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Le faux combat contre la corruption !

11 décembre 2022

Serait-ce encore une tactique pour détourner l’attention de l’opinion publique ? Ainsi, le Premier ministre annonce la création d’une «Financial Crime Commission», soit une nouvelle superstructure institutionnelle étatique dont l’objectif serait de coordonner et de chapeauter l’ensemble des organismes censés lutter contre la corruption.

 

On pourrait arguer que l’idée en soi n’est pas mauvaise, car cette nouvelle plateforme aurait pu réunir une synergie d’intelligences collectives ! Sauf que ça se saurait si, par exemple, l’ICAC – une des antennes concernées – était efficace et produisait des résultats. Or, quel est le travail de cet organisme, si ce n’est d’exercer un rôle de bouclier pour protéger le pouvoir et ses membres qui, trempés dans plusieurs scandales et interrogés à l’Assemblée nationale, invoquent les enquêtes de l’ICAC pour éviter de répondre de leurs actes !

 

C’est le leader du Reform Party, Roshi Badhain, lui-même ancien directeur des enquêtes à l’ICAC, qui rappelait sur le plateau de Radio Plus ce vendredi 9 décembre que la naissance de l’organisme censé combattre la corruption n’a fait qu’empirer la situation : «Nous sommes aujourd’hui 49e au niveau mondial sur l’indice de perception de la corruption. En 2002 (soit à la création de l’ICAC), nous étions à la 40e place.»

 

Un paradoxe qui se traduit également par la nécessité de donner vie à une nouvelle organisation, laissant ainsi comprendre que toutes les structures existantes ne fonctionnent pas correctement ! Sinon, quel aurait été l’intérêt de cette nouvelle entreprise qui, encore une fois, va engranger des dépenses publiques supplémentaires, alors même que, selon Badhain, Rs 3 milliards auraient été utilisées en 20 ans pour le fonctionnement de l’ICAC. Et l’on sait avec quels résultats !

 

C’est dire que si le gouvernement ne se contentait pas d’effet d’annonce et qu’il souhaitait réellement combattre la corruption, tout en faisant preuve de bonne gouvernance, ce n’est pas tant une nouvelle structure qui importe ! Ce serait plutôt la correction des manquements des organismes déjà existants : réforme de lois les régissant, changement du personnel, renforcement des moyens humains et financiers, entre autres ! Or, quelle est l’impression qui se dégage, si ce n’est qu’encore une fois, les fonds publics profiteraient aux petits copains, ces nominés politiques casés sous l’ombrelle d’une future plateforme dotée de super pouvoirs dont le but sera de protéger les gouvernants du jour ? Si l’annonce de cette nouvelle organisation n’a aucune crédibilité, c’est parce qu’elle survient sur toile de fond de toute l’affaire Kistnen – dont le meurtre a fait découvrir un système pourri de copinage politique où des appels d’offres n’agissent que comme écran de fumée !

 

Car ce sont toujours les mêmes privilégiés qui finissent par décrocher des contrats au détriment d’autres pions, permettant à des patronymes bien nés, sinon bien connectés, de s’enrichir. La magistrate Mungroo-Jugurnath, dans son rapport sur la mort de Kistnen, estime que l’allocation des contrats publics peut être considérée comme étant le motif principal du crime : «It may constitute the strongest motive for the crime», peut-on lire avant de prendre connaissance du lien entre les différents protagonistes et de la manière de procéder pour l’obtention des contrats. «Several disturbing aspects in relation to the manner in which procurement was handled at the level of different ministries as well as the STC were noted.»

 

Alors que toutes ces informations sont du domaine public, c’est sans pudeur que le Premier ministre, pour justifier la décision de ne pas baisser les prix des carburants, brandit l’élément d’une STC qui sera déficitaire si les prix de l’essence et du diesel baissent. «Eski dimounn pe anvi nou fer STC al an likidasion ?» s’est-il demandé, tandis que le rapport de la magistrate révèle tout un fonctionnement où l’argent des contribuables sert  à enrichir les amis du pouvoir !

 

Comment peut-on ne pas s’indigner devant toute cette mauvaise gestion entraînant le gaspillage de fonds publics comme ce sera bientôt le cas avec un énième organisme mis sur pied pour soi-disant lutter contre la corruption alors que le citoyen, lui, s’appauvrit !

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