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Dans un autre pays...

16 mai 2020

Les vives réactions suscitées par la proposition des amendements votés vendredi soir, en marge de la réouverture du pays, confirment que la politique a repris ses droits. D'un côté, un gouvernement qui continue à imposer de manière autoritaire ses règles, en refusant le dialogue citoyen pour mieux jouer le rôle de propriétaire du pays. De l'autre, une opposition dont certains membres qui, souvent pour la galerie, s'amusent à faire des shows au Parlement ou ailleurs, en manipulant l'opinion, quitte à pratiquer grossièrement la malhonnêteté intellectuelle.

 

Au milieu du débat, ils sont rares les esprits éclairés qui remettent les choses en perspective et s'interrogent rationnellement sur la pertinence, ou pas, de tous ces changements juridiques – 56 lois sont concernées –, dont certains sont justifiés à l'exemple de la flexibilité sur les paiements des factures, le renouvellement des passeports, l'extension pour la déclaration des nouveau-nés, etc.

 

Et c'est ainsi que nous avons assisté au Parlement à un match entre un exécutif qui se drape dans une attitude arrogante – en témoignent le manque de consultations, la réunion infructueuse avec les syndicalistes et la vitesse avec laquelle il veut procéder pour faire voter ces amendements – et une opposition dont plusieurs ont choisi la facilité de la critique, sans faire de propositions crédibles. Voire de profiter sans pudeur d'une situation délicate pour tirer un capital politique, quand ce n'est pas l'amnésie qui frappe certains, à l'exemple des Rouges qui surfent sur la vague de la peur, oubliant même de rappeler que la possibilité d'invoquer le licenciement économique et la clause révoltante des 30 jours payés est une réalité depuis 2008, instaurée sous un précédent gouvernement travailliste !

 

Bien évidemment, plusieurs aspects des nouvelles propositions des lois du travail provoquent des interrogations. L'inquiétude est ainsi légitime quand on prend en ligne de compte – pour ne citer qu'un point parmi d'autres – qu'un employé peut être mis au chômage technique temporaire, avec la garantie de retrouver son emploi mais avec la possibilité – et c'est choquant – que ses salaires soient réduits. Mais le citoyen serait plus à même de se faire son opinion sans la démagogie de certains, sans les amalgames douteux, qui n'ont pour but que la récolte des points sur le plan politique.

 

Au centre de ces affrontements, le public – dont une majorité ne va pas parcourir les 84 pages des amendements proposés – s'y perd, ne voit plus le déconfinement d'un bon oeil et s'inquiète depuis le vote de ces amendements suspicieux.

 

Dans un autre pays, nous aurions assisté à des débats sains et civilisés sur une télévision publique entre parlementaires de différents bords expliquant chacun le sens de son argumentation. Dans un autre pays, une opposition aurait pu nous dire, sur une antenne publique nationale, comment elle aurait fait et quelles sont ses propositions concrètes pour relancer l'économie après une telle pandémie. Dans un autre pays, un Premier ministre nous aurait dit quelle est l'urgence de certains amendements douteux tels que ceux entourant le Pharmacy Act. Dans un autre pays, des citoyens auraient pu participer aux échanges au travers d'un dialogue avec les élus.

 

Mais nous sommes à Maurice, là où la télévision nationale n'invite que les députés et ministres de la majorité à s’écouter, là où tout est une question de rapport de force, là où chaque problème est vu sous le prisme du pa mwa sa li sa. Notre pays se retrouve sur la liste noire de l'Union européenne ? Mais voyons, c'est la responsabilité de l'ancien pouvoir travailliste, tente de faire comprendre le ministre Seeruttun, dont le parti est au pouvoir depuis 2014 !

 

C'est dire à quel point chacun ne veut que sauver la peau de sa petite personne. C'est dire à quel point, plus que jamais, on doit se fier à son propre discernement, en faisant la distinction entre agitations et faits, entre perception et réalité, loin de ces élus, dont le discours s'adapte de par son côté de la chambre. Pour l’intérêt national, il faudra repasser !
 

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