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Par Cloé L'Aimable
8 novembre 2025 13:32
À Maurice, de plus en plus de personnes sont touchées par des maladies rénales, souvent diagnostiquées à un stade avancé, faute de dépistage précoce. Reconnaître les premiers signes peut pourtant sauver des vies. Le Dr No’Man Abdulla Atchia, médecin généraliste et urgentiste exerçant dans le secteur privé, formé à l’Université de Pretoria en Afrique du Sud, nous éclaire sur les symptômes à ne pas négliger et l’importance d’une prise en charge rapide.
Des organes aux multiples fonctions vitales
Ils jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de notre organisme et le maintien d'une bonne santé. Pourtant, on les oublie souvent… jusqu’à ce qu’ils tirent la sonnette d’alarme ! Les reins ne se contentent pas de «faire pipi» seulement. Ces deux organes, situés de part et d’autre de la colonne vertébrale, assurent de nombreuses fonctions corporelles grâce à leur anatomie complexe, leur fonctionnement au niveau cellulaire et les différentes enzymes qu’ils produisent. Parmi ces fonctions figurent l’équilibre des niveaux de sel et d’eau dans le sang, la régulation de la pression artérielle, le maintien de la santé des os, la stimulation de la production de globules rouges et, bien sûr, la plus connue : la filtration du sang pour éliminer les déchets sous forme d’urine. Eh bien oui, un dérèglement, même léger, peut avoir de lourdes conséquences sur l’ensemble de l’organisme. En somme, s'ils ne vont pas bien, rien ne tourne vraiment rond.
Mais comme tout héros discret, ils peuvent se fatiguer sans qu’on s’en aperçoive. Entre les calculs rénaux, ces petites pierres qui font grimacer même les plus courageux, les infections urinaires qui remontent jusqu’aux reins, les fameuses pyélonéphrites, ou encore les lésions aiguës provoquées par certains médicaments ou une déshydratation sévère, la liste des troubles qui peuvent affecter ces organes est longue.
Et lorsque ceux-ci ne sont pas pris en compte à temps, ils peuvent évoluer vers une maladie rénale chronique, un mal silencieux qui s’installe pas à pas, jusqu’à parfois nécessiter une dialyse ou une greffe.
À quel moment faut-il commencer à s’inquiéter pour sa santé rénale ?
Selon le Dr No’Man Abdulla Atchia, médecin généraliste et urgentiste, les reins peuvent être affectés par une multitude d’affections et de maladies. «Les maladies chroniques courantes, telles que le diabète et l’hypertension, ont un impact considérable sur leur bon fonctionnement», souligne-t-il. Mais pas besoin d’être atteint d’un trouble grave pour mettre ses reins à l’épreuve, parfois, une simple déshydratation, souvent banalisée, peut déjà leur causer du tort.
Le médecin rappelle également que certains enfants souffrant de troubles rénaux précoces peuvent en garder des séquelles à l’âge adulte. Et attention aux infections urinaires négligées ! Lorsqu’elles ne sont pas traitées correctement, elles peuvent remonter jusqu’aux reins et provoquer des complications sérieuses. Enfin, tout résultat anormal lors d’un test sanguin ou urinaire, même de routine, mérite une attention particulière. Les reins ne se plaignent pas souvent… mais quand ils le font, il ne faut jamais les ignorer.
Parlons des symptômes…
Les symptômes d’une maladie rénale ne se manifestent pas toujours de la même manière et c’est bien ce qui les rend si trompeurs. Tout commence souvent par des signes discrets, comme un changement dans la miction ; qu'il s’agisse de la fréquence, du volume ou même de la couleur de l’urine, cela doit déjà éveiller les soupçons. Une fièvre persistante peut aussi signaler une infection urinaire qui a gagné du terrain. Le Dr No’Man Abdulla Atchia précise : «Les calculs rénaux, quant à eux, provoquent généralement une douleur intense allant du flanc jusqu’à l’aine, qui ne s’atténue pas avec des antalgiques courants.» Une douleur si vive qu’elle est souvent décrite comme l’une des pires que l’on puisse ressentir.
D’autres signes, plus insidieux, peuvent également se manifester, par exemple, un gonflement des pieds et des chevilles, un essoufflement dû à une accumulation de liquide ou encore une fatigue chronique qui ne s'atténue pas malgré le repos. Une peau sèche et irritée, des nausées ou une perte d’appétit peuvent aussi trahir un dysfonctionnement rénal. Bref, lorsque le corps parle, il faut savoir l’écouter, surtout quand ce sont les reins qui essaient de se faire entendre. Mais attention… Il est aussi possible de ne ressentir aucun de ces symptômes. C’est ce qui rend la maladie rénale si redoutable.
Souvent surnommée la «maladie silencieuse», elle peut se développer discrètement, surtout à ses débuts. «La raison en est que les reins continuent de fonctionner relativement bien jusqu’à ce que leur capacité soit réduite en dessous d’un certain seuil», explique le Dr No’Man Abdulla Atchia. «Le corps parvient à compenser cette perte progressive de fonction rénale, mais seulement jusqu’à une certaine limite. Et comme nous possédons deux reins, un rein malade peut souvent être "masqué" par le bon fonctionnement de l’autre.»
Autrement dit, l’absence de symptômes ne signifie pas toujours l’absence de problème. D’où l’importance d’une surveillance régulière, surtout pour les personnes à risque comme les personnes diabétiques, hypertendues ou ayant des antécédents familiaux.
Comment détecter une maladie rénale avant qu’il ne soit trop tard ?
Souvent, les maladies rénales sont découvertes par hasard, lors d’une analyse de sang ou d’urine de routine. C’est d’ailleurs pour cette raison que les médecins recommandent parfois ces examens, même lorsqu’ils ne semblent pas directement liés au problème initial. Derrière un simple contrôle, ils cherchent en réalité à déceler précocement une anomalie et à prévenir des complications plus graves. Parmi les éléments surveillés figurent l’élévation des taux d’urée et de créatinine, les variations du taux de sels dans le sang, le calcul du taux de filtration glomérulaire, un indicateur clé du bon fonctionnement des reins, ainsi que la présence de protéines dans les urines.
Pourquoi les reins s’épuisent-ils ?
L’insuffisance rénale chronique ne survient pas du jour au lendemain. Elle est souvent la conséquence d’agressions répétées subies par les reins ou des maladies chroniques qui, au fil du temps, altèrent leur fonctionnement. Le Dr No’Man Abdulla Atchia explique que les deux principales causes restent le diabète et l’hypertension artérielle.
Mais d’autres troubles peuvent également fragiliser ces organes vitaux. Certaines affections rénales spécifiques, comme les infections ou les inflammations, laissent des cicatrices durables sur les tissus rénaux. Les obstructions urinaires répétées, causées par des calculs ou une hypertrophie de la prostate, sont aussi des facteurs aggravants. Le tabagisme, quant à lui, ne ménage pas les reins : il accélère la dégradation des vaisseaux sanguins qui les alimentent. Enfin, les facteurs génétiques et l’âge entrent également en jeu. Deux éléments impossibles à contrôler, mais qu’il est essentiel de prendre en compte dans la prévention.
Quand le diabète et l’hypertension s’en mêlent
Nous avons parler plus hauts des deux ennemis no 1 des maladies rénales : le diabète et l’hypertension. Pourquoi ? eh bien, le diabète, par exemple, endommage progressivement les filtres rénaux. Lorsque le taux de glucose dans le sang reste trop élevé, le sucre finit par traverser ces filtres fragiles, les encrassant et les détériorant peu à peu.
Résultat : les reins perdent leur capacité à éliminer efficacement les déchets.
L’hypertension artérielle, de son côté, agit comme une pression constante sur les vaisseaux sanguins des reins. Cette tension excessive abîme les parois et perturbe la bonne circulation dans le système de filtration. À long terme, les deux affections conduisent au même résultat : une diminution progressive de la capacité des reins à filtrer le sang et à évacuer l’excès de liquide.
**Des gestes simples pour les préserver **
Le Dr No’Man Abdulla Atchia rappelle qu’il n’existe pas de secret miracle pour garder des reins en bonne santé, mais plutôt une série de bons réflexes à adopter au quotidien. «Restez en forme, soyez actif et adoptez une alimentation équilibrée», conseille-t-il. Ces habitudes contribuent à maintenir un poids corporel idéal et à réduire la tension artérielle. Il recommande également de limiter la consommation de sel et de sucre, de surveiller régulièrement sa pression artérielle et son taux de glucose dans le sang. L’hydratation est aussi importante : boire entre 2 et 2,5 litres d’eau par jour aide les reins à bien faire leur travail d’élimination.
Enfin, le médecin met en garde contre certaines pratiques à risque : le tabagisme, qui endommage les vaisseaux sanguins, et la prise régulière d’anti-inflammatoires sans avis médical, qui peut fragiliser les reins sur le long terme.
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