, on ne peut jamais savoir de quoi une personne est capable.»Ramesh Bhoyroo abonde dans le même sens. «Il travaillait dans la même entreprise que ma fille il y a plusieurs années. Reema a ensuite démissionnémais ils sont restés en contact et Jimmy offrait de temps en temps des liftsà ma fille le matin lorsqu’elle se rendait à son travail. Puis, je ne sais pas ce qui s’est passé entre eux. En tout cas, mon enfant ne méritait pas de connaître une fin aussi atroce. Elle aimait ses deux enfants par-dessus tout et ne les aurait jamais laissés.»
De son côté, Ansha, la sœur de Reena, réclame justice pour cette dernière etun durcissement des lois pour combattre la violence envers les femmes. «Ce crime ne doit pas rester impuni. La justice doit faire son travail car on ne peut pas ôter la vie gratuitement. On souffre et personne ne pourra nous ramener notre sœur», lance-t-elle amèrement.
Originaire de Moka, Reema Rungloll a grandi dans cette paisible localité et a fréquenté l’école primaire de Bois-Chéri. Elle a ensuite étudié au collège Eden à Rose-Hill avant de mettre un terme à ses études après son School Certificate. Après un premier emploi, elle a décroché un autre job à la Bourse de Maurice où elle travaillait jusqu’à sa disparition. Aînée d’une fratrie de trois enfants, elle laisse derrière elle deux enfants privés à jamais de l’amour de leur maman.
Le 19 septembre, Reena Rungloll avait fêté ses 34 ans. Un peu plus d’un mois plus tard, sa vie s’est arrêtée tragiquement, laissant une famille à jamais meurtrie par ce drame.
Elle avait décidé de mettre un terme à cette relation extraconjugale. Et n’avait pas l’intention de répondre positivement à la proposition de son amant d’emménager avec lui dans une maison. Reena Rungloll avait décidé de fermer définitivement ce chapitre et de tourner la page. C’est ce qu’elle aurait fait comprendre à son amant Jimmy Amlesh Mahadeo, 36 ans, lors de leur rencontre le lundi 31 octobre. C’est du moins la version avancée par ce dernier lors de son interrogatoire par la CID de Moka le vendredi 4 novembre.
Arrêté la veille, dans le cadre de l’enquête sur la disparition de Reema Rungloll, l’homme a fini par avouer l’avoir poignardée accidentellement lors d’une dispute le lundi 31 octobre, alors qu’ils se trouvaient dans son véhicule àRéduit. Selon lui, il aurait prié la jeune femme de s’expliquer à propos d’un SMS qu’elle aurait reçu ce jour-là. Et, devant son refus, une dispute aurait éclaté et elle se serait saisie d’un couteau qui se trouvait dans son véhicule. Il aurait tenté, dit-il, de reprendre le couteau de la jeune femme et ce faisant, il l’aurait accidentellement blessée au cou. Saignant abondamment, elle aurait rendu l’âme quelques minutes plus tard.
Pour dissimuler le corps de sa victime, Jimmy Mahadeo s’est dirigé vers un champ de cannesoùil a creuséun trou et improvisé un bûcher funéraire avec des morceaux de bois et de caoutchouc. Puis, il est rentré tranquillement chez lui avant d’être arrêté le jeudi 3 novembre.
C’est en se basant sur des éléments fournis par le mari de la victime que la police a pu appréhender le suspect qui, au départ, a nié toute implication dans cette affaire. La police a soumis son véhicule à un examen approfondi, utilisant la méthode de Bluestar Forensicqui a révélé des traces de sang dans le coffre. Mis devant les faits et soumis à un interrogatoire serré, Jimmy Mahadeo a fini par révéler son jeu de piste macabre aux enquêteurs. Le vendredi 4 novembre, il a conduit les enquêteurs sur le lieu de l’altercation mortelle avant de les diriger vers un champ de cannes où il a voulu faire disparaître le corps de la victime en y mettant le feu.
Jimmy Amlesh Mahadeo, marié, père d’un enfant et travaillant à son compte, reste en détention policière en attendant sa prochaine comparution en cour fixé au 11 novembre. Les restes calcinés de Reena Rungloll ont été envoyés à la morgue de l’hôpital Candos pour être examinés mais la cause du décès n’a pu être établie. Ses restes ont ensuite été envoyés au Forensic Scientific Laboratory pour des analyses plus approfondies.
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