Affaire Roches-Noires : Rakesh Gooljaury, la clé du mystère

11 janvier 2015 01:20

Son interrogatoire serait crucial pour plusieurs raisons. Lui, c’est Rakesh Gooljaury, l’ami de Navin Ramgoolam. Les enquêteurs ont des doutes concernant sa version initiale sur le vol allégué au bungalow de Navin Ramgoolam à Roches-Noires, qui ne correspond pas à celles des vigiles interrogés cette semaine, dans le cadre de la réouverture de l’enquête autour de cette affaire. Deux d’entre eux auraient affirmé que l’ex-Premier ministre avait passé la soirée dans son bungalow le soir du vol allégué, le 3 juillet 2011. Un vigile serait même allé plus loin en disant que ce dernier avait une femme avec lui ce soir-là.

Rakesh Gooljaury sera probablement convoqué aux Casernes centrales cette semaine, pour s’expliquer à ce sujet. Il devra aussi confirmer s’il y avait d’autres personnes présentes sur place au moment des faits. Car les vigiles interrogés ont soumis une liste de toutes les voitures présentes dans l’enceinte du bungalow de Navin Ramgoolam à la police qui, à son tour, l’a transmise à la National Transport Authority (NTA) pour remonter aux propriétaires. Deux hauts gradés de la police devraient également être interrogés, car ce sont eux qui avaient interrogé Rakesh Gooljaury à l’époque.

Les limiers du CCID ont tout recommencé à zéro afin de mettre toutes les chances de leur côté cette fois, pour faire la lumière sur cette affaire qui serait liée à la mort d’Anand Kumar Ramdhony, décédé en cellule policière le 30 juillet 2011 par pendaison, dans des circonstances troublantes. Lors d’une conférence de presse, hier, le Premier ministre sir Anerood Jugnauth a déclaré : «Mo satisfe la polis inn fer enn progre enorm. Mo de pli en pli sertin pu ena pourswit dan sa zafer la.»

Ce qu’on appelle l’affaire Roches-Noires a éclaté en 2011, avec la découverte du cadavre d’Anand Kumar Ramdhony qui avait été arrêté dans le cadre d’une enquête sur le vol d’une montre appartenant à une habitante de Plaine-des-Papayes où il habitait également. Mais il y a eu des rumeurs, par la suite, affirmant que la montre en question serait celle qui aurait été volée au bungalow de l’ex-Premier ministre et que l’objet appartiendrait à ce dernier. Ce que Navin Ramgoolam a toujours nié.

Quoi qu’il en soit, le corps sans vie d’Anand Kumar Ramdhony, âgé de 42 ans, avait été retrouvé le 30 juillet 2011 dans sa cellule au poste de police de Rivière-du-Rempart. Selon la police, il se serait pendu avec une corde fabriquée avec la toile de son matelas. L’autopsie avait conclu que ce maçon était mort par asphyxie due à la pendaison. Peu après, tous les policiers de ce poste ont été mutés ailleurs.

La famille du défunt a toujours récusé la thèse de suicide car, selon elle, il y avait trop de zones d’ombre autour de cette affaire. Le 13 juillet 2012, une enquête judiciaire a débuté au tribunal de Mapou pour prendre fin le 31 décembre de la même année. La magistrate Shefali Ganoo, qui a présidé cette enquête, a conclu au suicide, au grand dam des proches d’Anand Kumar Ramdhony. Un dénommé Jacques Laval Bigaignon avait également été arrêté dans cette affaire. Il aurait déclaré avoir volé une montre appartenant à sa femme et l’avoir vendue à Anand Kumar Ramdhony par la suite. Mais Jacques Laval Bigaignon ne pourra être interrogé à nouveau, car il est décédé après un séjour à l’hôpital, il y a quelques mois.

Après l’interrogatoire de Rakesh Gooljaury, les enquêteurs devraient interroger Navin Ramgoolam sur ses faits et gestes ce fameux soir de juillet 2011. En tout cas, la police met le paquet pour faire la lumière sur cette affaire des plus troublantes.