Publicité

Dr Sandip Vencatakistnen

Quand la médecine rencontre les arts martiaux

25 novembre 2025

Il a trois amours : sa famille, la médecine et les arts martiaux. Ce médecin de profession nous dévoile son petit monde.

Entre sa salle d’auscultation et les tatamis, il trouve son équilibre. Ne lui demandez pas de faire un choix ou de vous dire ce qu’il aime le plus : c’est impossible pour lui... Ces deux aspects de sa vie sont comme des moteurs qui le motivent tous les jours et qui l’aident, dit-il, à être un homme meilleur au quotidien. Avant d’en apprendre plus sur les deux activités qui rythment sa vie, faisons d’abord connaissance avec notre interlocuteur. La première question s’impose donc : pouvez-vous vous présenter ? «Je suis le Dr Sandip Naïdoo Vencatakistnen, médecin de profession et passionné d’arts martiaux depuis mon plus jeune âge. Aujourd’hui, je partage mon temps entre la pratique médicale, à travers la clinique Bambous Medicare, que je codirige avec mon épouse, et l’enseignement du kyokushin karate. Je suis aussi sensei et président de la Kyokushin World Federation Mauritius. J’aime me définir comme un bâtisseur : bâtir la santé, bâtir la discipline, bâtir des vies plus fortes et plus équilibrées», nous dit-il avec entrain.

Les présentations faites, le jeune médecin nous invite à découvrir davantage son petit monde : «Mon parcours est le fruit de deux héritages : celui de mon père, Shihan Nanda, qui m’a initié au kyokushin à l’âge de 4 ans, et celui de ma vocation médicale. J’ai ouvert mon premier dojo à seulement 18 ans et obtenu ma ceinture noire à 19 ans. Peu après, j’ai eu la chance de remporter une bourse pour aller étudier la médecine en Russie...» Là-bas, il a vécu des expériences qui l’ont forgé : «Durant cette période, faute d’une école kyokushin près de mon dortoir, je me suis formé à d’autres disciplines comme le wushu et le kickboxing, avant de retrouver le kyokushin en rejoignant Voronezh pour terminer mes études. Trois ans plus tard, j’y ai ouvert mon propre dojo, qui existe encore aujourd’hui et continue d’être dirigé par mes élèves.»

À Maurice, il a continué à cultiver sa passion : «De retour dans l’île depuis 2015, j’ai repris l’enseignement dans différents dojos du pays, avant d’en ouvrir un nouveau à Bambous en 2019. Mon parcours martial m’a conduit à participer à plus de 20 tournois locaux et internationaux, où j’ai été champion national, vice-champion de l’océan Indien, 3e à l’Open de la Réunion et sélectionné pour le World Tournament en 2019.» Aujourd’hui, il jongle avec son métier et le karaté : «Pour moi, la médecine et le karaté ne s’opposent pas : ils se complètent. Le karaté m’a appris la rigueur, la persévérance et la gestion du stress, des qualités indispensables à l’exercice de la médecine. La médecine, de son côté, m’a donné une compréhension scientifique de la biomécanique et de la physiologie humaine que je transmets à mes élèves dans leur pratique du kyokushin. Le fil conducteur est le même : aider l’être humain à devenir plus fort, plus résilient, et à se dépasser, que ce soit sur le plan physique, mental ou spirituel.»

La transmission est aussi importante pour lui : «Tout a commencé à 4 ans, sur le tatami, auprès de mon père Shihan Nanda. C’est lui qui m’a transmis non seulement la technique, mais surtout l’esprit du kyokushin : le courage, la discipline et la philosophie du “never give up”. Au fil des années, j’ai progressé, enseigné, ouvert mes propres dojos, formé des élèves. Aujourd’hui, être sensei, ce n’est pas seulement enseigner des coups ou des katas, c’est transmettre une vision de la vie.»

**«Passion et organisation» **

Homme à multiples facettes, il est aussi le président de la Mauritius Kyokushin Karate Federation et arrive à mener de main de maître toutes ses obligations : «Je crois que tout est une question de passion et d’organisation. J’ai appris très tôt à me discipliner et à persévérer. Pendant la pandémie de COVID-19, par exemple, j’ai servi mes patients sans relâche, parfois en dormant plusieurs jours de suite à la clinique de Bambous pour être toujours présent. Dans le même temps, je n’ai jamais cessé de soutenir mes élèves et de maintenir le lien avec le dojo.»

Sa famille lui permet aussi de toujours maintenir le cap et de garder en tête ses objectifs : «Aujourd’hui, avec mon épouse le Dr Neha Goorah-Vencatakistnen, nous faisons tourner ensemble Bambous Medicare, qui n’est pas une clinique comme les autres. Nous y avons introduit des traitements pionniers à Maurice dans le domaine de la gestion de la douleur, de l’incontinence urinaire, de la médecine régénérative et des soins de la peau. C’est un travail d’équipe, dans la vie comme dans la médecine.»

Pour lui, il n’y a pas à en douter, il y a définitivement un lien entre la discipline martiale et la santé mentale : «Le kyokushin est une école de caractère. C’est une discipline exigeante où la douleur devient force et où chaque chute est une leçon de résilience. Cette philosophie aide à renforcer non seulement le corps, mais aussi l’esprit. Pour beaucoup, le dojo devient un refuge : des enfants timides qui gagnent en confiance, des adultes stressés qui retrouvent leur équilibre, des patients qui apprennent à gérer leurs douleurs chroniques avec courage. En tant que médecin, je vois à quel point cette dimension mentale est fondamentale dans tout processus de guérison.»

Les principes du Kyoshukin...

Et comment les principes du kyokushin s’appliquent-ils dans sa pratique médicale ? C'est sans hésitation et avec conviction que nous répond le Dr Sandip Vencatakistnen : «Le kyokushin repose sur l’endurance, l’humilité et la recherche constante de perfection. Ces mêmes principes guident ma pratique médicale : écouter chaque patient avec respect, analyser chaque détail avec rigueur et ne jamais abandonner tant qu’une solution n’a pas été trouvée. Ma formation médicale me donne un regard unique sur la biomécanique des techniques martiales, et inversement, l’entraînement martial m’a appris à voir la médecine de façon plus globale : chaque symptôme s’intègre dans un tout, et il faut parfois aller au-delà des apparences pour poser le bon diagnostic.»

Et au fil des années, le médecin a emmagasiné tout plein d’anecdotes de guérison découlant du lien qu’il y a avec un entraînement martial en parallèle avec un traitement médical. «Plusieurs exemples me viennent à l’esprit. J’ai vu des patients souffrant de douleurs chroniques retrouver mobilité et confiance grâce à l’entraînement martial, en parallèle de leur traitement médical. Des enfants hyperactifs ont trouvé dans le karaté une voie pour canaliser leur énergie et améliorer leurs résultats scolaires. Des adultes, dépassés par la pression professionnelle, ont retrouvé un équilibre en s’investissant dans le kyokushin. Chaque histoire de transformation confirme que le kyokushin n’est pas seulement un art martial : c’est une thérapie du corps et de l’esprit», conclut le Dr Sandip Vencatakistnen.

Entre sa salle d’auscultation et les tatamis, il n’y a qu’un pas, qu’il a franchi allègrement.

Publicité