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Par Michaëlla Seblin
7 janvier 2019 12:19
La surprise a fait son effet. Même si la stratégie n’échappe à personne. L’annonce faite par le Premier ministre sur les études supérieures qui deviendront gratuites à partir de la rentrée 2019 s’inscrit dans le droit fil de mesures populistes, faites à la veille d’élections générales. Ce faisant, Pravind Jugnauth ne fait que marcher dans les pas de ses prédécesseurs. Annoncer avant tout le monde un engagement qui fera mouche pour en tirer un profit électoral. Éducation gratuite en 76, transport gratuit pour étudiants, personnes handicapées et âgées en 2005, pension de vieillesse à Rs 5 000 en 2014.
Et voilà le chef du gouvernement critiqué aujourd’hui tout comme Navin Ramgoolam, hier, quand celui-ci annonçait la gratuité du transport public. L’histoire se répète avec les habituelles interrogations et critiques. Qui passera à la caisse si ce n’est l’ensemble des Mauriciens à travers les taxes ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de consultations avec les professionnels concernés ? Et quid de la qualité et des infrastructures de nos institutions supérieures ? Qu’est-ce qui sera sacrifié pour permettre la concrétisation de cette décision à coup de milliards de roupies ? Bref, autant de questions posées depuis l’annonce de ce secret bien gardé qui, faut-il le souligner, n’était ni dans le manifeste électoral de l’Alliance Lepep, ni dans la présentation du dernier budget. D’où cette étrange impression d’un gouvernement qui semble disposer de l’argent des contribuables pour s’en servir comme levier électoral à la veille d’un scrutin national. Et pas que ! Ne sommes-nous pas à quelques jours d’un rendez-vous important en ce mois de janvier avec le prochain jugement du Privy Council sur l’affaire Medpoint où Pravind Jugnauth semble jouer son avenir politique ?
Ce qui explique le début des grandes manœuvres. Dont l’unique but est juste une affaire de séduction de la population. Car, on aura beau se demander comment ce gouvernement compte financer cette décision, on aura beau dire qu’il manque une réflexion responsable, raisonnable et dépassionnée, peu lui importe à partir du moment qu’il touche son cœur de cible, l’île Maurice profonde, les classes populaires. Et à ce niveau, il faut reconnaître que le leader du MSM marque des points. D’ailleurs, on aura noté que pour l’heure, les responsables des partis opposants ( à part Xavier Duval qui a ménagé la chèvre et le chou) sont précautionneux et ne se pressent pas pour commenter cette initiative. Même si l’on devine qu’ils ne tarderont pas à trouver une pirouette pour critiquer négativement cette décision. Mais tous savent qu’il s’agit là d’une mesure émotionnelle, sociale.
Comment blâmer cette proposition du gouvernement sans froisser ceux au plus bas de l’échelle qui voient dans cette annonce l’occasion d’une égalité des chances, la démocratisation de l’éducation et l’opportunité d’une meilleure justice sociale ? C’est dire que si cette mesure de Pravind Jugnauth fait jaser, c’est que tout comme la pension de vieillesse à Rs 5 000 en 2014, elle reste une mesure appréciée, populaire. Et qu’elle est bien plus sonore que celles annoncées jusqu’ici par les autres responsables politiques. Car nous sommes entrés depuis quelque temps dans l’ère des promesses. Si le Premier minsitre fait les yeux doux aux plus jeunes, Ramgoolam, lui, tente une opération séduction envers les personnes âgées. Pension d’invalidité qui ne s’arrêtera pas malgré l’âge de la retraite, construction d’un hôpital gériatrique s’il revient au pouvoir…
Bref, la campagne électorale avait déjà commencé. Elle prend un coup d’accélérateur avec des leaders qui tentent de rivaliser d’idées neuves et d’originalité. C’est à qui annoncera la meilleure trouvaille ! Bienvenue en 2019, l’année des élections, l’année où les politiques traditionnels vont continuer à nous prendre pour des imbéciles. À nous citoyens de savoir si nous voulons toujours jouer le rôle de moutons…
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