Souffrance, colère, regrets… Les mots ne sont pas assez forts pour décrire le cauchemar que vivent les Basama depuis quelques jours. Le mardi 26 septembre, la benjamine de la famille est morte dans des circonstances atroces. Shalina Seetal, née Basama, 25 ans, aurait été étranglée par Swaraj, 21 ans, qu’elle avait épousé, il y a à peine deux mois. L’homme a ensuite voulu faire croire à un suicide. Mais les policiers n’ont pas été dupes. À leur arrivée sur place, le corps n’était plus accroché, il n’y avait pas d’antivols ni aucun autre endroit dans la pièce pour accrocher une corde et l’autopsie a vite confirmé le meurtre par «compression of the neck».
L’époux a été arrêté sous une accusation provisoire d’assassinat. Sa mère Brinda, 41 ans, est, elle aussi, écrouée sous une accusation provisoire de complicité. Elle est soupçonnée d’avoir voulu aider son fils à maquiller le meurtre en suicide. La Major Crime Investigation Team (MCIT) consignera la version officielle de Swaraj Seetal, ce lundi 2 octobre, en présence de son avocat Ritesh Samputh (voir hors-texte) mais une source policière nous indique qu’il a déjà «partly confessed» les faits.
Swaraj Seetal fait l’objet d’une accusation provisoire d’assassinat après avoir étranglé son épouse.
Le jeune homme a confié aux enquêteurs avoir tué son épouse lors d’une dispute. Il s’était rendu, dit-il, dans une maison de jeux avec un ami après le travail lorsque son épouse lui a parlé par video call pour savoir où il se trouvait. Il lui a dit qu’il allait rentrer incessamment. Après avoir perdu tout son argent, il serait rentré chez lui dans un état second, selon une source, pour réclamer encore de l’argent à son épouse. Swaraj Seetal serait connu dans sa localité comme un flambeur qui aurait aussi un penchant pour les drogues de synthèse. Face au refus de son épouse de lui donner de l’argent pour aller jouer à nouveau, il se serait mis dans une grande colère et l’aurait étranglée.
Depuis ce triste jour, l’existence des Basama a basculé dans un cauchemar sans fin. Tout n’est que cris de douleur et larmes chez cette famille de Trois-Boutiques. «Li ti kit nou lakaz kouma enn ti la renn. Get kinn ariv li. Si nou ti kone pou ariv tousala zame nou pa ti pu les li ale. Nou fami dan enn soufrans terib», pleure amèrement la grand-mère paternelle de Shalina, une octogénaire.
Son départ de la maison fut pour le moins rapide, à en croire ses proches. «Ma sœur nous a dit, il y a quelques mois, qu’elle aimait un garçon. Ils se sont fiancés le 8 avril. Une semaine plus tard, la famille du garçon a fixé la date du mariage au
29 juillet. Deux mois plus tard, Shalina est morte tragiquement. C’est très dur pour nous tous. Ma sœur était vraiment adorable. Elle était une enfant gâtée car elle était la benjamine de trois filles», confie sa sœur cadette, terriblement affligée.
«Nous regrettons…»
Après avoir appris la terrible nouvelle, elle est rentrée en catastrophe de La Réunion où elle était en vacances. Sa sœur aînée est également rentrée précipitamment d’Angleterre, où elle vit, pour assister aux funérailles. «Chaque fois qu’on évoque son nom, il y a une personne qui fond en larmes dans la famille. Elle n’a jamais manqué de rien dans notre maison. Ma sœur était une personne exceptionnelle et brillante. Elle a pris de l’emploi dans une banque après avoir décroché un diplôme en management à l’université de Maurice», précise la sœur aînée.
La mère du jeune homme est provisoirement accusée de complicité.
Aujourd’hui, au-delà de leur immense chagrin, les Basama regrettent aussi amèrement d’avoir laissé Shalina épouser Swaraj, receveur dans un autobus appartenant à son père. C’est d’ailleurs à bord de l’autobus en question que les jeunes gens se seraient rencontrés. «Nous regrettons aujourd’hui d’avoir accepté son choix, confie sa mère, en larmes.Elle disait sans cesse qu’elle l’aimait éperdument. Nous n’avons pas refusé pour ne pas lui déplaire. Et on croyait que cet homme allait la rendre heureuse. Ce n’est qu’après la fin atroce de ma fille que des langues ont commencé à se délier.»
La maman de Shalina dit avoir appris des choses terribles lors des funérailles, le jeudi 28 septembre. «Ses voisins à Mahébourg nous ont dit qu’elle était régulièrement brutalisée mais elle ne nous a jamais rien dit. Ses collègues nous ont également dit qu’ils ont demandé à ma fille de mettre fin à sa relation avec Swaraj lorsqu’ils ont appris qu’il profitait de sa situation financière pour assouvir sa passion du jeu. C’est aussi elle qui achetait tout pour la maison. Pourtant, Swaraj travaillait lui aussi.»
Maintenant, certains faits troublants prennent aussi du sens pour la famille, comme le dit la cadette. «Je pense que Shalina nous a caché beaucoup de choses. Après son mariage, à chaque fois qu’elle nous rendait visite, la famille de son mari l’appelait pour lui demander quand elle allait rentrer. Elle n’a passé la nuit à la maison qu’une fois. Son époux, lui, n’est venu que deux fois chez nous. Tout cela nous fait dire maintenant qu’elle avait effectivement des problèmes chez elle. En tout cas, elle ne nous en a jamais parlé et nous n’avons jamais vu de bleus sur elle.»
Les Basama disent ignorer également si Swaraj était un flambeur et avait des problèmes de drogue. En somme, ils savaient très peu de choses sur celui qui leur a aujourd’hui enlevé leur «petite reine». Les proches de Swaraj Seetal sont, pour leur part, restés injoignables pour une déclaration. Shalina, elle, est partie dans de tristes circonstances, laissant une famille dévastée par la douleur et les regrets.
Ritesh Samputh, avocat : «Mon client n’a pas encore fait des aveux»
L’avocat Ritesh Samputh est catégorique : «Mon client n’a pas encore fait d’aveux. C’est ce lundi 2 octobre que la police va consigner sa déposition. Je ne peux rien vous dire d’autre pour le moment.» Les limiers de la MCIT considèrent toutefois les informations qu’ils ont recueillies auprès du suspect comme des aveux. Swaraj Seetal a eu une première rencontre avec les policiers de cette unité le jeudi 28 septembre, durant laquelle il a commencé à raconter ce qui s’est passé dans la soirée du mardi 26 septembre. Les policiers espèrent avoir d’autres détails lors de son interrogatoire officiel.