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Une fille de 14 ans arrêtée après l’agression mortelle de sa mère à Vallée-Pitot - Une proche : «Li bizin koze ek dir kinn pase vremem»

Une enquête qui connaît de multiples rebondissements. Après la mort tragique de Noorezah Abdoolah, 46 ans, la semaine dernière, et l'arrestation du petit ami de sa fille de 14 ans, voilà que la Major Crime Investigation Team (MCIT) a arrêté cette dernière cette semaine. La police soupçonne l’adolescente d’avoir donné des instructions à son petit ami de 15 ans pour tuer sa mère. Récit et témoignages de proches...

On ne s’habitue pas à l’absence d’une personne qu’on aime, surtout quand on la perd de manière soudaine et tragique. On apprend juste à vivre avec ce lourd fardeau sur le cœur. Akbar Abdoolah en fait l’amère expérience depuis quelques jours. Et son fardeau n’arrête pas de s’alourdir. Lorsque nous rencontrons cet habitant de Vallée-Pitot chez lui en ce vendredi 11 octobre, il vient de rentrer de la mosquée pour la Jummah, soit la prière du vendredi, qui est très importante pour les musulmans. Sur son visage, un mélange de désespoir et de colère. «Mo fini dir tou seki ti ena pou dir. Mo less lapolis fer so lanket, tou dan zot lame aster», lâche le maçon d’une voix qui témoigne de sa grande révolte face à la tournure des événements qui sont venus bouleverser son existence depuis une semaine.

 

Presque à la même heure, la veille, la MCIT s’est pointée chez le quadragénaire pour procéder à l’arrestation de sa fille de 14 ans. L’adolescente a comparu devant la Children’s Court dans la matinée du 11 octobre où une accusation provisoire de «giving instructions to commit murder» a été logée contre elle après l’agression mortelle de sa mère Noorezah par son petit ami de 15 ans. Ce dernier a déjà avoué les faits et a aussi déclaré avoir agi en accord avec sa petite amie. La police a également objecté à la remise en liberté sous caution de la jeune fille qui est détenue dans un centre de détention pour mineurs. Elle devrait à nouveau être présentée en cour ce mardi. Jusqu’ici, la police a juste pris un «statement» avec elle et son interrogatoire débutera la semaine prochaine. Sa famille souhaite avoir recours au Legal Aid afin qu’un avocat puisse l’assister dans cet exercice.

 

Akbar a du mal à digérer cette suite d’événements qui ébranle sa famille. Mais il refuse de faire des commentaires à ce stade de l’enquête. Il a, dit-il, d’autres choses plus importantes à faire. «Mo tifi dan Grade 8. Li ti an plin lexamin. La li ferme. Monn fini al dan so kolez pou dimande ki pou ariv li. Zot dir mwa ki zot pou fer li monte kan mem parski so bann rezilta avan deza bon», souligne Akbar.

 

«Konn la verite»

 

Sa belle-sœur Neema Meharally, déjà terriblement bouleversée depuis le drame, a elle aussi pris un autre gros coup de massue sur la tête avec l’arrestationd de sa nièce. «Nou touzour pa aksepte sa
(NdlR : l’agression mortelle de sa sœur). Nou pa kone ki sanla ki koupab. Lapolis inn aret mo nies. Li pankor koze. Mo espere ki nou konn laverite. Nou fami anvi lazistis. Mo ser pa merit sa lamor-la. Depi premye zour mo pe rod lazistis pou li», clame-t-elle.

 

Notre interlocutrice ne veut pas en dire trop pour le moment. «Nou pa kapav koz plis. Mo pa trouv mo nies pe fer sa garson-la vinn dan lakaz alors ki mo ser la. Kitfwa pou ena sirpriz pli divan. Nou pa ti la kan sa krim-la inn arive. Sa zour-la monn zis gagn mesaz ki voler inn rant kot mo ser. Mo dir mo nies li bizin koze ek dir kinn pase vremem. Mo atann ki lanket fer oplivit parski nou fami pe bien soufer. Seki koupab ava peye. Dimoun pe zis koze san kone ki pe pase. Li bien dir fason mo ser inn kit mwa. Mo ti ena zis li. Mo pena frer. Mo larm koule kan mo repans mo ser. Li ti anvi fer mwa enn sirpriz pou mo 40 an. So tanto mo tann so lamor. Kan monn vinn dan so lakaz monn trouv kado ki li ti fini aste pou mwa», regrette Neema.

 

Sa défunte sœur Noorezah, âgée de 46 ans, a succombé à une «compression of the neck» alors qu’elle se trouvait chez elle, à Vallée-Pitot. Selon le Dr Sudesh Kumar Gungadin, responsable du département médico-légal de la police, c’est un objet dur appuyé avec force sur la gorge de la victime qui a causé sa mort. Lors de son premier interrogatoire, le petit ami de sa nièce a déclaré à la police qu’il a eu une violente altercation avec la victime à deux reprises le jour fatidique. Il a raconté s’être rendu discrètement chez sa petite amie en ce 2 octobre et être tombé nez-à-nez avec sa mère Noorezah qui l’a réprimandé.

 

Menaces

 

Il serait alors parti de la maison mais ne serait pas rentré chez lui pour autant. Il aurait fait le guet dans un sous-bois se trouvant à côté de la maison des Abdoolah et se serait à nouveau introduit chez cette famille un peu plus tard pour rencontrer sa petite amie. Sa mère serait tombée sur eux alors qu’ils étaient au rez-de-chaussée. L’adolescent aurait ensuite eu une violente prise de bec avec elle – elle aurait même menacé d’appeler la police – avant que les choses ne prennent une tournure tragique. Le collégien précise qu’il a saisi un «enn bout plans ek apiy lor likou» de la mère de sa petite amie avant de prendre la fuite. Il a été arrêté le lendemain alors qu’il se trouvait à son collège. 

 

La MCIT a procédé à l’arrestation de la fille de la victime suivant les aveux de son petit ami. Le jour du drame, elle aurait fait croire aux membres de sa famille que des voleurs avaient attaqué sa mère. Elle a prétendu qu’elle s’était cachée dans sa chambre pour leur échapper. La police est en présence de plusieurs faits troublants concernant l’adolescente. Tout laisse croire que le jour du drame, elle ne savait pas que sa mère avait pris quelques jours de congé pour rester à la maison avec elle.

 

Noorezah et son époux portaient une attention très particulière à leur fille qui leur menait, semble-t-il, la vie un peu dure. Une source policière avance que l’infirmière avait déjà consigné une déposition contre sa fille. La police avait alors ouvert une enquête pour «child beyond control». Akbar nous avait aussi fait comprendre lors d’un premier entretien que sa fille n’avait pas de téléphone portable. La police est d’avis qu’elle aurait subtilisé celui de sa mère pour téléphoner à son petit ami.

 

Du côté de la famille de l’adolescent, on suit aussi cette affaire de très près. «MCIT pe fer so travay byin», nous dit un proche du jeune homme, avant d’ajouter : «Nou anvi koze me nou pa kapav pou pa gat lanket. Bann ki ti pe dir pandi li (NdlR : le jeune garçon) la zot labous inn ferme. Me bon, erezman li pe resi konpoz so bann lexamin. Tou pe pass bien», souligne notre source qui est marquée à vie par cette bouleversante histoire. L’enquête policière menée par l’ASP Seebaruth se poursuit.

 

Jean Marie Gangaram et Stephanie Domingue