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Les effets des traitements anticancéreux

Le rêve de pouvoir concevoir

25 octobre 2025

Faire face au cancer, c’est traverser une épreuve qui bouleverse profondément la perception de la vie. Si les traitements ont pour but de sauver, ils peuvent aussi, dans certains cas, laisser des marques invisibles, notamment sur la capacité à concevoir. C’est pourquoi il est essentiel d’aborder ouvertement les effets des traitements anticancéreux sur la fertilité. Pour mieux comprendre ce sujet délicat et offrir des réponses éclairées, le responsable de programme de la Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA), Harrish Ramloll, nous apporte ses explications.

Que vous envisagiez de devenir parent aujourd’hui ou dans quelques années, connaître vos options est une manière de reprendre le contrôle sur votre santé reproductive. Le manque d’information et de soutien peut accentuer ce mal-être, rendant difficile la réconciliation avec son propre corps. Mais avant d’aborder les effets des traitements, il est essentiel de comprendre les bases du cancer. «Un cancer survient lorsque la structure de l’ADN d’une cellule est altérée, ce qui amène cette cellule à se multiplier de manière anormale. Toutes les cellules humaines possèdent un ADN, une sorte de programme qui indique à la cellule comment se multiplier et quand s’arrêter», explique Harrish Ramloll, le responsable de programme de la MFPWA.

On distingue trois grandes classifications de cancers : les cancers solides, les cancers du sang et les cancers mixtes. Chacune de ces formes peut être bénigne ou maligne. Ainsi, selon la classification et le type de cancer, qu’il soit solide, sanguin ou mixte, les traitements seront adaptés en conséquence. En ce qui concerne la relation entre les traitements anticancéreux et la stérilité, plusieurs approches thérapeutiques peuvent être en cause : la radiothérapie, la chimiothérapie, la chirurgie et l’hormonothérapie (HRT). Selon Harrish Ramloll, cette infertilité induite peut toucher aussi bien les hommes que les femmes.

La radiothérapie, par exemple, peut avoir un impact sur la fertilité, en fonction de la dose de rayonnement administrée. Elle peut entraîner une infertilité dite primaire ou secondaire. L’infertilité primaire se manifeste lorsque la région pelvienne est exposée aux rayonnements, ce qui peut endommager les organes reproducteurs tels que l’utérus, les ovaires ou encore les testicules. Ces dommages, souvent irréversibles, peuvent altérer la production d’ovules ou de spermatozoïdes et rendre la conception difficile, voire impossible dans certains cas.

L’infertilité secondaire peut résulter d’un dérèglement hormonal causé par une exposition du cerveau à de fortes doses de radiation. Cela endommage l’hypophyse, réduisant la production d’hormones gonadotropes. Chez la femme, cela entraîne une anovulation ou une ovulation réduite, et chez l’homme, une baisse de la production ou de la mobilité des spermatozoïdes. «Lors d’une chimiothérapie, les médicaments cytotoxiques détruisent aussi certaines cellules saines, notamment celles liées à la reproduction, ce qui peut provoquer une infertilité », explique le docteur.

Planifier la conception

L’hormonothérapie peut entraîner des troubles de l’ovulation, tandis que la chirurgie, souvent nécessaire pour traiter certains cancers, peut affecter la fertilité lorsqu’elle implique l’ablation d’organes reproducteurs comme les testicules, l’utérus ou les ovaires. Les effets sur la fertilité sont-ils temporaires ou permanents? «Selon le type de traitement utilisé, la dose administrée et la durée d’exposition, ces effets peuvent être temporaires ou permanents. Cependant, certains traitements, comme l’hystérectomie et l’ovariectomie bilatérale, ont malheureusement des effets permanents», confie Harrish Ramloll. Ainsi, chaque traitement anticancéreux présente des risques différents, et leur impact sur la fertilité varie d’un patient à l’autre.

La peur de ne pas pouvoir concevoir après un traitement, et le fait de réellement ne pas pouvoir concevoir, sont deux aspects distincts, mais qui mènent souvent à une même conséquence : une détresse psychologique profonde et, dans bien des cas, une dépression. Dès l’annonce du diagnostic de cancer, le patient fait face à une véritable tempête intérieure qui fragilise son bien-être émotionnel. «À la MFPWA, avec le consentement du patient, un suivi peut être assuré par nos psychologues et travailleurs sociaux afin de prendre en charge tous les aspects de sa santé psychologique. Des séances de soutien et de conseil sont également proposées aux proches, notamment au conjoint, afin de renforcer les liens conjugaux et familiaux.» Il est important de savoir qu’avant de commencer tout type de traitement anticancéreux, il est primordial que les patients discutent de toutes les possibilités et des conséquences avec leur médecin traitant. Si le patient a la possibilité de concevoir après son traitement, il est généralement conseillé d’attendre une période de rétablissement allant de six mois à deux ans, afin de permettre au corps de se régénérer et de réduire les risques de récidive.

Cependant, cette période de récupération peut varier selon le type de cancer et le protocole de traitement utilisé. Pour les patientes qui peuvent envisager une grossesse après leur traitement, un suivi personnalisé est assuré par des gynécologues et obstétriciens de la MFPWA afin de planifier la conception dans les meilleures conditions possibles. La cryopréservation des ovocytes ou du sperme permet de conserver les gamètes avant le début des traitements. Dans certains cas, afin de préserver l’activité ovarienne, des traitements complémentaires tels que les agonistes de l’hormone de libération des gonadotrophines peuvent être administrés pour mettre temporairement les ovaires «au repos» durant la période de soins. La fécondation in vitro (FIV) représente également une option à considérer pour les patients souhaitant envisager une grossesse après leur rétablissement.

D’ailleurs, la Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA) croit fermement que la prévention vaut toujours mieux que la guérison. «Si nous pouvons prévenir la maladie, le besoin de traitement ou de guérison devient presque négligeable. C’est pourquoi la MFPWA participe activement à des programmes de dépistage, que ce soit dans sa Family Health Clinic ou au sein même de la communauté», partage le responsable de programme de la Mauritius Family Planning, Harrish Ramloll. L’association procède à des dépistages précoces chez les hommes et les femmes pour détecter différents types de cancers : le cancer du sein grâce à l’échographie mammaire ou la mammographie, le cancer du col de l’utérus par frottis, et le cancer de la prostate grâce au test PSA.

«Lorsqu’un patient obtient un résultat positif à un test de dépistage, la MFPWA le réfère immédiatement à un oncologue, accompagnant la référence de tous les rapports médicaux nécessaires. Avec le consentement du patient, les psychologues et travailleurs sociaux de l’association assurent un suivi pour leur offrir un soutien psychologique et les aider à se sentir en sécurité», ajoute Harrish Ramloll. La MFPWA dispose également d’une équipe de gynécologues qui suivent les patientes et les conseillent sur la possibilité d’une grossesse après le traitement, lorsque cela est médicalement envisageable.

Un diagnostic précoce permet souvent d’éviter le pire. «Il n’est jamais trop tard», rappelle le Dr Harrish Ramloll, qui profite d’Octobre Rose pour encourager la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV), un facteur de risque majeur de plusieurs cancers chez les femmes comme chez les hommes. Pour certaines femmes, l’annonce d’un cancer peut être vécue comme la perte d’une part de leur féminité. Le médecin les invite donc à dialoguer avec leur oncologue, gynécologue ou obstétricien afin d’explorer toutes les options disponibles avant, pendant et après le traitement.

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