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Prix de Poésie Edouard Maunick 2024-2025

Violences, deuil et femmes avec la poétesse Shama Abdool Rahman

15 septembre 2025

La poétesse a convaincu un jury qui a aussi apprecié d'autres poèmes tout aussi excellents, comme on a pu le constater lors de la remise du Prix mercredi dernier.

Elle raconte son enfant qui est parti, elle raconte la violence de son ancien conjoint, elle se raconte. Et surtout, elle remporte, car elle est la lauréate du Prix de Poésie Edouard Maunick 2025, qui a été décerné mercredi dernier au Château du Réduit.

Des écrits qui prennent aux tripes. C’est ainsi que l’on a découvert, mercredi dernier au Château du Réduit – en présence de l’actuel président de la République Dharam Gokhool, bien sûr –, l’art poétique de Shama Abdool Rahman, qui est la grande gagnante du Prix de Poésie Edouard Maunick 2024-2025. Son poème en plusieurs segments, intitulé Rythm of my Heart, a convaincu le jury composé de l’écrivaine Ananda Devi (présidente), de Shenaz Patel et de Kavinien Karupudayyan.

Parmi les autres textes primés, on a Kaya ek so 2 fantom d'Anas Ruhomally (qui parle du chanteur de seggae dans sa cellule avant sa mort), Konfitir Goyav de Sin de Jean Lindsay Dookhit (une incursion bien mauricienne autour de cette confiture) et Rivière d'Aqiil Gopee (une scène avec un mort à côté d’une rivière). Le thème de cette dernière édition, la cinquième, toujours organisée par Immedia, était «Rythmes», avec 136 participants et 307 poèmes en lice. La gagnante du prix a reçu un cash prize de Rs 60 000.

Et toutes ces créations portent la signature de cette jeune femme souriante, employée dans l’industrie pharmaceutique et qui écrit avec ses tripes. Une œuvre poétique qui parle, notamment, de la perte de son enfant peu après sa naissance, de la violence d’un ancien conjoint et de son cheminement pour arriver à reprendre goût à la vie après toutes ces épreuves. Le tout dans un anglais simple mais si intense. Entre Shana et la poésie, c’est une longue histoire. *«Il y a deux ans, j’avais décidé de participer à un Creative Writing Course. C’est là que j’ai eu le déclic et que j’ai su qu’il y avait des opportunités comme être publié dans la Collection Maurice d’Immedia ou participer au Prix de Poésie Edouard Maunick, organisé par Immedia également, ce qui m’a beaucoup plu. D’autant que j’écrivais beaucoup et que j’avais ce manuscrit poétique que je voulais publier à compte d’auteur par la suite. Je me suis dit pourquoi ne pas l’envoyer pour le prix. Car je pense que l’un des plus grands privilèges pour une personne qui écrit, c’est d’être lue. Et ce concours permet cela. C’était ça ma plus grande motivation pour y participer.» *

Vu tout ce lourd passé, c’était un peu normal que la poésie devienne son refuge et sa thérapie : «Oui, il y a beaucoup de vécu dans tous ces écrits, mais c’est surtout ma façon à moi de dire que mon histoire, c’est aussi l’histoire de tellement d’autres femmes, et qu’elles ne sont pas seules dans ce combat contre la violence. C’est aussi une façon de dire qu’il faut rejeter toutes les formes de violence, qu’elles soient sous un toit ou dans une guerre, comme nous le voyons en ce moment à Gaza. C’était aussi une façon pour moi de tourner la page après un deuil important», nous confie cette maman de deux enfants.  

Maintenant, place justement à des mots plus lumineux, même si la jeune femme nous parle d’un prochain poème sur Gaza, intitulé Here, There, Hear, avec aussi d’autres écrits qu’elle décrit comme plus romantiques. On attend donc de voir la publication de son poème primé très bientôt, car c'est une plume qui mérite d’être découverte par le plus grand nombre.

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