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Sylvette Paris Davy : Ma vie à… Bethléem

1 juillet 2014

Directrice de l’établissement scolaire depuis 35 ans, elle considère son personnel – dont certaines, des enseignantes, sont là depuis plus de 20 ans – et ses petits élèves comme les membres d’une belle et grande famille.

Chaque pan de mur raconte une histoire. Le moindre petit objet renferme un souvenir. Et plusieurs petits détails la renvoient à des anecdotes. Difficile pour Sylvette Paris Davy de résumer toutes les années passées à la barre de l’école Bethléem qui a célébré, cette semaine, ses 35 ans d’existence et a pris des allures de fête pour l’occasion. C’est à travers une messe, vendredi, que l’institution a marqué l’événement.

 

Lorsque la directrice nous reçoit dans son bureau tapissé de dessins d’enfants, à la rue Edith Cavell, à Port-Louis, entre les rires des gamins qui résonnent dans les couloirs et les auxiliaires et autres éducateurs qui vaquent à leurs occupations, elle a le ton posé, le visage souriant et les yeux qui pétillent. Car c’est un grand moment de bonheur pour Sylvette de revenir sur ce qu’elle appelle sa belle histoire d’amour avec Bethléem. Regardant autour d’elle, elle ne peut cacher sa satisfaction en parlant du chemin parcouru : «J’étais là dès les premiers coups de pioche…»

 

Au cœur de cet espace animé par l’innocence et la magie du monde des enfants, Sylvette, bien plus qu’une simple directrice, semble plutôt assumer le rôle d’une mère qui connaît les prénoms de chaque petit écolier – ils sont plus d’une centaine – sur le bout des doigts. Le geste est naturel, le discours facile, car quand il s’agit du bien-être de ses petits pensionnaires, Sylvette ne lésine pas sur les moyens : «Nous proposons une pédagogie différencié où l’enfant est placé au centre de tout.»

 

Le programme est défini pour permettre à chaque écolier d’apprendre tout court mais aussi, explique Sylvette, d’apprendre à vivre avec l’autre et aussi des valeurs comme le respect. Les petits ont aussi l’occasion de participer à des activités diverses comme les classes de psychomotricité, de promenade ou d’éveil, entre autres : «Nous considérons aussi les parents comme des partenaires privilégiés dans cette mission d’éduquer les enfants.»

 

En tout cas, Sylvette n’hésite jamais à quitter le cadre formel de son bureau pour mettre la main à la pâte, aller dans les classes, changer des couches (à la garderie) et même quelquefois faire le plein de câlins et de bisous quand un(e) petit(e) en réclame : «J’aime ce contact avec les enfants, j’aime cette relation et j’aime les voir évoluer.»

 

«Chaque petit est unique»

 

Entre elle et les enfants, c’est plus qu’un simple lien, dit-elle. Et quand elle parle d’eux, la directrice formée en France – elle est détentrice d’un diplôme en psychopédagogie de la petite enfance – les qualifie d’êtres à part entière : «Un enfant doit être traité comme un individu avec son propre dynamisme. Chaque petit est unique et il faut lui donner, selon certains paramètres, la liberté d’évoluer, de toucher, d’explorer. À Bethléem, nous participons à la construction de ce petit être et nous lui permettons de vivre comme il se doit ces moments de découverte car, ne l’oublions pas, un enfant c’est un être impulsif, émotif et projectif, il faut donc lui permettre de s’épanouir.»

 

C’est entourée de sa fidèle petite équipe tout autant dévouée qu’elle que Sylvette mène la barque Bethléem qui, au fil des années, est passée d’une à trois unités : deux crèches à l’avenue d’Estaing à Port-Louis, près du Champ de Mars, et à l’avenue Osman à Quatre-Bornes, sans oublier l’école maternelle de la rue Edith Cavell : «C’est l’esprit de famille, l’amour et beaucoup de patience et de persévérance qui ont permis ce cheminement.»

 

Si elle parle de l’évolution de Bethléem comme du projet de toute sa vie, Sylvette confie pourtant que sa vie aurait pu connaître une autre direction : «Au départ, je voulais devenir infirmière et, à un certain moment, la question de partir en Angleterre pour suivre une formation se posait.» Sylvette avait alors 20 ans et était animée, dit-elle, d’une grande envie de se mettre au service des autres. Mais au moment de prendre sa décision, il lui a fallu toutefois faire face aux réserves de sa grand-mère : «J’étais une femme et, à l’époque, les parents ne laissaient pas facilement les jeunes filles quitter la maison familiale.»

 

C’est alors qu’elle a choisi de revoir ses plans. Et comme les autres ont toujours été au cœur de toutes ses entreprises, une belle rencontre avec France Boyer de la Giroday devait l’inciter à s’intéresser à l’univers des enfants : «France travaillait alors sur son projet éducatif qui avait été validé par des professionnels, notamment des responsables de l’UNICEF, et devait très vite être mis sur les rails. Elle m’a tout de suite confié la direction et, année après année, je n’ai cessé de me donner pour cette institution dont le moteur principal, une éducation de qualité, m’a toujours guidée.»

 

À l’écouter, on peut croire que sa vie a toujours été en rose. Mais Sylvette ne cache pas qu’elle a dû se battre. Une volonté de fer – «J’ai ramé comme tous ceux qui veulent réussir», dit-elle –, la franchise, l’honnêteté et la persévérance ont ainsi rythmé sa vie. Ce sont ces valeurs que certains qualifieraient de désuètes qui l’ont aidée à se construire. C’est grâce au soutien de son époux Sylvestre que Sylvette, elle-même maman de trois enfants – Yannis, 25 ans, Anne-Kate, 23 ans, et Mitchel, 20 ans –, a pu concilier ses rôles de mère et de directrice : «Il faut juste un peu d’organisation et être passionnée…»

 

Et malgré les années qui passent, la super directrice de 60 ans, qui a vu défiler tout plein d’enfants – elle accueille d’ailleurs aujourd’hui les enfants de ses ex-élèves – continue son chemin avec mille idées en tête dont une exposition qu’elle promet pour bientôt. Elle n’arrête pas et ne veut rien changer. Elle souhaite surtout garder la cadence : celle d’une vie réglée comme du papier à musique !

 

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