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11 avril 2016 02:34
Dans la famille Mounawah, après le frère Mike (ancien judoka, six fois champion de Maurice), on demande la sœur ! Et on voit tout de suite débarquer Michaëlla, l’allure décontractée, la tchatche facile, un large sourire, une voix pleine de vie… et un débit mitraillette qui donnent un aperçu du personnage haut en couleur qu’elle revendique.
«Je n’aime pas me prendre la tête. Dans la vie, je suis exactement comme vous me voyez dans mes vidéos», précise-t-elle d’emblée lorsque nous la rencontrons, mercredi après-midi, dans la petite boutique familiale (Mounawah Store) à Cassis. Si elle parle de vidéos, c’est parce qu’il y a deux mois, elle a commencé à tourner une série de clips, balancés ensuite sur Facebook, qui connaissent un grand succès en termes de buzz et de likes.
«J’ai actuellement à mon actif une dizaine de vidéos et l’une d’elle avoisine les 166 000 “j’aime”»,précise la jeune femme qui est très vite devenue une petite star dans sa localité. D’ailleurs, à peine était-elle sortie pour nous accueillir que les conducteurs des véhicules – du moins ceux qui l’avaient reconnue – passant à proximité de sa boutique (le lieu de tournage de ses clips) se sont mis à klaxonner.
«Je n’ai pas vraiment compris, ni mesuré l’ampleur des choses, mais les gens désormais me reconnaissent, m’interpellent et m’approchent. Le week-end dernier, j’ai été à Pereybère et à peine arrivée, plusieurs personnes m’ont accostée, pour des selfies, entres autres. Mardi dernier, il y a quelqu’un qui a fait le déplacement de Mahébourg pour venir me voir à la boutique, cela avec l’idée que je fasse une vidéo avec lui et l’aide ainsi à trouver une compagne»,nous raconte la jeune femme. Elle précise qu’elle n’a pu réaliser le désir du visiteur. «J’ai compris en lui parlant que c’était du sérieux pour lui et le concept même de mes vidéos, c’est de parler de tout et de rien avec dérision.»
Une petite présentation s’impose : «J’ai 31 ans, je suis célibataire et je donne des cours de judo à des enfants. Comme le judo est une affaire de famille, j’en ai pratiqué pendant 15 ans, j’ai participé à plusieurs compétitions et j’ai d’ailleurs décroché une médaille d’or aux jeux de la CJSOI de 2001 et une troisième place aux Championnats du Commonwealth en 2008, entre autres expériences.»C’est après ses cours du matin dans le Nord et avant de rejoindre sa mère Jeanne derrière le comptoir de la boutique pour l’aider à servir les clients que la jeune femme nous reçoit : «Je ne peux pas rester en place !»
Et quand elle n’est pas prise avec ses occupations, c’est à sa nouvelle «passion»qu’elle s’adonne. Son outil de travail : son smartphonedoré et un œil avisé qui détecte toutes les situations cocasses. Comme les aventures de son ami Milano, qui raconte ses tribulations amoureuses et autres, de Patricia qui cherche un amoureux, de Nono, d’Elvira la sorcière, de Terry, qui est parti vivre en France, ou encore de «Le pape» qui, à 70 ans, recherche une compagne de 52 ans. «Ce n’est que cette année, en janvier que je me suis inscrite sur Facebook. Je n’avais jamais éprouvé l’envie de créer un compte.»Puis, un beau matin, par curiosité, elle a intégré la grande famille Facebook : «J’ai réalisé très vite que c’était quelquefois un peu ennuyeux. Certaines discussions étaient trop sérieuses, d’autres stériles.»Elle décide alors d’y ajouter un peu de ses couleurs, un peu de sa «folie»et les commentaires et autres «shares»ont fait le reste.
Résultat : quelques minutes de conversations avec des voisins et autres personnes qui croisent son chemin, quelques questions et des délires qui font la part belle à des répliques devenues populaires et reprises depuis à toutes les sauces dans les conversations et sur les réseaux sociaux : «aret sa fi»,«a coz enn dipain cardo to rant dans loto», faisant références aux «filles faciles». Sans oublier les appellations «pleines de sous-entendus, d’amour et de tendresse»que ses «invitées» lancent à celles qu’elles ne portent pas trop dans leur cœur : les«pinez»et les «tiourel»,dont la définition varie d’une personne à l’autre. «Rien n’est planifié. Tout est fait dans la spontanéité. Je n’ai pas de questions préparées à l’avance. Je me lance tout simplement dans une conversation avec ceux et celles qui veulent se confier à moi devant ma caméra.»
C’est ainsi qu’elle rencontre Lorna qui lui raconte ses déboires, notamment à cause des «femmes» qui essayent de lui piquer son mari. «Pour vous dire, je ne connais pas Lorna et je ne l’ai plus jamais revue après. Idem pour celui qui est derrière le fameux “dipain cardo”. Je ne le connais pas. Milano est, quant à lui, un habitant de la localité. Il est “coiffeuse” et il passe souvent par la boutique», poursuit la jeune femme qui a regroupé ses vidéos sur sa page Facebook «Les délires de Michaëlla Mounawah».
Ses parents dont son père Joseph Mounawah (ancien judoka, entraîneur national pendant longtemps et médaillé d’or en judo aux Jeux des îles de 1985) et son frère Mike qui vit en Angleterre sont, dit-elle, ses premiers fans. «Michaëlla, tout comme Mike, ti touzour contan pran plezir. Dan zot sa»,confie leur mère Jeanne. Elle est encore toute surprise du buzzque suscite sa fille depuis quelque temps. «On ne s’attendait vraiment pas à ce que ses vidéos connaissent un tel succès.»
Michaëlla, de son côté, croule sous les demandes d’amis : «Je ne peux plus accepter des demandes. Je suis toutefois très contente des messages que je reçois et qui m’encouragent. J’ai participé à une émission de radio et j’ai des sollicitations des médias pour des interviews. Les gens m’écrivent de partout : d’Europe, d’Australie, etc. J’ai des propositions pour faire des clips à une échelle professionnelle. Mais je dois aussi dire qu’il y a des critiques. Mais bon, les goûts et les couleurs… On ne peut pas plaire à tout le monde ! Je prends ce qu’on me dit, je respecte et j’avance.»
Car elle ne compte pas, dit-elle, arrêter avec ses vidéos et promet de venir avec d’autres clips racontant d’autres aventures et situations cocasses. En attendant, soyez sur vos gardes car Michaëlla peut surgir à tout moment, téléphone en main, et vous lancer : «Souriez, vous êtes filmés» !
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