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27 février 2025 11:18
Une réflexion posée avant la mise en place de mesures restrictives pour l’eau. Une analyse qui s’étend, néanmoins, au-delà de cette décision. Elle est signée Luck Veer Seerungen (MICPR CAPM BSc COMM), ancien conseiller au Ministry of National Infrastructure & Community Development.
Le ministre des Utilités publiques a tenu une conférence de presse jeudi, soit quinze jours après sa première déclaration sur la crise de l’eau qui secoue actuellement le pays. Très préoccupé par les derniers chiffres, il a averti que la rentrée 2025 s’annonce particulièrement difficile. Le président du Parti travailliste, récemment nommé à la tête de la gestion des ressources en eau et de l’approvisionnement énergétique, a souligné que le niveau des réservoirs diminue de façon alarmante depuis plusieurs mois, une situation exacerbée par le retard dans l’arrivée de la saison des pluies. Selon lui, ces conditions pourraient avoir des conséquences graves sur l'approvisionnement en eau et la production d'énergie dans les mois à venir.
Accompagné des techniciens du CWA et de la Water Resources Unit, il n’écarte pas les scénarios que le gouvernement pourrait devoir envisager, une question qui, sans doute, sera au centre des discussions lors du cabinet meeting, auquel le chef de l’État aura sans doute le dernier mot. Cet exercice semble ainsi préparer le terrain avant l’annonce de mesures restrictives qui risquent de susciter des mécontentements, dans un contexte économique, religieux et culturel chargé.
Manifestement, cette situation constitue un premier test pour celui qui a vivement critiqué le dossier énergétique durant ses années d’opposition, ne manquant aucune occasion de dénoncer les scandales impliquant le CEB ou les méthodes de gestion de Prakash Maunthoora au sein du CWA. Changement de décor, poste électoral, il se retrouve désormais sous les projecteurs, face à une situation délicate à laquelle la population revendique des solutions à long terme.
Lors des dernières élections législatives, le peuple a clairement fait comprendre que celui qu’il choisirait devrait travailler et produire des résultats concrets face aux défis actuels. Cette nouvelle exigence, particulièrement forte chez la jeune génération, qui ne souhaite rien d’autre que l’amélioration de notre société, laisse peu de place aux décideurs politiques pour se soustraire à leurs responsabilités. Le fameux «pas moi li sa» ne sera plus accepté. La large victoire obtenue en novembre dernier a fait prendre conscience aux membres de l’Alliance du Changement qu'ils ne toléreront aucun changement de discours !
La crise de l'eau survient après celle de l'incendie de Mare-Chicose, une catastrophe évitée de justesse, qui aurait pu avoir des conséquences sérieuses sur la santé des habitants des régions avoisinantes. On se souvient des déclarations précipitées de l'époque, lorsque la junior minister Joana Bérenger parlait de Canadair et de l’aide des pays amis, mais face à l'urgence, ce sont nos pompiers, avec un courage exceptionnel, qui ont pris en charge la situation et maîtrisé le feu, évitant ainsi une catastrophe d’ampleur. Tout comme elle avait étonné l'opinion publique en annonçant l'absence de Maurice au Sommet de l'environnement à Bakou, il est désormais évident que le double discours des politiques commence à agacer de plus en plus les Mauriciens.
L'avenir semble donc particulièrement incertain, non seulement sur le plan économique et énergétique, mais aussi sur le plan politique. Patrick Assirvaden le souligne sans détour : il devient de plus en plus difficile de prendre les décisions nécessaires pour résoudre cette crise, car les intérêts sectoriels du pays semblent souvent s'opposer à l'intérêt national.
Un exemple international similaire de crise de l'eau a été observé à Cape Town, en Afrique du Sud, qui a failli atteindre le fameux «Jour Zéro» en 2018, lorsque la ville était sur le point de manquer d'eau. Face à cette menace imminente, la ville a imposé des mesures strictes de conservation de l'eau et a rapidement réévalué ses stratégies de gestion des ressources en eau. Les habitants ont été invités à réduire leur consommation d'eau de manière significative, et le gouvernement a mis en place un rationnement strict pour éviter une catastrophe. Cette expérience internationale souligne l'importance d'une gestion rigoureuse des ressources en eau, un défi qui, comme à Maurice, pourrait rapidement devenir une question de survie pour les populations concernées.
**PAR LUCK VEER SEERUNGEN **
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