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Yogida Sawmynaden acquitté dans l’affaire «Constituency Clerk» - Simla Kistnen : «Kifer pann apel sa misie ki travay pou Premye minis-la pou depoze lakour ?»

Simla Kistnen invite le DPP à faire appel.

Le tribunal de Port-Louis accorde le bénéfice du doute à l’ancien ministre du Commerce. Yogida Sawmynaden était poursuivi pour faux et usage de faux. La magistrate Anusha Rawoah remet, par contre, en cause la crédibilité de Simla Kistnen. La veuve de l’ancien activiste du MSM au no 8 était le témoin principal de la poursuite dans l’affaire «Constituency Clerk». Elle martèle qu’elle n’a jamais menti. Retour sur cette affaire qui fait grand bruit depuis le 8 décembre 2020.

Elle campe sur sa position contre Yogida Sawmynaden. Simla Kistnen martèle qu’elle n’a jamais reçu de salaire en tant que Constituency Clerk de l’ancien ministre du Commerce même si la magistrate Anusha Rawoah a accordé le bénéfice du doute à celui-ci dans son jugement prononcé le 30 mai devant le tribunal de Port-Louis. L’actuel député de la circonscription no 8 (Moka - Quartier-Militaire), qui est également colistier du Premier ministre, était poursuivi pour faux et usage de faux. Il a bénéficié d’un acquittement par manque de preuves décisives. La cour estime que Simla Kistnen n’a pas été crédible en tant que témoin principale de la poursuite. La veuve de Soopramanien Kistnen affirme, elle, qu’elle n’a pas menti dans cette affaire d’emploi fictif.

 

«Mo pann koz manti. Zame mo pann gagn lapey kouma Constituency Clerk minis Sawmynaden. Zame mo pann donn mo misie procuration pou pran kas dan mo plas ousi», s’indigne Simla Kistnen. Elle s’interroge également : «Kifer pann apel sa misie ki travay pou Premye minis-la pou depoze lakour?  Ti apel li kouma temwin kan ti ena lanket zidisier Moka lor lamor mo misie. Li ti dir ki li travay kouma Constituency Clerk Premye minis. Li ti dir ki zame li pann trouv mwa travay dan biro CAB dan merkredi. Mo zis anvi kone kifer pann apel li ditou pou depoze dan sa case-la. Sa zizman-la pa bon. Mo invit DPP fer apel.»

 

Rama Valayden et l’équipe d’hommes de loi qui se fait appeler Avengers, qui soutiennent Simla Kistnen depuis le début, comptent également demander au bureau du DPP de faire appel de ce jugement. «Bann Avengers pe etidie zizman-la avan avoy enn let biro DPP pou dimann li fer apel», déclare Rama Valayden. L’avocat précise que ses pairs et lui n’abandonneront pas la veuve de Soopramanien Kistnen : «Zame mo pa abandonn mo bann konba.» Il ajoute également : «Ou pou rapel ki Avengers ti loz Private Prosecution kont Yogida Sawmynaden. Ou pou ousi rapel ki DPP ti desid pou retir sa bann case-la. Mo fer piblik rapel ki nou ti konvok enn temwin lakour pandan lanket preliminer ki ti vinn dir “on records” ki zame madam Simla Kistnen inn travay pou minis Yogida Sawmynaden. Nou touzour pa konpran kifer pann apel li kouma temwin dan sa case-la.»

 

Rama Valayden tient à faire ressortir un aspect important sur le plan légal. «Yogida Sawmynaden ti reklam so drwa o silans. Mazistra-la inn akord li benefis dout me li pann explik ditou ki bann dout ki ena dan so zizman. Kan enn lakour akord enn sispe benefis dout, sa pa vedir ki dimoun-la inosan», souligne l’avocat.

 

Contradictions

 

Cette affaire éclate le 8 décembre 2020. Après que sa demande pour obtenir la wage assistance – proposée par le gouvernement lors du premier confinement sanitaire – a été rejetée par la MRA, la veuve Kistnen apprend, à sa grande surprise, qu’elle serait employée comme Constituency Clerk par l’ancien ministre Yogida Sawmynaden et recevrait un salaire de Rs 15 000 par mois. Elle porte alors plainte contre celui-ci à l’Independent Commission Against Corruption. Quelques jours plus tard, soit le 21 décembre, elle dépose, cette fois, une Private Prosecution contre lui, l’accusant d’avoir fait une fausse déclaration à la Mauritius Revenue Authority (MRA). Elle lui reproche d’avoir déclaré à tort qu’elle était employée comme Constituency Clerk et qu’elle touchait un salaire mensuel de Rs 15 000. Simla Kistnen porte également plainte au CCID à cet effet le 9 janvier 2021. Un mois plus tard, Yogida Sawmynaden démissionne de son poste de ministre du Commerce, tout en conservant son poste de député.

 

La veuve Kistnen et les Avengers subissent un premier revers le 7 mai lorsque le DPP décide de rayer la Private Prosecution. Contre toute attente, Simla Kistnen dépose une nouvelle Private Prosecution le même jour. Demande que le DPP annule 20 jours plus tard. Le 21 juillet 2023, coup de tonnerre : le DPP décide d’instruire un procès formel contre le principal concerné. À l’ouverture de celui-ci, le 7 août, Yogida Sawmynaden plaide non coupable des deux charges retenues contre lui. Dans cette affaire, Simla Kistnen est le principal témoin de la poursuite.

 

Lors de son audition, la veuve martèle qu’elle n’a jamais reçu de salaire en tant que Constituency Clerk de l’ancien ministre. Lorsqu’il est à son tour appelé à la barre, celui-ci déclare qu’il remettait le salaire de l’habitante de Montagne-Ory à son époux Soopramanien Kistnen. Son avocat Raouf Gulbul produit d’ailleurs une liste contenant les montants de plusieurs chèques que l’ancien chef agent du MSM dans la circonscription no8 aurait encaissés, totalisant une somme de Rs 220 000. Mais tel n’aurait jamais été le cas à en croire Simla Kistnen. La veuve décide alors de porter plainte à nouveau à la police et à la commission anti-corruption.

 

Lors de son audition en cour toujours, elle déclare également que certaines informations qui se trouvent dans son affidavit sont imprécises. Les éléments en question concernant la Private Prosecution et aussi sa plainte en réclamation contre Yogida Sawmynaden. Elle réclame des dommages de Rs 50 millions à l’ancien ministre du Commerce. Ce dernier a toutefois obtenu le bénéfice du doute de la cour le 30 mai. Et la magistrate a remis en cause la crédibilité de la veuve Kistnen dans son jugement. Elle estime que le témoignage du témoin principal contient trop d’incohérences et de contradictions.

 

L’ancien ministre est sorti tout sourire du tribunal de Port-Louis après le jugement en sa faveur et a fait part de son soulagement. «Mo krwar dan Bondie. Monn touzour kwar dan lapriyer ek dan lafwa. Bondie inn fer so travay. Monn bien soufer pandan trwa zan. Nou kone aster ki sanla inn koz vre ek ki sanla inn koz manti. Mo pardonn madam-la parski li pa kone ki linn fer», a-t-il déclaré. Raouf Gulbul a, lui, martelé, que le droit au silence est un droit fondamental garanti par la Constitution qu’il faut conserver. «Se enn drwa sakre», dit-il. À sa sortie du tribunal, il est également revenu sur les allégations à l’encontre de son client. «Se enn danze», a précisé l’homme de loi avant d’ajouter : «Se enn zizman tre sever. Mazistra-la finn kondann madam Kistnen.»