En réalité, ces épisodes s’apparentent à un plan froidement calculé dont le premier acte fut la cassure de l’alliance MMM-PTr-PMSD ! Est-il vrai, comme certains le rapportaient en coulisses, que le camp bleu n’était pas à l’aise dans la configuration des trois partis de l’opposition réunis et qu’il y avait déjà quelques ponts établis avec le pouvoir l’an dernier ?
Toujours est-il que la «dignité blessée du PMSD», rapportée alors par Adrien Duval, après la proposition des huit tickets (qu’il est allé renégocier ensuite avec Ramgoolam), ses commentaires évoquant des erreurs commises par l’alliance PTr-PMSD en 2019, n’ayant pu aligner des candidats tels qu’Obeegadoo, Ganoo, Ramano et Jugatpal, ne laissaient aucun doute sur la direction qu’allait prendre son parti ! L’envoi d’Adrien Duval au front et sa nouvelle nomination comme Speaker, qui le met sous les projecteurs, sont-ils une indication d'une succession future papa-piti à la tête des Bleus ?
C’est cette toile de fond qui dicte la scène à laquelle on assiste aujourd’hui et qui n’est une surprise que pour le grand public. Voici l’acte deux d’un feuilleton politique respectant un scénario ! Cette fois, nous avons assisté à un ironique boomerang ! Avec, dans le rôle du dommage collatéral, l’ancien Speaker toujours prompt à décapiter les membres de l’opposition, accomplissant sa mission anti-démocratique avec zèle, et qui a fini par être lui-même guillotiné ! Du coup, le sacrifié Phokeer est le premier étonné de voir sa tête offerte à Duval qui avait fait un plaidoyer pour un changement au Parlement !
Si la coïncidence de l’hospitalisation du Speaker était une bonne parade pour ne pas perdre la face, celui-ci ne s'attendait pas à une contraignante démission ! C’est ainsi que mardi matin, Phokeer faisait part aux médias de son admission à l’hôpital, annonçant son absence et son congé de l’Assemblée nationale, se permettant même d’avoir une pensée (sur Radio Plus) pour tous ceux qui le «critiquent en leur souhaitant bonne chance dans la vie». Sans jamais évoquer un éventuel départ !
Sauf que la visite du Premier ministre à son chevet le même jour ne lui laissait plus aucune autre avenue, Jugnauth scellant lui-même le destin de son ancien efficace paravent par un laconique : «Il m’a dit qu’il pourrait prendre certaines décisions à l’avenir…»
On connaît la suite avec un communiqué de l’Assemblée nationale annonçant sa démission, précédant celle de l’intéressé, la nomination d’Adrien Duval confirmant le premier jalon d’une alliance MSM-PMSD, quoiqu’en dise Duval qui, en conférence de presse ce samedi, dément une négociation ! Le PMSD tente grossièrement de camoufler son jeu, n’étant pas à l’aise pour s’asseoir aux côtés de ses camarades du gouvernement après une quantité d’incisives PNQ du leader Duval qui ont mis à mal le pouvoir !
Cette absence de changement au niveau du sitting arrangement a provoqué la colère de l’opposition PTr-MMM-ND qui ne voulait pas que le tandem Duval-Armance occupe les mêmes travées qu’eux ! Pour combien de temps encore, le PMSD se moquera-t-il de l’intelligence collective des citoyens en faisant croire qu’il est dans l’opposition pendant qu’un des siens siège comme Speaker ?
Si la nomination de Duval fils – qualifiée d’anti-constitutionnel par le trio MMM-PTR-ND – a eu lieu dans une ambiance électrique sous les huées de ses anciens camarades, le taxant tantôt de «vander» et lui criant tantôt «laont», cette même opposition s’est montrée (douteusement ?) bienveillante envers le Deputy Speaker Nazurally (ML) qui aurait dû présider la séance selon eux ! Est-ce que le ML avalera cet épisode de peur de perdre sa place auprès du gouvernement avec l’arrivée des Bleus qui semblent avoir une meilleure cote auprès du MSM ?
Ces secousses auxquelles nous av
ons assisté ne devraient pas nous faire oublier les frasques de l’ancien Speaker qui a accompli sa mission de bouclier du Premier ministre et des élus majoritaires jusqu’au bout !
La vulgarité de Phokeer, son langage violent et abusif («Collect this man», «Look at your face», «Rest in peace»…), les suspensions et expulsions, les questions censurées ou encore l’incroyable décision d’interdire les interrogations sur les Collectivités locales resteront dans les pages sombres de l’histoire de notre Parlement profondément blessé par un grossier personnage qui lui donnait la signification contraire du temple de la démocratie.
Quelle sera la prochaine tête qui roulera sous les pieds d’un PMSD tentant de faire croire à sa capacité de provoquer une forme d’assainissement dans nos institutions avant de dire un oui public au MSM ?
«Nou pou gete si bann preokipasion PMSD reini pou permet ene koalision», a lâché Duval samedi ! Qui ne devine pas le contenu du prochain acte ? Que nous donnera-t-on à voir bientôt ?