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Les obligations du nouveau «trouple politique»

23 juillet 2023

Un mariage forcé ! Une urgence à publier les bans ! Et une annonce qui n’a pas vraiment eu d’impact sur l’échiquier politique ! C’est l’image que projette la nouvelle alliance de l’opposition traditionnelle, qui, à part la déclaration publique sur la finalisation d’une entente, ne nous apprend rien qu’on ne savait déjà ! Voilà donc trois partis traditionnels, qui, semble-t-il, représentent l’alternative au pouvoir, et qui, au lieu d’illustrer l’espoir face à un gouvernement impopulaire, montrent déjà quelques signes d’inconfort !

 

À Trèfles mercredi dernier, c’est un Bérenger prudent qui déclare (pour rassurer ses partisans ?) que «nou oblize fer lalians akoz sistem elektoral.» On repassera pour l’envie de travailler ensemble, la confiance entre chefs et l’harmonie des trois partis ! Cette «obligation»  jouera-t-elle en faveur du nouveau trio ou fera-t-elle douter un électorat qui a assisté à la cassure de plusieurs alliances et qui s’interrogera légitimement sur la solidité de celle-ci ?

 

D’autant que cette plateforme, outre l’objectif affiché de déboulonner Jugnauth, ne nous dit toujours pas comment elle compte s’y prendre pour redresser le pays.  Que nous ont appris les leaders si ce n’est qu’il faut débarrasser Maurice d’un gouvernement «mafieux», et que partout «kot ou gete ena katastrof : ladrog, law and order, koripsion, represion, gaspiyaz larzan piblik…» Ce qui n’est pas faux !

 

Mais quel type de gouvernance nous propose-t-on pour faire face aux dérives ? Quelles sont les grandes lignes d’un programme commun qui suscitera l’intérêt des Mauriciens ? Comment est-ce que la nouvelle alliance se démarquera-t-elle de la politique du copinage, qui a aussi ses empreintes dans les gouvernements précédents auxquels ont fait partie successivement le PTR, le MMM et le PMSD ?

 

Quelle garantie légale peut-on avoir sur le respect de nos institutions, pendant que nous assistons à l’indécent bras de fer CP/DPP ?

 

Si cette alliance ne  suscite pas encore l’engouement attendu à cause de sa visible impréparation frisant un surprenant amateurisme, le timing fait penser à une opération de détournement d’attention ! Est-ce que le moment de l’annonce a été choisi pour faire oublier le procès Dayal/Jugnauth alors que les spéculations vont bon train sur une supposée longueur d’avance que le Premier ministre aurait ? Ce n’est pas tout ! Avant même que l’issue ne soit connue dans l’affaire Dayal, la nouvelle alliance fait déjà face à une épreuve de taille ! Ramgoolam, qui malgré l’incapacité à se faire élire par deux fois, et qui se voyait déjà candidat au poste de Premier ministre, doit faire face (après son appel rejeté par le Privy Council) à un nouveau procès dans l’affaire des coffres-forts.

 

Est-ce que la nouvelle alliance prendra le risque de miser sur un candidat qui a déjà une épée de Damoclès sur sa tête ? En attendant, c’est sur le terrain, au travers des différents congrès et meetings annoncés qu’on pourra désormais mesurer la popularité (ou l’inverse) du nouveau trio politique, de la réaction des électorats respectifs, et du mood général de cette «île Maurice profonde» dixit Duval ! Quand l'on sait qu’une alliance PTR-MMM a été rejetée en 2014, suivie d’une alliance PTR-PMSD qui n’a pas eu les faveurs de l’électorat en 2019 (pendant que le MMM allait seul contre tous), l’on peut se demander ce qui a changé depuis !

 

Pendant que ce «trouple politique» essaie de convaincre, la surprise est venue de l’intérieur du gouvernement. Ainsi, c’est Collendavelloo qui a attiré l’attention sur la clause A4 du Finance Bill. Une prise de position salutaire (qui lui a valu les applaudissements de l’opposition) car elle dénonce ici des amendements à la Local Gouvernement Act permettant désormais au ministre des Collectivités locales de nommer deux personnes supplémentaires (les nominés politiques devenant majoritaires) sur le Permits and Business Monitory Committtee (PBMC) ! La lecture de Collendavelloo est claire : «Leur siège dépend de la volonté du ministre.» «Il y aura la main directe du ministre sur ce comité.» N’est-ce pas là une nouvelle illustration d’accaparement du gouvernement sur les mairies et les conseils de districts qui sera utilisée comme nouveau levier du pouvoir pour l’octroi des permis ? En ouvrant la porte à toute tentation de corruption…

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