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14 septembre 2025 08:53
Il était un modèle de dévouement et de courage. Âgé de 53 ans et comptant 31 années de service dans la force, ce sergent affecté au poste de police de Vallée-Pitot s’est éteint brusquement ce mercredi 10 septembre, terrassé par une crise cardiaque. Doté d’un sens du service au travail comme dans la vie, il laisse une marque indélébile dans le coeur de sa famille et de sa communauté. Témoignages…
On dit souvent que «les meilleurs partent en premier». Ce proverbe bien connu a pris tout son sens avec le départ soudain et brusque du sergent Zahir Hussein Sayed Ackbar, terrassé par un arrêt cardiaque ce mercredi 10 septembre à l’âge de 53 ans. Père de famille exemplaire, officier de police dévoué, homme de principe et de conviction, son décès inattendu a plongé son entourage, ses collègues et sa communauté dans une tristesse incommensurable. Sur les réseaux, les messages d’hommage de ceux l’ayant côtoyé ne cessent de défiler, saluant sa sagesse authentique, son intégrité inébranlable et son altruisme. D’après tous ceux qui l’ont connu, venir en aide aux autres était bien plus qu’un travail lui permettant de subsister ; c’était une aspiration profonde, un désir qui motivait et animait sa vie.
Au-delà d’un profond chagrin, la disparition brutale du sergent Zahir Hussein Sayed Ackbar a, avant tout, provoqué une onde de choc puisque le quinquagénaire ne souffrait d’aucun problème de santé apparent. «Il faisait du sport régulièrement. Il allait à la gym, faisait de l’escalade ; il était en pleine forme, si ce n’est qu’il souffrait occasionnellement de migraines», lâche Parween, son ancienne compagne. Séparés depuis trois ans, ils avaient, certes, choisi de prendre des chemins différents, mais le policier était toujours très présent dans sa vie et celle de leurs deux enfants – Zaheerah, 22 ans, et Sufyaan, 17 ans –, qu’il contactait régulièrement.
Une semaine plus tôt, Parween et sa fille Zaheerah avaient pris l’avion pour se rendre en France, un séjour qui aurait dû durer une semaine. Pendant leur absence, le sergent, affecté au poste de police de Vallée-Pitot, continuait de veiller à ce que son fils ne manque de rien. Le jour fatidique, relate son ex-compagne, «il l’a même appelé vers 10h30 pour s’assurer que tout allait bien pour lui et lui demander s’il s’était rendu à ses cours particuliers. Tout semblait aller bien pour Zahir. Je pense que c’est après leur échange qu’il s’est rendu à la gym». C’est pendant qu’il faisait du sport qu’il a soudainement été pris d’un malaise. Loin de se douter de la gravité de son état de santé, il serait rentré chez lui, à Terre-Rouge, pour se reposer. Hélas, son cœur a lâché peu après. Parween raconte : «Son père, à qui il rendait visite quotidiennement, s’est inquiété de ne pas le voir arriver. Il a tenté de le joindre au téléphone à plusieurs reprises, sans succès. Il a donc demandé à un proche de se rendre chez lui pour s’assurer qu’il allait bien. La porte de sa maison était restée ouverte ; il était allongé sur le canapé, inerte. Il avait déjà rendu l’âme.» Une autopsie a conclu qu’il est décédé d’un arrêt cardiaque parce qu'il avait une artère bouchée.
Depuis la séparation de leurs parents, les deux enfants du sergent Zahir Sayed Ackbar vivent avec leur mère à Bois-Pignolet. «Même si nous ne vivions plus ensemble, nous avions toujours gardé de bonnes relations avec papa. À chaque fois que nous avions un souci, il répondait présent. Il prenait tout le temps de nos nouvelles, nous parlait régulièrement», raconte Zaheerah. Elle poursuit, émue : «Il était toujours prêt à tout pour nous et veillait à ce que nous ne manquions de rien. Il était très à cheval sur l’éducation, très strict. Sa priorité était de nous voir réussir nos vies. J’ai, pour ma part, terminé ma scolarité, mais il continuait d’être sur le dos de mon frère, qui prendra part aux examens du School Certificate cette année. Il voulait qu’il ait de bons résultats, qu’il réussisse dans la vie, comme chaque parent le souhaite pour son enfant. À chacune de nos réussites, il ne manquait pas de nous montrer à quel point il était fier.» Ce qui lui manquera le plus, dit-elle, la voix brisée par l’émotion, c’est «sa bonne humeur, sa façon de rigoler. À chaque fois que je regarderai mon chat, je penserai à lui car c’est lui qui l’avait trouvé pendant l’une de ses patrouilles et me l’avait offert. C’est le cadeau qu’il m’a laissé».
Principes et valeurs
Son ex-compagne salue, quant à elle, son sens des responsabilités envers sa famille. «Il était là au quotidien, puisqu’il venait déposer notre fils à la maison tous les jours après ses cours particuliers. Il était très présent, surtout pour ses enfants. Son départ a particulièrement affecté mon fils, qui s’exprime très peu depuis», confie-t-elle, le cœur brisé. Bien que les deux parents se parlaient peu depuis leur séparation, Parween relate qu’«il n’a pas hésité à prendre les devants lorsque mes parents sont décédés et s’est chargé de toutes les démarches» ; un geste qui en dit long sur ses principes et ses valeurs. «Cela n’a fait que démontrer toute l’affection qu’il continuait de porter à ma mère», lâche Zaheerah. D’ailleurs, à l’occasion du 18e anniversaire de son fils l’an prochain, il envisageait de les envoyer tous les trois à l’étranger pour l’Umrah. «Dans tout ce qu’il entreprenait pour nous, notre mère n’était jamais mise de côté.»
L’ex-compagne du policier raconte que «le sens du service était, depuis toujours, sa plus grande qualité». Dans son métier, qu’il exerçait depuis 31 ans, «il a toujours été exemplaire». Envers sa famille, le sergent s’est toujours montré «très protecteur. Il voulait que nous soyons conscients de ce qui se passait, mais nous a toujours protégés de la cruauté de la vie. Il se démenait pour que nous ne soyons jamais confrontés à tous les fléaux de notre société. Il n’avait jamais voulu que nous passions le voir au poste, cherchant à nous éloigner de cette dure réalité», poursuit Zaheerah. Il faisait, selon ses proches, toujours preuve d’humilité en toute circonstance : «Nous n’étions même pas conscients du nombre de personnes qu’il avait aidées. Ce n’est qu’après son décès que nous nous sommes rendu compte, sur les réseaux sociaux, de tout ce qu’il avait accompli. C’est incroyable. Cela nous a choqués et rendus fiers de voir qu’il était tellement apprécié. Cela nous a touchés de voir tant de commentaires positifs à son égard.»
Riyaad Peertum, responsable de l’Al Hudaibiyyah Funeral and Islamic Centre, fait partie de ceux ayant eu l’occasion de collaborer avec le sergent à plusieurs reprises. Sollicité, il relate : «Sak fwa ki linn fer bann patrol, ki linn zwenn bann dimounn dan problem, linn donn zot so sipor. Linn bien ede lor kote ledikasion bann zenn. Linn mem mobiliz stasion Vallée-Pitot pou ki so lekip kapav donn nou enn sipor kan nou fer distribision bann manze. Pendant le Ramadan, il nous a apporté son soutien et a pris la responsabilité d’aller distribuer des vivres à de ceux dans le besoin, ceux que nous ne connaissions pas forcément. Vu qu’il était constamment sur le terrain, il était conscient des problèmes des uns et des autres. Il leur apportait son aide à sa manière, sans solliciter qui que ce soit.»
Riyaad Peertum poursuit avec émotion : «Boukou mama finn plor avek li parski zot zanfan finn tom dan ladrog. Pour leur éviter d’avoir des démêlés avec la justice, il conduisait souvent ces jeunes chez nous pour que nous puissions les aider, les mettre sur le droit chemin et leur offrir une deuxième chance dans la vie.» Il concède que «son combat contre la drogue était avant tout une lutte personnelle pour protéger sa communauté, pas juste son gagne-pain». La dernière fois qu’ils se sont parlé, dit-il, «c’était quelques heures avant son décès. Preske toulezour li ti pe vinn dan sant kot nou. Kan nou finn aprann so lamor, nou finn gagn enn gran sok».
Les funérailles du sergent Zahir Sayed Ackbar ont eu lieu le jeudi 11 septembre, une cérémonie que son ex-compagne et sa fille ont suivi de l’aéroport en France, avant de prendre l’avion pour rentrer. Les rites funéraires exigeant que l’enterrement ait lieu le plus vite possible, ses obsèques n’ont pu être reportées. Le Police Band a accompagné le cortège funéraire, tandis que ses collègues en uniforme ont porté son cercueil sur leurs épaules, l’accompagnant jusqu’à sa dernière demeure. Son brusque départ nous rappelle que la vie ne tient qu’à un fragile fil.
Dr Nazim Subrotee : «La plupart des crises cardiaques peuvent être évitées»
Le cœur est l’un des plus gros muscles du corps. Une crise cardiaque, ou infarctus du myocarde, se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du muscle cardiaque est soudainement bloqué. Comme tout autre organe, le cœur a besoin d’oxygène et de nutriments, apportés par les artères coronaires. Mais lorsque l’une d’elles est obstruée, généralement par un caillot sanguin formé sur une plaque d’athérome, un dépôt de cholestérol, de graisses et d’autres substances, la circulation est interrompue. Privées d’oxygène, les cellules du muscle cardiaque commencent alors à mourir en quelques minutes.
La crise cardiaque ne survient pas toujours sans prévenir. Le corps peut envoyer des signaux qu’il est vital de reconnaître. Selon le Dr Subrottee, les symptômes varient d’une personne à l’autre, mais certains sont fréquents. La douleur, ou gêne dans la poitrine, reste le symptôme le plus courant, souvent décrite comme une pression, une brûlure ou un serrement, pouvant irradier vers le bras gauche, la mâchoire, le cou, le dos ou l’abdomen. L’essoufflement, la transpiration froide, les nausées, les vomissements ou encore les vertiges sont également des signaux d’alerte. «Il est essentiel d’apprendre à les identifier et à agir rapidement», souligne le médecin. Plusieurs facteurs favorisent le développement d’une maladie coronarienne et augmentent donc le risque de crise cardiaque. Le tabagisme est l’un des plus importants : la fumée de cigarette endommage directement les vaisseaux sanguins. L’hypertension artérielle fragilise les parois des artères, tandis qu’un excès de mauvais cholestérol (LDL) favorise la formation des plaques d’athérome. Le diabète, en maintenant un taux élevé de sucre dans le sang, altère lui aussi les vaisseaux. L’obésité, le manque d’activité physique et même le stress chronique viennent alourdir la balance des risques.
Le Dr Subrottee rappelle, cependant, que la plupart des crises cardiaques peuvent être évitées en adoptant un mode de vie plus sain, notamment en proscrivant la cigarette, en mangeant équilibré, en surveillant sa tension artérielle, son cholestérol et son diabète grâce à un suivi médical régulier. Maintenir un poids de forme et apprendre à gérer son stress constituent d’autres piliers de la prévention, ainsi que l'activité physique. Il est recommandé aux adultes de pratiquer chaque semaine entre 150 et 300 minutes d’exercice d’intensité modérée, comme la marche rapide ou le vélo, ou 75 à 150 minutes d’activité plus soutenue, comme la course ou la natation.
Mais que faire lorsqu’une crise cardiaque survient ? «Chaque minute compte pour sauver le muscle cardiaque», insiste le Dr Subrottee. La première réaction doit être d’appeler immédiatement les services d’urgence et de ne surtout pas tenter de se rendre seul à l’hôpital. Il est recommandé de s’asseoir, de se reposer, de desserrer ses vêtements et, si disponible, de prendre un comprimé de nitroglycérine prescrit. Mâcher un comprimé d’aspirine, à condition de ne pas y être allergique, peut aussi aider à limiter les dégâts, mais uniquement après avis du régulateur médical. La crise cardiaque est donc un ennemi silencieux mais redoutable. Apprendre à la prévenir peut littéralement sauver des vies.
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