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30 mars 2015 13:59
«Je suis venu six fois à Maurice, mais je n’ai jamais donné d’interview !» C’est avec ces mots que Dany Boon nous reçoit. Souriant, détendu, c’est dans le cadre magique de l’hôtel Paradis & Golf Club, au Morne, où il est venu participer à un tournoi de golf –Pro Am Clarins –, qu’on rencontre celui qui est considéré comme le réalisateur le mieux payé en France ou l’une des personnalités préférées des Français.
Il nous invite à le suivre au bar. Entre une petite bière et quelques cacahuètes, il se prête volontiers au jeu des questions-réponses. «J’aime beaucoup être ici. On y mange bien», dit-il, précisant qu’il a aussi aimé jouer au golf sous notre ciel. «J’adore le parcours du Paradis. Je le trouve très beau et pas trop complexe. J’ai apprécié être ici. Il y a une belle plage et il a fait trop beau. Je crois que je suis arrivé la bonne semaine, car à ce qu’il paraît, le temps n’était pas fameux ces derniers temps.»
Même s’il n’a pas gagné, l’homme de cinéma, qui se cache derrière le succès de Bienvenue chez les Ch’tis et Supercondriaque, avoue avoir passé de bons moments : «On a fait les andouilles, on a rigolé. Mais tout s’est bien passé et on a gagné un prix quand même. J’ai eu l’occasion de jouer avec Raphaël Jacquelin, un joueur de golf exceptionnel. Je reviendrai avec plaisir en fonction de mon emploi du temps.»
Entre Maurice et lui, c’est toute une histoire : «Certes, j’étais là pour le tournoi de golf, mais je suis aussi venu pour passer du temps avec ma femme et mes enfants. J’aime beaucoup l’île. Ça fait longtemps que je ne suis pas venu parce que j’habitais aux États-Unis. Ma première visite remonte à 1999 ou en 1998. Le pays est magnifique : le climat, les plages… C’est tropical quoi. Même quand il pleut, j’aime bien. Ça me rappelle le Nord, sauf qu’il fait chaud ici.»
L’acteur et réalisateur ne cache pas avoir eu un coup de cœur pour les Mauriciens : «Je trouve les gens adorables et accueillants. Les gens ne sont pas serviles. On ressent un vrai plaisir et on construit de vraies relations en les côtoyant.» Est-ce qu’on peut s’attendre à un spectacle de Dany Boon à Maurice, bientôt ? : «Pourquoi pas ! Avant Les Ch’tis, il y a quelques années, on ne me connaissait pas ici. Depuis, les Mauriciens me reconnaissent. Ils sont très chaleureux avec moi. Il y a même eu quelqu’un qui m’a dit : “On s’est déjà vus non ? On n’était pas au lycée ensemble ?” Et moi, j’ai répondu : “Vous m’avez sans doute vu à la télé, dans un film !”»
Tantôt drôle avec l’humour qui lui colle à la peau, tantôt sérieux, Dany Boon se raconte et parle de ses projets, notamment de sa participation à deux films avec deux grandes maisons de production, Fox et Universal : «Je ne joue ni dans l’un ni dans l’autre. Le film avec la Fox est en suspens pour le moment, car la maison a changé de patron. Concernant celui avec Universal, on est en train de peaufiner le scénario. Je ne joue pas dedans, je suis juste co-auteur et réalisateur.»
En revanche, il sera bientôt à l’affiche d’un film anglais : «J’y joue le rôle d’un politicien français. Ce sera en septembre normalement. Mais avant, je tourne dans le film d’Yvan Attal au mois de mai avec Charlotte Gainsbourg. Je termine l’écriture de mon prochain film comme auteur, acteur, réalisateur et producteur. Le film, qui devrait être tourné début septembre, sera en français. Je n’ai pas de titre encore.»
Si, pour l’instant, il a fait une pause concernant ce projet, il compte, précise-t-il, bientôt s’y remettre : «Dès que je rentre à Londres où j’habite maintenant, je vais reprendre mon travail. C’est un film sur le raid, l’équipe d’élite, plus précisément sur la première femme du raid. C’est une comédie d’action. Je suis passionné par mon histoire, par les personnages de mon histoire et je suis dedans à fond.»
«Pas le numéro un»
Dany Boon est sur plusieurs fronts à la fois : «Je produis aussi le premier film de Jérôme Commandeur, qui se tourne au mois de juin. J’ai pas mal de choses en route. J’ai produit le court-métrage de Stéphane De Groodt et je vais également produire son film.» Même si tout lui réussit, Dany Boon reste modeste quant à ses réalisations : «Je ne regarde jamais en arrière. Je suis fier de ce que j’ai fait et de ce que j’ai accompli. Je ne me sens absolument pas comme le numéro un du cinéma français. J’ai fait le plus gros succès du cinéma français, je suis content, mais j’oublie. Et quand je serai vieux, j’emmerderai mes petits- enfants avec cette histoire.»
Jetant un regard sur la jeune génération, l’humoriste se dit confiant quant à la relève : «Je n’ai pas peur de la concurrence et j’aime bien quand les jeunes débarquent et amènent du sang neuf. C’est stimulant pour les vieilles générations comme moi. J’ai un univers assez fort et différent des autres. La concurrence ne m’inquiète pas.» Au fil de la conversation, Dany Boon se dévoile davantage : «J’aime bien aider les jeunes, leur filer un coup de pouce, financer l’écriture, produire des spectacles. J’ai produit Warren Zavatta et son film. Je finance plein de choses en développement. J’ai trouvé le moyen de perdre intelligemment mon argent.»
Depuis quelques années, il est aussi devenu un visage incontournable du paysage social en France : «Je suis parrain pour Les Enfoirés - Les restos du cœur, pour une association qui s’appelle Children Action et qui s’occupe d’enfants dans le monde entier. J’ai une fondation qui s’appelle Le Ch’ti Fonds et je reverse les produits dérivés de mes films à des associations caritatives. C’est surveillé par la fondation de France qui vérifie que l’argent est bien utilisé pour les gens dans le besoin.»
En évoquant Les restos du cœur, il ne peut pas s’empêcher de revenir sur le spectacle diffusé il y a deux semaines : «Le sketch que j’ai fait pour Les Enfoirés était aussi important pour moi que les films que j’écris. Il y a pas mal d’improvisation. Tous les jours, on ajoutait un truc. En plus, c’était pour la bonne cause. Tant mieux !»
Pour son équilibre, il mise beaucoup sur le sport : «J’aime bien le sport. J’ai d’ailleurs fait l’étape du Tour de France. Quand on a une vie comme la mienne où on voyage beaucoup, c’est important. L’année dernière, j’ai présenté mon film dans beaucoup de pays. J’étais en Chine, au Japon, dans les pays de l’Est, aux États-Unis… Avec le décalage horaire, le seul moyen de tenir, c’est le sport.»
Quand on lui demande la différence entre l’artiste et le papa qu’il est, la réponse fuse : «Il n’y a pas de différence. Les gens me voient dans la rue et viennent me parler. Ils me disent que je suis comme ils l’imaginaient. Petit à petit, ma passion, mon art, mon métier, mon écriture, mes films et mes spectacles ont envahi ma vie personnelle. Et ma vie personnelle est devenue ma vie d’artiste ! Les émotions de ma vie intime influencent mon écriture. Je suis passionné par le fait de tourner en dérision des choses graves de la vie et de réparer en faisant rire. Le rire est pour moi une réparation. Je suis une éponge et je me nourris des autres. J’aime les gens. Donc, je continuerai aussi longtemps que j’aimerai les gens. On naît seul, on meurt seul, mais on vit avec les autres. On vit mieux en ayant le souci des autres.»
«Ma famille»
Sa famille est aussi la source de son bonheur : «Je vois beaucoup mes enfants durant mes périodes d’écriture. Je suis chez moi et je peux m’occuper d’eux. J’essaie au maximum de les emmener sur les tournages, moins maintenant qu’ils grandissent. J’essaie aussi d’être pleinement avec eux en les accompagnant à l’école, au sport.»
Évoquant d’autres sujets, il dit s’inquiéter de la montée de la violence dans le monde : «Comme tous les parents, je suis inquiet pour mes enfants. Je me demande quel monde on va leur laisser. On peut faire des parallèles entre la violence, la haine et l’intolérance et les médias qui diffusent cette violence à outrance. J’ai 48 ans, mais quand j’étais enfant, on ne voyait pas une goutte de sang à la télé.»
Selon lui, l’intolérance gagne du terrain : «On est dans un monde où il y a de plus en plus d’intolérance. On ne laisse plus les gens penser par eux-mêmes, être libres de leurs droits, de leur culture, de leur religion. C’est vivre et laisser vivre, rire et laisser rire. Avoir la possibilité de se moquer, c’est important. Il faut aimer l’autre. Pour pouvoir rire et se moquer de quelqu’un, il faut l’aimer d’abord. Si on ne l’aime pas, c’est mauvais, ça devient un acte agressif, politique et raciste. Ça exclut l’autre.»
Son objectif pour les années à venir : «Continuer à faire rire et à élever le mieux possible mes enfants et continuer à être passionné.» Pour ses fans mauriciens, il n’a que des mots doux. «Merci de vos nombreux sourires et de vos compliments. Mes films passent beaucoup ici apparemment», conclut-il, en espérant vite revenir !
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