Quel message le Premier ministre a-t-il envoyé le 1er mai ? Dans son discours, rien de nouveau si ce n’est qu’il répond à la stratégie habituelle de Pravind Jugnauth : vilipender ses adversaires, diaboliser Ramgoolam, démontrer la traîtrise de Bérenger, tout en flattant les développements apportés par son parti !
En présentant le MSM comme un «gouvernement socialiste» qui n’hésite pas à prendre des mesures pour les travailleurs, (il a rappelé les allocations accordées), les enfants (le pré-primaire sera gratuit l’an prochain), les personnes âgées (augmentations des pensions de vieillesse), les citadins (abolition des taxes municipales), Jugnauth poursuit sa tactique populiste, loin des grandes prévisions, à l’heure où la vigilance doit être observée sur le plan économique.
Mais ce n’est pas tant le fond du discours, vide d’idées neuves, qui était le point central de sa communication du 1er mai. Au-delà de toute la mise en scène orange, qui a voulu donner à ce meeting un caractère enthousiasme et bon enfant, au-delà du culte de la personnalité nourrie par les images de la MBC interviewant des partisans à l’amour inconditionnel pour le leader orange, le but était de projeter une image «soudée» du gouvernement et de ses trois partenaires – Collendavelloo, Ganoo, Obeegadoo n’ont eu que le mot unité à la bouche !
Le message est limpide : pendant que l’opposition n’arrive même pas à se mettre d’accord pour l’organisation d’un meeting, pendant que ces partis-là ne peuvent trouver des compromis ni sur le nombre de tickets, ni sur leur front bench, voilà que le MSM renvoie l’image d’une équipe rassemblée, le but étant de créer un impact psychologique !
Mieux, sachant que le PMSD serait, semble-t-il, le parti le moins à l’aise au sein de la plateforme de l’opposition, Jugnauth l’a complètement épargné, en concentrant ses tirs sur un PTr qui, selon ses allégations, protégerait les barons de drogue (jouant à l’amnésique concernant son propre entourage et leurs connexions douteuses avec certains trafiquants), et sur le MMM, qu’il qualifie de «plus faible que jamais».
Y aurait-il une ligne de communication Duval-Jugnauth, comme le font croire certaines rumeurs ? C’est le leader du PMSD lui-même qui, dans les colonnes de l'express mercredi, balaie cette probabilité affirmant qu’il y a une tentative «de semer la zizanie», que le «PMSD s’accroche à ses principes», et que «la priorité reste la conclusion de l’alliance PTr-PMSD-MMM» !
En attendant, le MSM continue sa tactique triomphante qui est celle de poursuivre sa pêche dans le bassin de l’opposition. Les dernières prises ont été montrées à Vacoas le 1er mai dernier. Parmi les nouveaux transfuges, l’on notera la présence d’Avinaash Munohur, exhibé pendant un temps comme l’étoile montante du MMM, avant qu’il ne démissionne pour des raisons professionnelles et qu’on finisse par le retrouver aux côtés d’autres démissionnaires (Sheik Mukhtar Hossenbocus (PTr), Roshan Seetohul (PMSD), entre autres, dans le carré VIP du MSM le 1er mai dernier !
L'objectif de Jugnauth sera-t-il atteint ? Donner la perception d’une équipe unie, qu’importe les scandales, les critiques, sa gestion autocrate et sa révoltante mainmise sur les institutions ! Ce, pour mieux renforcer l’idée que malgré les interminables lourdes casseroles que porte son parti, il continue d’attirer une quantité d’anciens membres des plateformes de l’opposition ! «Nou pe akeyir bokou dimounn ki pe vinn avek nou», a-t-il lâché !
On imagine bien que ceux-là n’ont pas été attirés par le charisme de Pravind Jugnauth et que toute cette pratique de débauchage est une affaire de promesses, de tickets, de postes et de places à pourvoir, dans la perspective des législatives. D’autant que Jugnauth n’hésitera pas à sacrifier tous les poids lourds trempés dans les eaux troubles, qu’il fera passer à la trappe au moment voulu, leur faisant porter seul les chapeaux scandaleux !
Serait-ce le sort qui guette le ministre Maneesh Gobin, de plus en plus coincé par l’affaire «Stag party» et qui, après avoir disparu des conférences de presse, a été privé de parole le 1er mai dernier ? Toujours est-il que le jeu de Jugnauth est clair : démontrer l’unité au sein du gouvernement, ainsi qu’avec ses partenaires, faire comprendre qu’il est le seul chef à bord, exposer les nouvelles têtes symboliques, devenues orange, approfondir la division au sein de l’opposition parlementaire, en créant la perception d’une probable axe MSM-PMSD (après l’échec d’une éventuelle entente MSM-PTr) !
Ainsi, ce n’est pas tant son discours – n'annonçant rien de nouveau – qui constituait la communication du Premier ministre ! Sa frappe psychologique, qui s’apparente plus à de la petite politique aux dividendes rapides qu’à un grand plan d’avenir pour notre pays, était ailleurs…
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